Transitions & Energies
Centrale nucléaire

L’énergie nucléaire est vraiment de retour


Selon l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique), la puissance installée dans le monde pourrait plus que doubler d’ici 2050 et passer de 390 à 873 gigawatts.

Il est presque sans précédent pour une source d’énergie de connaître le déclin et puis un retour en grâce. C’est pourtant ce qui est en train d’arriver au nucléaire. Il était considéré dans les années 1970 comme la source d’énergie de l’avenir. Il devait supplanter en quelques décennies le charbon pour la production électrique. Il n’en a rien été… sauf en France.

Parce que l’atome fait peur et surtout parce que les accidents de Three Mile Island (1979) aux États-Unis et surtout de Tchernobyl (1986), dans ce qui était alors l’URSS, ont donné raison aux adversaires du nucléaire. Tous les grands programmes de construction de centrales ont été arrêtés dans le monde occidental. Et vingt-cinq ans plus tard, l’accident de Fukushima au Japon en 2011 a scellé l’abandon de cette énergie et l’arrêt des réacteurs en service.

Le nucléaire, c’est 10% de l’électricité mondiale et le charbon 37%

Jusqu’à ce que la nécessité de décarbonation de la production électrique, les limites physiques des renouvelables et une perception plus juste de la réalité des risques nucléaires changent la donne en quelques années, voire quelques mois. Voilà pourquoi l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a relevé ses projections de production nucléaire dans les prochaines décennies pour la seconde année consécutive.

Sous l’impact de la crise énergétique et climatique, «les gouvernements repensent leurs portefeuilles en faveur de l’énergie nucléaire», souligne l’AIEA qui dépend de l’ONU. Dans le scénario le plus favorable à ses yeux, l’AIEA prévoit plus du doublement de la puissance installée, qui atteindrait 873 gigawatts dans le monde en 2050 contre 390 GW actuellement. Elle misait auparavant sur 792 GW.

Mais «pour y parvenir, il faut surmonter de nombreux défis», prévient l’Agence à commencer par «l’harmonisation réglementaire et industrielle». Elle évoque aussi la nécessité de faire «des progrès dans la gestion des déchets radioactifs de haute activité».

L’énergie nucléaire fournit aujourd’hui environ 10% de l’électricité mondiale, contre 37% pour le charbon, «source d’énergie dominante». Ses partisans soulignent qu’il s’agit d’une source d’énergie très peu émettrice de CO2 et pilotable, c’est-à-dire qui peut être mobilisée en fonction des besoins, à l’inverse du vent ou du soleil.

De nombreux pays ont changé d’avis en quelques mois

Cela explique que plusieurs pays qui avaient renoncé au nucléaire ont changé d’avis et d’autres comme la France ont décidé, après avoir annoncé la fermeture de nombreux réacteurs, d’en construire de nouveaux. Le Royaume-Uni va faire de même.

Aux Etats-Unis, la loi sur le financement de la transition énergétique votée en août par le Congrès et baptisée «Inflation Reduction Act» accorde des crédits d’impôts et des financements préférentiels à la construction de nouveaux réacteurs.

Même le Japon, en dépit de Fukushima, a annoncé le lancement d’une réflexion sur la construction éventuelle de réacteurs nucléaires de nouvelle génération. En Europe, des pays historiquement hostiles au nucléaire comme les Pays-Bas et l’Italie ont changé d’avis.

D’autres pays sur le chemin du désengagement ont eux fait volte-face, à l’image de la Belgique qui veut prolonger le fonctionnement de deux réacteurs de dix ans. Même l’Allemagne, berceau de l’écologie politique anti-nucléaire et qui a les Verts dans sa coalition au pouvoir, va maintenir en veille deux réacteurs qui auraient dû être arrêtés avant la fin de l’année jusqu’au printemps 2023 pour faire face à d’éventuelles urgences.

 

La rédaction