Transitions & Energies
Paris Wikimedia Commons

La France reste l’un des meilleurs élèves de la transition énergétique


Selon le classement annuel des performances énergétiques des pays du World Economic Forum, la France est la première grande économie du G20 devant l’Allemagne, les Etats-Unis ou le Royaume-Uni. Elle est en septième place sur 120 pays et n’est devancée que par les pays scandinaves, la Suisse et l’Islande favorisés par leur abondance de ressources hydroélectriques (géothermiques pour l’Islande). La France le doit avant tout à une production d’électricité décarbonée à plus de 90% (merci le nucléaire), à une désindustrialisation massive et a un marché automobile de pays en développement avec un parc constitué en grande majorité de petits véhicules et de diesel qui émettent relativement peu de gaz à effet de serre.

C’est le type de classement qui a le don de mettre en colère la plupart des organisations écologistes, radicales ou pas, et de rendre encore plus ridicule la condamnation de la France en 2021 lors de la fameuse «affaire du siècle».  Le tribunal administratif de Paris avait condamné les «manquements» de l’État français dans la lutte contre le réchauffement climatique après une plainte déposée par quatre ONG (Notre Affaire à tous, la Fondation Nicolas Hulot, Greenpeace France et Oxfam France)…

En tout cas, dans le classement mondial par pays des performances énergétiques rendu public il y a quelques jours par le World Economic Forum (WEF), la France est une nouvelle fois la grande économie du G20 la plus performante. Elle le doit avant tout à une production d’électricité décarbonée à plus de 90% (merci le nucléaire), à une désindustrialisation massive et a un marché automobile de pays en développement avec un parc constitué en grande majorité de petits véhicules et de diesel qui émettent relativement peu de gaz à effet de serre.

Les dix premiers du classement sont tous situés en Europe et représentent seulement 2% des émissions liées à l’énergie

Ainsi, la France est 7ème sur 120 dans le dernier classement du WEF derrière les pays scandinaves, la Suisse et l’Islande favorisés par leur abondance de ressources hydroélectriques (géothermiques pour l’Islande) et devant l’Allemagne, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et les donneurs de leçons européens que sont l’Autriche, les Pays-Bas ou le Luxembourg. Cette bonne place française est une constante dans ses classements que ce soit ceux du MIT (Massachussetts Institute of Technology) ou du WEF depuis plusieurs années. Une performance qui est en général assez peu mise en avant par la plupart des médias.

Maintenant, s’il convient de saluer la performance des pays les mieux classés, les 10 premiers sont tous situés en Europe occidentale et septentrionale et ne représentent au total que 2% des émissions de CO2 liées à l’énergie, 4% de l’approvisionnement total en énergie et 2% de la population mondiale. Cela signifie que la transition n’est pas entre leurs mains. Plus significatif, sur les 120 pays du classement, 113 ont progressé au cours de la dernière décennie, mais seuls 55 ont amélioré leur score de plus de 10 points de pourcentage.

Les dix premiers pays du classement. Source : WEF.

Les performances des pays du G20. Source : WEF.

Le classement du WEF prend en compte deux éléments, les performances énergétiques du pays et sa préparation à la transition. Il est construit autour d’un triangle illustré par l’infographie ci-dessous combinant la sécurité énergétique, l’équité et la durabilité.

Le triangle du WEF, équité, sécurité durabilité. Source : WEF.

«Les frontières de la transition énergétique mondiale ne cessent de se déplacer à mesure que les pays tentent de sortir de diverses crises sanitaires, géopolitiques et économiques. La crise multiple a contraint les pays à réaffecter leurs ressources et à mettre en œuvre des mesures pour faire face aux contraintes à court terme en matière de sécurité énergétique et d’accessibilité financière. Elle a également été l’occasion de réfléchir à l’évolution des différents aspects du «triangle de l’énergie». L’équité et l’inclusion ont évolué, passant d’un simple accès à un développement économique durable. La sécurité est passée de la garantie de l’approvisionnement à la diversification du bouquet énergétique. La durabilité inclut désormais une forme plus large d’énergie propre au-delà de la décarbonisation, tandis que la préparation à la transition exige de se concentrer davantage sur les environnements réglementaires et financiers», écrit le WEF.

Il demande, comme toutes les organisations internationales, une accélération de la transition soulignant que «la fenêtre d’opportunité pour la transition énergétique se referme rapidement. Le nombre limité de pays qui progressent simultanément sur tous les aspects du triangle de l’énergie met en évidence les défis auxquels les pays sont confrontés pour progresser sur la voie de la transition énergétique

Tout va dépendre des pays en développement les plus peuplés d’Asie, d’Amérique latine, d’Afrique et du Moyen-Orient

En conclusion, le WEF souligne que de nombreux événements environnementaux, macroéconomiques et géopolitiques survenus au cours de la dernière décennie ont affecté le système énergétique et mis en évidence la complexité de la transition énergétique. Et si le monde a accompli des progrès dans la transition vers des systèmes énergétiques à faible teneur en carbone, «ils ne se font pas au rythme nécessaire pour parvenir à des émissions nettes zéro d’ici à 2050.» La seule solution pour y parvenir est que la transition énergétique change de dimension «dans pays les plus peuplés et en développement d’Asie, d’Amérique latine, d’Afrique et du Moyen-Orient».

La rédaction