Transitions & Energies

Une année 2023 marquée par une baisse des prix des matières premières


Dans l’ensemble, les cours des matières premières, énergétiques, métaux et agricoles, ont été orientés à la baisse l’an dernier. Cela reflète à la fois le reflux, à la suite de la poussée inflationniste et de l’envolée des prix en 2022, et la faiblesse de la demande, notamment chinoise. Il y a eu évidemment des exceptions. L’uranium qui a bénéficié du regain d’intérêt planétaire pour l’énergie nucléaire, les métaux précieux, notamment l’or valeur refuge, le minerai de fer dopé par la volonté de relance du BTP en Chine et certains produits agricoles comme le café et surtout le cacao.

Le maintien a un niveau élevé de l’inflation et la persistance de pénuries dans certains domaines clés, notamment celui des semi-conducteurs, ont entretenu longtemps l’idée en 2023 que l’année, comme en 2022 et 2021, verrait les cours des matières premières continué de grimper. Il y avait également la crainte, ou l’espoir pour certains, que la reprise de l’économie chinoise serait forte. Il n’en a rien été. Résultat, la plupart des prix des matières premières ont baissé lors des douze derniers mois et cela est vrai aussi bien pour les énergies fossiles que pour la plupart des métaux ou des céréales. L’indice de référence Bloomberg Commodities (BCOM), qui reflète l’évolution de 24 contrats à terme sur des matières premières physiques et plus de 100 milliards de dollars d’actifs, a perdu près de 10% l’an dernier. Et l’indice Bloomberg Energy a abandonné 24% en douze mois. Les deux indices ont enregistré leur plus forte baisse depuis 2018.

Pétrole, gaz et charbon en baisse

Du côté des énergies fossiles, les cours du baril de pétrole brut WTI et Brent ont baissé pour la première fois depuis 2020 respectivement de 9,0% (à moins de 72 dollars) et 5,9% (à 77 dollars) sur l’ensemble de l’année 2023. Les produits raffinés, essence, fioul domestique, éthanol… et le charbon ont tous enregistré des pertes à deux chiffres sur douze mois. Les contrats à terme sur le gaz naturel ont chuté de 43% aux Etats-Unis pour atteindre 2,53 dollars par MMBtu (Million British thermal unit), reflétant le fait que l’offre est supérieure à la demande. La baisse a été encore plus spectaculaire en Europe où le contrat TTF a perdu 54% en revenant de 69 à 32 euros en un an. L’exception est l’uranium dont les cours ont augmenté de 89%, portés par le retour en grâce planétaire de l’énergie nucléaire !

Le krach du lithium et du nickel

Les principaux métaux de base, notamment l’aluminium, le zinc, le titane et le plomb, ont également tous reculé. Il en va de même des métaux dits critiques indispensables notamment à la fabrication des batteries comme le lithium, le nickel et le cobalt dont les cours ont fortement baissé. Après avoir atteint un sommet historique de plus de 84.000 dollars à la fin de l’année 2022, les prix du carbonate de lithium se sont effondrés à 13.650 dollars en raison d’une offre excédentaire à l’échelle mondiale. Le lithium est l’un des métaux les plus spéculatifs et la baisse des cours fait craindre paradoxalement des pénuries faute d’investissements. Il en va de même pour le nickel dont les prix ont été pratiquement divisés par deux, là encore parce que l’offre est supérieure à la demande. Le marché du nickel est confronté à un excédent de l’offre sur la demande évalué à 239.000 tonnes, le plus important depuis au moins dix ans, selon le groupe d’étude international du nickel (INSG).

Le minerai de fer, le cuivre et l’étain ont échappé à la baisse avec des gains importants pour le premier de plus de 20% sur l’année et symboliques pour les deux autres de 1 et 2%. La hausse des prix du minerai de fer est liée avant tout à la demande de l’économie chinoise réelle et anticipée. Les industriels ont dû reconstituer leurs stocks au plus bas et par ailleurs le gouvernement chinois cherche à soutenir l’activité économique du pays en relançant le BTP gros consommateur de fer. Pékin a annoncé il y a quatre mois l’octroi de financements supplémentaires pour les investissements pour un montant de mille milliards de yuans (120 milliards de dollars).

Reflux des céréales après les flambées de 2022

Les marchés des céréales ont été aussi en baisse les contrats à terme sur l’avoine étant les seuls à terminer dans le vert après avoir enregistré un très léger gain de 1,2%. Le riz a perdu près de 6% et soja et le blé ont affiché des baisses bien plus importantes de respectivement 15% et 20%. Le maïs a encore plus reculé avec une perte de près de 30%. Ce large recul est intervenu après la flambée des prix des céréales en 2022, à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Les conditions météorologiques favorables ont conduit en 2023 à une offre mondiale abondante malgré la fin de l’accord sur les exportations de céréales ukrainiennes de la mer Noire.

Les métaux précieux ont eux continué à tirer parti de leur rôle de valeur refuge contre l’inflation à commencer par l’or. Au comptant, le métal jaune a vu ses cours augmenter de 13,6% (à 2.062 dollars l’once) tandis que l’argent a gagné 1,4%. Cela dit, le platine a perdu près de 7% et le palladium a dégringolé de près de 36%. Autre exception, enfin, certaines matières premières agricoles dites exotiques comme le café, le cacao et dans une moindre mesure le sucre. Les cours du café ont gagné plus de 12% et ceux du cacao plus de 60% !

La rédaction