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Un chèque électoral de 100 euros pour les classes moyennes pour atténuer l’impact de l’envolée des prix de l’énergie


L’étatisation ne semble plus avoir la moindre limite en France. Ainsi, les 38 millions de Français qui gagnent moins de 2.000 euros nets par mois, qu’ils aient une voiture ou pas, toucheront une indemnité de 100 euros entre décembre et février pour compenser dans leur budget le trou fait par l’envolée des prix de l’énergie.

Finalement, le gouvernement a fait le choix de la simplicité et d’une mesure généralisée et compréhensible par tous. Pour venir en aide aux Français touchés de plein fouet par l’envolée des prix de l’énergie, il n’y aura ni baisse des taxes ni chèque carburant mais une indemnité de 100 euros pour 38 millions de Français. Le Premier ministre Jean Castex a annoncé jeudi 21 octobre une mesure «qui se voit». Période électorale oblige, cette aide sera ainsi attribuée à six fois plus de personnes que le chèque énergie, distribué à près de 6 millions de ménages considérés comme les plus modestes.

«Une indemnité classe moyenne» d’année électorale

Plutôt qu’un chèque aux automobilistes, qui aurait été une «usine à gaz» de l’aveu même du Premier ministre ou une baisse de taxes, «il n’y a pas que l’essence» qui augmente», le gouvernement a trouvé une troisième voie. Elle revient à débourser 3,8 milliards pour accorder une aide à tous les Français qui gagnent moins de 2.000 euros nets par mois, qu’ils aient une voiture ou non. «Une indemnité classe moyenne» a résumé le Premier ministre.

La prime défiscalisée sera versée en une seule fois et automatiquement fin décembre pour les salariés, et entre janvier et février pour les autres catégories, comme les retraités ou indépendants, sans besoin d’aucune démarche, a expliqué Jean Castex. Seront également concernés les apprentis, étudiants boursiers et étudiants fiscalement autonomes touchant moins de 2.000 euros. L’indemnité sera versée sous différentes manières selon les statuts: pour les salariés, c’est l’entreprise qui la distribuera, pour les indépendants ce sera les Urssaf, pour les retraités, les caisses de retraite, pour les demandeurs d’emploi, ce sera Pôle Emploi et pour les agents de la fonction publique, ce sera l’État.

Pour justifier la mesure, le chef du gouvernement a mis en parallèle le montant de 100 euros et la somme calculée par le gouvernement de 80 euros en moyenne qui serait celle de la facture, en moyenne, pour les Français de la hausse des carburants sur l’année. Une somme qui correspond à une augmentation de 9 centimes par litre à la pompe sur l’année et une distance moyenne parcourue de 14.000 kilomètres. Les prix à la pompe ont encore augmenté de 2 centimes la semaine dernière, atteignant des niveaux historiquement hauts à 1,56 euro le litre pour le gazole en moyenne, et 1,62 euro pour l’essence sans-plomb.

Prix du gaz bloqué jusqu’à la fin de l’année 2022, après seulement les prix augmenteront

Egalement annoncé jeudi, le gel des prix du gaz sera prolongé jusqu’à la de l’année 2022, au lieu d’avril, «parce que la décrue des prix sera plus lente que prévu» a prévenu le Premier ministre. Selon le dispositif de lissage prévu par l’exécutif, à compter de 2023, les consommateurs paieront un peu plus cher le gaz que les cours du marché, afin que les sommes non payées en 2022 soient progressivement récupérées par les opérateurs. La nationalisation des prix de l’énergie n’aura qu’un temps. Celui des échéances électorales.

Les oppositions de droite comme de gauche, qui pour la plupart appelaient à une baisse temporaire des taxes sur l’énergie et notamment de la Taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) qui frappe les carburants à la pompe, ont critiqué l’annonce du chèque de 100 euros.

Marine Le Pen a rappelé «sa proposition de faire baisser immédiatement la TVA de 20 à 5,5% sur les carburants, mais aussi sur le gaz, le fioul domestique et l’électricité». Éric Ciotti, candidat à l’investiture Les Républicains (LR), a estimé que «la politique du chéquier grand ouvert du gouvernement le temps d’une parenthèse électorale ne règlera rien». Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat, a raillé «un nouveau chèque en bois financé par la dette».

Les écologistes, qui plaidaient pour la mise en place d’un chèque énergie, ont déploré qu’il n’y ait «aucune solution de moyen terme pour limiter la dépendance à la voiture.» «Ni juste (à 2.010 euros net on a rien) ni surtout efficace pour limiter l’augmentation du prix à la pompe» a regretté le député LFI Eric Coquerel dont le parti milite pour «bloquer les prix» des carburants. Le patron de Force ouvrière Yves Veyrier a salué une «annonce positive», mais s’est aussi inquiété que ce «coup de pouce ponctuel» repose sur «le pari que l’inflation soit temporaire».

Personne ne se pose la question de fond. Est-ce à l’Etat, piètre gestionnaires et piètre stratège dans tous les domaines industriels, de réguler maintenant à outrance l’énergie à coups de taxes toujours plus importantes, de chèques et de subventions, et de blocage des prix…

La rédaction