Transitions & Energies

Le plus grand gisement de lithium au monde découvert aux Etats-Unis sous un supervolcan


La découverte dans le sous-sol américain d’un gisement colossal pourrait totalement changer la donne de l’approvisionnement en lithium, métal dit critique indispensable à la transition énergétique et à la fabrication des batteries. Sa production et plus encore son raffinement sont aujourd’hui contrôlés par l’industrie chinoise et selon de nombreuses projections, d’ici 2030 le risque de pénurie est important. Mais c’était avant la découverte au fond d’un supervolcan à la frontière entre les Etats de Oregon et du Nevada d’un gisement de plus de 100 millions de tonnes dont l’exploitation aurait un impact considérable sur les prix, la sécurité d’approvisionnement et la géopolitique du lithium.

Le lithium est peut-être le plus emblématique et le plus connu aujourd’hui de ses fameux matériaux critiques indispensables à la transition énergétique et plus particulièrement à la fabrication des batteries. Il en faut 15 kilos dans une batterie de 400 kilos lithium-ion d’une technologie classique qui équipe un véhicule électrique moyen et pour obtenir cette quantité il faut traiter 10 tonnes de saumure de lithium…

Facteur aggravant, la Chine a fait main basse sur la production et plus encore le raffinementdu métal blanc. Selon Bloomberg New Energy Finance (NEF), la Chine raffine aujourd’hui sur son sol 60% du lithium mondial, contrôle 77% des capacités de production de cellules de batterie et 60% de la fabrication mondiale des composants de batteries. Sur les 200 méga-usines de batteries en projet d’ici 2030, pas moins de 148 se trouvent en Chine.

Un risque de pénurie dès 2025

Et en plus il n’y aura pas assez de lithium pour accompagner la demande de batteries appelée à exploser en parallèle avec les parts de marché des véhicules électriques. Pour l’Agence internationale de l’énergie (AIE), le monde pourrait ainsi faire face à des pénuries de lithium d’ici 2025. En 2021 et 2022, la demande a déjà été supérieure à l’offre en dépit de l’augmentation de 180% de la production depuis 2017.

En fait le lithium, le métal le plus léger existant, n’est pas vraiment rare. Mais son exploitation est exigeante. Parce que ce métal est très réactif au contact de l’air, il n’existe que quand il est enfermé et protégé dans une gangue d’autres matériaux. Ainsi, il est enfoui profondément dans la croûte terrestre. Cela signifie que pour l’extraire, il faut des mines importantes dont l’exploitation est coûteuse et qui nécessitent des investissements de long terme qui n’ont pas toujours été rentables au cours des dernières années. Il y aujourd’hui 45 mines de lithium dans le monde, 11 doivent ouvrir cette année et 7 en 2024. Ce sont des développements importants mais jugés insuffisants pour répondre aux besoins.

Un supervolcan nommé caldeira McDermitt

Mais cela c’était avant… Avant qu’aux Etats-Unis des scientifiques de Lithium Americas, de GNS Science et de l’université d’État de l’Oregon publient une étude dans la revue Science Advance et annoncent avoir découvert le plus grand gisement de lithium au monde à l’intérieur d’un très vieux volcan éteint. Ce dernier aurait explosé il y a environ 16 millions d’années concentrant une importante quantité de ce métal dans une gangue de roche volcanique. Le supervolcan nommé caldeira McDermitt, qui mesure 45 kilomètres de long et 35 kilomètres de large, se trouve à la frontière des Etats du Nevada et de l’Oregon. Il contiendrait plus de 100 millions de tonnes de lithium. De quoi répondre à la demande mondiale de batteries pendant des décennies. Elle est estimée à 1 millions de tonnes par an d’ici 2040, soit huit fois la production actuelle. Et pour donner un ordre d’idée, le plus grand gisement actuel se trouve en Bolivie et possède 21 millions de tonnes.

Commentant l’annonce de la découverte aux Etats-Unis, Anouk Borst, géologue à l’université KU Leuven en Belgique, a expliqué à Chemistry World que le gisement « pourrait changer la dynamique du lithium au niveau mondial, en termes de prix, de sécurité des approvisionnements et de géopolitique ». Thomas Benson, géologue de Lithium Americas et coauteur de l’étude publiée dans Science Advance, estime que l’exploitation minière dans la caldeira McDermitt pourrait commencer au début de 2026. A condition que l’exploitation minière sur le site surmonte des obstacles techniques et politiques. Elle est d’ores et déjà contestée par des Amérindiens pour qui la région du supervolcan est sacrée.

La rédaction