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L’Europe mobilise l’investissement privé pour créer une économie de l’hydrogène vert


L’Europe a de très grandes ambitions dans l’hydrogène vert, produit avec de l’électricité décarbonée, et entend soutenir et financer les jeunes entreprises innovantes du secteur. Elle vient de créer le European Green Hydrogen Acceleration Center (Centre européen d’accélération de l’hydrogène vert). Comme son nom l’indique, il doit permettre la naissance d’une véritable filière économique de l’hydrogène vert.

Le bras armé de l’Union Européenne dans l’innovation énergétique EIT InnoEnergy a lancé  il y a quelques jours le European Green Hydrogen Acceleration Center (Centre européen d’accélération de l’hydrogène vert). Il s’agit de mobiliser des moyens financiers, technologiques et humains pour accélérer le développement d’une filière économique de l’hydrogène vert qui pourrait représenter en Europe 100 milliards d’euros d’ici 2025 et créer 500.000 emplois.

Une technologie encore embryonnaire, mais indispensable

Rappelons que l’hydrogène vert est produit par électrolyse avec de l’électricité décarbonée et que son utilisation ensuite dans le transport, la chaleur et l’industrie lourde (sidérurgie, ciment, chimie) permet de réduire considérablement les émissions à effet de serre. Mais l’hydrogène vert est un moyen aujourd’hui très coûteux et peu efficace de stocker de l’électricité décarbonée. Cette technologie n’est aujourd’hui pas rentable, est loin d’être arrivée à maturité et les infrastructures pour son utilisation sont au mieux embryonnaires.

Mais l’hydrogène est aussi en l’état actuel de la technologie le seul carburant que l’on puisse substituer aux énergies fossiles dans de nombreux domaines d’activité. C’est pour cela qu’en Europe, l’Allemagne, la France et récemment l’Espagne ont lancé de grands projets de création de filières. En Asie, la Corée du sud, le Japon, Singapour et la Chine investissent également massivement dans l’hydrogène. Beijing a lancé la construction d’un gigantesque parc d’éoliennes et de panneaux solaires en Mongolie intérieure, pour produire de l’hydrogène. L’Australie est aussi engagée dans un grand programme de production d’hydrogène vert avec de l’électricité solaire tout comme l’Arabie Saoudite qui ambitionne de construire pour 5 milliards de dollars un gigantesque centre de production d’hydrogène vert à côté de sa cité futuriste de Neom.

Soutenir et financer les jeunes entreprises innovantes

Pour que l’Europe soit compétitive dans cette technologie et ne soit pas dépendante de l’Asie comme dans le solaire et les batteries lithium-ion, l’Union Européenne entend cette fois mobiliser des investissements et soutenir ces entreprises innovantes. InnoEnergy est conçu pour cela.

Née en 2010 de la volonté de l’Union  d’accélérer la transition énergétique, InnoEnergy bénéficie du soutien actif de l’EIT, European Institute of Technology. Son activité se décline en deux grands axes: les projets d’innovation pour les PME et les grands groupes et un accélérateur de développement pour les startups. Cet accélérateur réunit aujourd’hui plus de 230 startups européennes et s’appuie sur un réseau de plus de 400 partenaires spécialisés dans l’énergie.

«Nous allons identifier et participer à la création de projets qui vont permettre un démarrage rapide d’une économie de l’hydrogène en Europe», explique Diego Pavia, le Directeur général d’InnoEnergy. «Le centre d’accélération sera le guichet unique pour tous les projets relatifs à l’hydrogène vert», ajoute-t-il. EIT InnoEnergy veut profiter de l’engouement suscité depuis quelques mois par l’hydrogène devenu soudain à la mode pour rapprocher producteurs, consommateurs-utilisateurs et investisseurs.

L’appui du prestigieux Breakthrough Energy Ventures

EIT InnoEnergy a des moyens relativement modestes avec une capacité d’investissement de 100 millions d’euros par an et en général ne prend pas des participations supérieures à 25% dans les jeunes sociétés. Mais EIT InnEnergy a une capacité à attirer et agréger d’autres investisseurs. Ainsi, le Green Hydrogen Acceleration Center a d’ores et déjà obtenu le soutien de Breakthrough Energy Ventures, un fonds d’investissement qui réunit 28 grands investisseurs dans le monde dont Jeff Bezos, Jack Ma, Mark Zuckerberg, Richard Branson, George Soros, Michael Bloomberg… et a été créé par Bill Gates,.

Il faut dire que les ambitions dans l’hydrogène de l’Union Européenne sont colossales avec des investissements qui pourraient atteindre 470 milliards d’euros d’ici 2050. L’Allemagne a donné le ton en annonçant son intention de devenir le numéro un mondial de l’hydrogène.

La rédaction