<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Les pays d’Europe du Nord ont commencé à régler le problème de l’enfouissement des déchets nucléaires

11 juin 2025

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Les pays d’Europe du Nord ont commencé à régler le problème de l’enfouissement des déchets nucléaires

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La Suède, la Finlande et la Norvège ont lancé les travaux de construction d’installations d’enfouissement des déchets nucléaires les plus radioactifs et donc les plus dangereux offrant des garanties de sécurité pour plusieurs dizaines de milliers d’année. Ils pourraient être les premiers pays à enfouir des déchets nucléaires de façon permanente. Les schémas techniques retenus dans les trois pays sont similaires : une décharge géologique profonde dans un sous-sol rocheux à 400-500 mètres de profondeur.

La question du retraitement et du stockage des déchets nucléaires est la plus essentielle pour assurer l’avenir de l’énergie nucléaire et vaincre les réticences sur la reprise de son développement. D’autant plus, que la solution technique permettant d’incinérer une bonne partie des déchets, via les réacteurs à neutrons rapides de quatrième génération, a été sabotée délibérément par les mouvements écologistes pour ne pas faire disparaître l’un des principaux arguments contre le nucléaire. En France, qui possédait une réelle avance sur la technologie à neutrons rapides, Lionel Jospin et Dominique Voynet dans un premier temps et 20 ans plus tard Emmanuel Macron et Nicolas Hulot, ont eu raison de cette technologie en faisant fermer Superphenix pour les premiers et en abandonnant le projet Astrid pour les seconds.

Il faut donc stocker de la façon la plus sûre et sur le très très long terme les déchets. L’Europe du Nord semble montrer l’exemple avec des projets d’enfouissement qui avancent bien plus vite que dans les autres pays et notamment qu’en France avec le projet Cigeo de site d’enfouissement à Bure en Haute-Marne.

Trois types de déchets nucléaires

Il existe grossièrement trois types de déchets nucléaires : les déchets faiblement, moyennement et hautement radioactifs. L’Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs) à un classement plus sophistiqué incluant les durées de vie des déchets qui comporte six catégories.

La plupart des déchets produits dans les centrales nucléaires sont des objets légèrement contaminés, tels que des outils et des vêtements de travail. A l’opposé, les déchets de haute activité sont constitués de combustibles usés. Ils représentent environ 2,5% du volume total des déchets issus de la production d’énergie nucléaire bien qu’ils contiennent 95% de la radioactivité. C’est eux qui sont utilisés dans les réacteurs à neutrons rapides.

Les centrales nucléaires produisent en fait peu de déchets par rapport à d’autres sources d’énergie, car le combustible nucléaire est très dense en énergie. Une centrale nucléaire typique de 1 GW, qui peut fournir de l’électricité à plus d’un million de personnes par an, produit trois mètres cubes de déchets vitrifiés de haute activité par an.

Dangereux pour la santé humaine

Cela dit, les déchets nucléaires sont dangereux pour la santé humaine s’ils ne sont pas correctement éliminés parce que ceux qui sont hautement radioactifs le sont pour des milliers d’années. L’Association nucléaire mondiale estime que l’industrie nucléaire produit environ 300.000 tonnes de déchets nucléaires par an, la plupart d’entre eux se trouvant dans des bassins de refroidissement à proximité des réacteurs où ils ont été utilisés.

Après des années de recherche de solutions potentielles, trois pays scandinaves – la Suède, la Finlande et la Norvège – pensent avoir la bonne réponse au problème des déchets. En janvier, la Suède a lancé la construction d’un dépôt pour le stockage à long terme du combustible nucléaire usé à Söderviken, près de la centrale nucléaire de Forsmark. La société suédoise de gestion du combustible et des déchets nucléaires (SKB) a obtenu en octobre dernier le permis de construire et d’exploiter l’installation. La SKB s’attend à ce que l’industrie nucléaire couvre le coût du dépôt qui s’élève à 1,08 milliard de dollars.

En toute sécurité pendant 100.000 ans

Selon les prévisions, 12.000 tonnes de déchets nucléaires pourraient être stockées dans la roche du dépôt, à une profondeur de 500 mètres. Le combustible usé sera enfermé dans des capsules de cuivre anticorrosion de 5 mètres de long, avant d’être entouré d’argile et enfoui. L’installation s’étendra sur environ 24 hectares et comprendra plusieurs bâtiments et un stock de roches. Elle devrait pouvoir contenir les déchets en toute sécurité pendant 100.000 ans. La SKB espère commencer à accepter les déchets à la fin des années 2030, même si l’installation ne sera pas totalement achevée avant 2080, date à laquelle les tunnels seront scellés.

La Finlande a lancé un projet similaire sur sa côte ouest, à environ trois heures d’Helsinki. La première usine d’encapsulation du pays, Onkalo, recevra les déchets nucléaires des cinq réacteurs nucléaires finlandais. L’entreprise finlandaise Posiva Oy, créée en 1995 par deux exploitants nucléaires pour trouver un moyen de stocker le combustible usé, développe l’installation. Le combustible usé devrait être enfoui dans la roche à une profondeur d’environ 430 mètres.

En mars, cinq conteneurs d’essai remplis de matières non radioactives ont été scellés dans une installation en surface avant d’être déplacés sous terre pour être stockés dans un tunnel souterrain de 70 mètres de long. À ce jour, Posiva Oy a investi environ 1 milliard de dollars dans le projet et prévoit que les coûts s’élèveront à 4,5 milliards de dollars une fois le projet achevé.

Entre-temps, en avril, un groupe d’experts nucléaires norvégiens a recommandé que le pays construise un site d’enfouissement géologique profond pour les déchets de haute activité et un site d’enfouissement géologique moyennement profond pour les déchets de faible et moyenne activité. Le groupe norvégien sur le déclassement nucléaire (NND) a été créé en 2018 pour définir les moyens d’éliminer en toute sécurité le combustible nucléaire usé.

Il est parvenu à la conclusion que la meilleure solution serait de développer une décharge géologique profonde dans un sous-sol rocheux à 400-500 mètres de profondeur, similaire à ceux développés en Finlande et en Suède. Pour les déchets de faible et moyenne activité, le groupe a recommandé que la Norvège développe un dépôt géologique de profondeur moyenne, tel qu’une voûte ou un silo rocheux à 100 ou 200 mètres de profondeur, comme en Slovénie et en Corée du Sud.

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