Transitions & Energies

Les pays en développement et le coût économique et social de la transition


Un rapport de l’OCDE (l’Organisation de coopération et de développement économiques) sur ses scénarios économiques à long terme montre que la croissance des pays émergents va davantage être affectée que celle des pays développés par la transition énergétique. Cela est lié notamment à leur plus forte dépendance aux combustibles fossiles nécessaires pour alimenter leur croissance et leurs besoins sociaux à court et moyen terme.

Le problème majeur de la transition énergétique est celui de l’opposition entre fin du mois et fin du monde qui est apparu en France de façon éclatante lors du mouvement des Gilets Jaunes il y a cinq ans. C’est-à-dire de l’impact logiquement plus important sur les populations les plus modestes du renchérissement inéluctable et en cours des coûts de l’énergie. Et d’ailleurs, sous des formes différentes, l’opposition populaire et populiste aux stratégies de transition énergétique s’est manifestée politiquement et bruyamment au cours des dernières années dans de nombreux pays développés, des Pays-Bas au Canada en passant par l’Allemagne ou les Etats-Unis.

Mais il existe une autre division, géopolitique et géographique, entre fin du mois et fin du monde, cette fois-ci entre les pays et les continents dits développés et ceux en développement. La réticence du Sud global à accepter les contraintes pesant sur son développement du fait de la transition et plus particulièrement l’abandon des énergies fossiles en quelques décennies est une réalité grandissante. Les engagements non contraignants pris à l’issue de la COP28 n’y changeront rien.

Un rapport de l’OCDE

Ce problème est parfaitement illustré par un rapport de l’OCDE (l’Organisation de coopération et de développement économiques) publié le 14 décembre et présentant ses scénarios économiques à long terme. Il montre que la croissance des pays émergents va davantage pâtir à long terme que celle des pays développés de la transition énergétique, du fait notamment de leur plus forte dépendance aux combustibles fossiles. Ainsi, selon l’OCDE, la transition pourrait coûter jusqu’à 11% de PIB d’ici 2050 aux pays émergents membres du G20 contre 3,7% pour les pays riches appartenant l’OCDE.

Cette différence s’explique par les besoins importants en énergie de pays émergents indispensables pour alimenter leur croissance et leurs impératifs sociaux et qui ne peuvent être satisfaits, à court et moyen terme, que par les énergies fossiles. L’OCDE a construit ses scénarios sur une élimination du charbon d’ici à 2050 et une réduction de la part du pétrole et du gaz à respectivement 5% et 10% du mix énergétique de chaque pays, afin de respecter l’objectif de limitation du réchauffement climatique à 1,5 degré Celsius.

Des efforts d’investissements en proportion plus importants pour les pays en développement

Plus largement, la croissance mondiale va mécaniquement être affectée par les efforts nécessaires de transition climatique, constate l’OCDE. Elle devrait être amputée de 0,2 point de pourcentage par an à partir du début de l’accélération de la transition, soit entre 2025 et 2030, avant de coûter encore davantage, 0,6 point à l’horizon 2045-2050. Une des raisons mises en avant est que la forte augmentation de l’investissement nécessaire à la transition énergétique sera financée par une augmentation de la fiscalité et des prix ce qui aura un impact sur la consommation privée. Pour respecter les objectifs climatiques internationaux, les efforts d’investissements devraient représenter selon l’institution 1% du PIB en moyenne par an des pays de l’OCDE et 2,5% pour les pays émergents à partir de 2025.

La rédaction