Transitions & Energies

Grâce aux LEDs, la transition énergétique de l’éclairage est d’ores et déjà un succès


Les besoins en éclairage ne cessent d’augmenter dans le monde et la consommation d’énergie nécessaire pour les satisfaire ne cesse de baisser. Des gains rapides d’efficacité énergétique ont fait que l’éclairage domestique représente une part de plus en plus faible de la consommation mondiale d’électricité. On peut avoir plus avec moins, le modèle d’une transition énergétique à la fois efficace et acceptable par les populations.

Cela fait partie des informations montrant que la transition énergétique est non seulement possible mais est en cours et qu’illustre un article approfondi de l’agence Bloomberg. Evidemment, ce genre d’informations fait beaucoup moins recette que les prévisions catastrophiques et les scénarios apocalyptiques. Dans ce domaine, le plus effrayant est que le délire a gagné les plus grandes institutions internationales à l’image de l’ONU dont le secrétaire général des Nations unies a qualifié les vagues de chaleur et canicules de l’été « d’ébullition planétaire ». On sera ainsi passé en quelques mois de « réchauffement climatique » à « changement climatique » puis « crise climatique » et enfin « ébullition planétaire ».

La peur n’éviter pas le danger

Pas étonnant si l’angoisse climatique s’est répandue comme une traînée de poudre, notamment dans les jeunes générations, au point parfois de leur faire perdre tout sens des réalités et des menaces réelles pour l’humanité. Non pas qu’elles n’existent pas, mais qu’il est tout à fait possible d’y faire face et que la peur d’évite pas le danger.

Pour en revenir à l’éclairage et la consommation d’énergie qu’il nécessite, le mois dernier le gouvernement fédéral américain a fait entrer en vigueur une nouvelle réglementation qui contraint les éclairages à fournir au moins 45 lumens par watt d’électricité consommée. Il ne s’agit pas d’une obligation de ne plus utiliser les ampoules à incandescence, mais cela revient au même. Ces dernières sont incapables de parvenir à une telle efficacité.

Cette nouvelle règle n’est pas non plus particulièrement contraignante puisqu’elle est très inférieure à l’efficacité des ampoules à LEDs (diodes électrolumiscentes) qui est neuf fois plus grande que celle des ampoules à incandescence. Et la révolution des LEDs est une trainée de poudre, planétaire et rapide. En 2010, les LEDs représentaient à peine plus de 1% des ventes mondiales d’éclairage; l’année dernière, elles en représentaient plus de 50%!

Le paradoxe de Jevons

Les LEDs bon marché et durables constituent ainsi le dernier chapitre de l’extraordinaire baisse des coûts d’éclairage depuis le Moyen Âge. Le site Our World in Data présente une analyse approfondie du coût de l’éclairage au Royaume-Uni cours des sept derniers siècles. Il montre qu’il a chuté de 99,9% depuis 1300, tandis que l’efficacité de l’éclairage a été multipliée par 1.000 depuis 1700 !

Nous ne mesurons plus ou pas l’abondance de lumière dont nous disposons aujourd’hui dans les pays développés. Dans son livre At Home : A Short History of Private Life (À la maison : une brève histoire de la vie privée), l’auteur Bill Bryson souligne qu’une personne qui ouvre son réfrigérateur la nuit reçoit plus de lumière qu’une personne moyenne n’en aurait eu dans toute sa maison il y a quelques siècles…

L’éclairage est un excellent exemple du fameux paradoxe de Jevons. Il veut que lorsqu’un bien ou un service devient moins cher, les gens en consomment davantage. Ainsi, plus le lumen est bon marché, plus nous en utilisons. Mais tout cela évidemment dans certaines limites. Nous n’allumons pas des lampes toute la nuit simplement parce qu’elles sont bon marché, et nous ne triplons pas l’éclairage d’un espace déjà bien éclairé parce qu’il coûte un tiers de ce qu’il coûtait auparavant.

Et cela explique pourquoi la rupture technologique apportées par les LEDs a un tel impact. Aux Etats-Unis, la consommation d’énergie des ménages pour l’éclairage a ainsi diminué de moitié en moins de dix ans. Selon l’Energy Information Administration, les ménages américains consomment aujourd’hui plus d’électricité pour les réfrigérateurs que pour l’éclairage, et à peu près la même quantité pour l’éclairage que pour le séchage du linge. Nous sommes en plein paradoxe de Jevons: les Américains consomment de plus en plus de lumens à mesure que la population augmente, mais ils le font avec de moins en moins d’énergie. Et cela est vrai pour un nombre de pays de plus en plus important à commencer par les pays développés.

Ainsi, la consommation mondiale d’énergie pour l’éclairage n’a pas atteint son maximum, mais elle augmente lentement, d’environ 1% par an entre 2010 et 2017. Et plus significatif encore, la part de l’éclairage dans la consommation totale d’électricité est passée de plus d’un quart à un peu plus de 10%. Ce faisant, la part de l’éclairage dans la consommation mondiale d’électricité est devenue plus faible que celle du refroidissement, et même du chauffage à basse température.

Eclairage, chauffage à basse température et refroidissement, part de la consommation mondiale d’électricité

Eclairage (vert), Refroidissement (gris), chauffage basse température (noir). Source: Pinto, Henriques et al (2023).

Et de toute façon comme il n’y a aucune raison pour que la croissance de l’éclairage par LEDs cesse, la consommation mondiale d’électricité pour l’éclairage devrait rapidement se stabiliser et même diminuer. Une hypothèse d’autant plus vraisemblable que l’efficacité énergétique des LEDs continue à s’améliorer. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), les LEDs sont désormais plus efficaces que les ampoules fluorescentes linéaires que l’on trouve dans les espaces commerciaux et les bureaux.

Dans les calculs de l’AIE, pour que l’éclairage contribue à la réalisation de son scénario dit « Net Zero » émissions, l’efficacité des LEDs devra encore progresser d’environ 30% d’ici à 2030. Cela semble pour une fois assez réaliste. Parce que les ampoules actuellement sur le marché sont déjà plus efficaces que ce que l’AIE anticipe. On trouve, par exemple, dans l’enseigne IKEA une ampoule LED de 450 lumens qui consomme 3,3 watts d’électricité, soit plus de 130 lumens par watt. Philips a développé un prototype d’ampoule de 200 lumens par watt il y a dix ans.

Et puis les LEDs sont capables maintenant de s’adapter aux humains. Les premières avaient des effets néfastes sur la santé humaine en raison de la prépondérance de la lumière bleue. Cette dernière interfère avec les rythmes circadiens (de sommeil). Mais les LEDs d’aujourd’hui sont capables de fournir une lumière plus chaude imitant la lumière des bougies et qui nous convient bien mieux.

La rédaction