Jusqu’où ira la dérive de la Commission européenne ? Le Nouveau pacte vert (Green new deal), présenté en grande pompe en juillet 2021 par la Présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, et son numéro deux d’alors, le très problématique commissaire néerlandais Frans Timmermans, a été le moment de gloire de l’institution européenne. Sa technocratie avait pondu des milliers de pages de réglementations, de normes, de recommandations pour faire de l’Union Européenne le soi-disant modèle mondial de la transition énergétique. On sait comment cela a tourné. C’est un modèle que personne ne veut suivre. Et le rapport Draghi, publié en septembre dernier et aussitôt enterré, a démontré pourquoi. Il souligne comment l’envolée des prix de l’énergie et le délire réglementaire ont accéléré l’appauvrissement et la désindustrialisation de l’Europe.
Mais non contente de s’être fourvoyée et d’être par construction irresponsable de ses errements, la Commission européenne a aussi utilisé l’argent des contribuables européens pour faire pression via des ONG « amies » qu’elle finançait sur les eurodéputés et les gouvernements afin qu’ils se rallient à son Nouveau pacte vert. Cela a un nom : du détournement de fonds publics. Des fonctionnaires de la Commission ont été jusqu’à orchestrer les campagnes de communication des ONG qu’ils finançaient… pour promouvoir leur folie des grandeurs.
Des contrats qui ciblaient les eurodéputés à viser
Cela devrait être un scandale majeur, un nouveau Qatargate… qu’on attend toujours. Car il s’agit d’un véritable système de « lobbying fantôme » dont le commissaire au Budget, le Polonais Piotr Serafin, a fini par admettre l’existence devant le Parlement européen. Il faut dire que les documents révélés par la commission du contrôle budgétaire sont irréfutables et accablants. On y trouve des contrats dans lesquels les ONG s’engageaient même à cibler des députés spécifiques pour les convaincre de soutenir les initiatives de Frans Timmermans. Heureusement que trois eurodéputés ont pu découvrir ses contrats en contrôlant les comptes de la Commission. Des contrats qui représentaient 15 millions d’euros rien qu’en 2024, sachant que le Nouveau pacte vert remonte à l’été 2021…
Le Bureau européen de l’environnement (EEB), une ONG basée à Bruxelles regroupant 185 associations environnementales, Friends of Earth et Climate Action Network Europe sont plus particulièrement visés. Ces structures, se présentant comme des réseaux de groupes de pression environnementaux, cumulent subventions européennes et contrats rémunérés avec l’Union Européenne, organisent de multiples événements sponsorisés par l’UE et lui fournissent à la demande des « experts ». Dont on peut mesurer la pertinence…
Les écologistes au secours de la Commission
« La Commission en est arrivée à faire pression sur elle-même en prétendant que ce sont des actions de lobbyistes indépendants », s’indigne l’Allemande Monika Hohlmeier du parti de centre droit PPE. « Des fonctionnaires de la Commission travaillaient sur les campagnes de communication de réseaux de lobbyistes qu’ils finançaient eux-mêmes », s’insurge aussi le député néerlandais Dirk Gotink du même PPE.
Sans surprise, les écologistes ont eux volé au secours de la Commission. « Le véritable scandale, c’est que seules les multinationales peuvent faire du lobbying grâce à leurs moyens colossaux », affirme sans sourciller l’écologiste française Marie Toussaint. Ce qui n’est pas vraiment le problème. Le financement (généreux) des ONG n’est pas un problème en soi. Mais son utilisation pour court-circuiter le processus démocratique européen au seul bénéfice de l’administration qui gère les financements en est un et sérieux. La Commission est une administration qui doit servir l’intérêt général européen et pas ses propres intérêts politiques et sa soif de pouvoir et de contrôle.