Transitions & Energies
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Les livres qu’il faut lire cet été sur la transition énergétique


Il est nécessaire de se passer progressivement des énergies fossiles pour des raisons climatiques, de souveraineté et de raréfaction des ressources. Mais il est impossible de le faire n’importe comment. Il ne faut pas tomber dans le piège des solutions simplistes et radicales des prophètes de l’apocalypse et des idéologues crypto-marxistes qui au nom de la nature ont surtout pour objectif de détruire le capitalisme. Voilà une liste de quelques livres, parfois polémiques, qui ont un mérite, échapper au manichéisme et au simplisme ambiant sur les questions d’énergies. Le principal problème de la transition énergétique, ce sont pour paraphraser «le penseur de l’énergie», le célèbre universitaire Vaclav Smil, «les armées d’experts instantanés» et les tombereaux d’études douteuses publiées chaque année et reprises à l’unisson par les médias.

Dans le domaine de la transition énergétique, être pessimiste ou optimiste n’a pas beaucoup de sens. Il s’agit de régler un problème d’ingénierie d’une échelle sans précédent, substituer progressivement des sources d’énergies moins carbonées aux 10 milliards de tonnes de carburants fossiles (pétrole, gaz, charbon) consommés sur terre chaque année. Pour cela, il faut adopter et suivre une démarche scientifique et réaliste. Les incantations, les injonctions et le bourrage de crâne millénariste sur la fin du monde n’y changeront rien. Malheureusement, partout où l’on se tourne, on rencontre la pensée de bavards influents. Ce sont soit des écologistes étourdis qui insistent sur le fait que le réchauffement climatique peut être facilement résolu, soit des catastrophistes qui prédisent un retour à l’âge de pierre alors que l’extraction de pétrole culmine, soit des optimistes béats qui croient aux miracles de la technologie. Voilà quelques livres qui peuvent aider à se construire une opinion plus solidement étayée.

La grande mode de la collapsologie

La doxa verte voit tout en noir de façon quasi dépressive. Pour être encore plus clair, dans «Les écolos nous mentent», Jean de Kervasdoué a montré comment les gourous survoltés profitent de leur position médiatique pour imposer leurs croyances. La France va manquer d’eau, le traitement des déchets urbains et les OGM sont dangereux, le diésel pollue plus que l’essence, la pollution atmosphérique provoque 48.000 décès par an, la viande rouge est cancérigène…

La fin imminente de la «civilisation fossile» est prévue très sérieusement par Jeremy Rifkin  dans son livre «Le New Deal vert mondial Pourquoi la civilisation fossile va s’effondrer d’ici 2028». Malgré l’effondrement de la bulle carbone le prospectiviste américain reste optimiste car il a un plan économique pour sauver la vie sur terre.  Il croit à une nouvelle phase du capitalisme qui va découler de la convergence entre les énergies vertes et les technologies numériques. Ce n’est pas la civilisation occidentale qui risque de s’effondrer mais celle des carburants fossiles. Le pétrole, le gaz et le charbon auront été remplacés par le solaire et l’éolien dans un contexte où le marché jouera le rôle d’ange gardien de l’humanité…

Des civilisations brillantes se sont déjà effondrées brutalement après plusieurs siècles d’existence. Toutes avaient infligé des dégâts irréversibles à leur environnement. Jared Diamond professeur de géographie à l’université de Los Angeles, dans son livre  «Effondrement. Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie» explique la chute des civilisations anciennes et traditionnelles. Dans le Yucatan, au Groenland, sur l’île de Pâques et ailleurs, le changement climatique n’a pas été pas l’unique péril. Les nations qui ont disparu par inconscience court termiste après avoir épuisé les ressources naturelles de leurs territoires ont été rares et isolées. La raréfaction des ressources, et les inégalités ont formé avec le climat un faisceau de risques. Le titre américain du livre était «Collapse». En dehors de la menace d’une guerre nucléaire, Jared Diamond ne pense pas que la disparition des sociétés modernes soit aujourd’hui inévitable.

Le pire n’est jamais certains si on lit le livre de Steven  Koonin «Unsettled: What Climate Science Tells Us, What It Doesn’t, and Why It Matters», Aujourd’hui, l’un des scientifiques américains les plus éminents est en train de dissiper le brouillard pour expliquer ce que la science dit vraiment (et ne dit pas) sur notre climat. Les questions fondamentales sur la façon dont le climat réagit à notre influence et quels seront les impacts restent largement sans réponses. Ilexplique comment des alternatives comme l’adaptation et, si nécessaire, la géo-ingénierie pourraient assurer la prospérité de l’humanité. Le climat change, mais le pourquoi et le comment ne sont pas aussi clairs. Malgré une augmentation spectaculaire des émissions de gaz à effet de serre, les températures mondiales ont en fait diminué de 1940 à 1970. De plus, les modèles que nous utilisons pour prédire l’avenir sont profondément défectueux. Ils ne sont même pas en mesure de décrire avec précision l’évolution des changements de climat du passé.

Les partisans d’un nouveau monde vert qui nous décrivent un passage quasi instantané des combustibles fossiles abominables polluants à une électricité solaire supérieure verte et toujours renouvelable sont brocardés par Vaclav Smil dans son livre «How the world really works«. Le professeur Smil, d’origine tchèque, a tenté de mettre les choses au clair dans bon nombre des plus de 40 livres et quelque 500 articles qu’il a publiés au cours d’une carrière passée en grande partie à l’Université du Manitoba. Un des surnoms qui lui a été donné est celui de «tueur de conneries». Il rappelle que «les quatre piliers matériels de la civilisation moderne» sont l’acier, l’ammoniac, le ciment et les plastiques. À l’heure actuelle, il n’existe aucun moyen largement disponible à l’échelle commerciale pour fabriquer ces matériaux uniquement avec de l’électricité, aussi verte soit-elle. Les combustibles fossiles sont également d’une importance existentielle en ce qui concerne les produits agrochimiques et les engrais synthétiques utilisés dans le système alimentaire mondial. Son livre mérite vraiment d’être lu.

Les prévisions apocalyptiques ont toujours été démenties

Depuis des décennies toutes les annonces d’apocalypse ont été démenties. La température de l’atmosphère s’élèvera de 9°c durant le prochain demi siècle (Science et Vie numéro 633 01/04/1970). La banquise est en chute libre. Elle pourrait avoir disparu l’été dans 7 ans seulement (Al Gore prix Nobel de la paix Oslo 01/12/2007). François Gervais dans son livre « Merci au CO2. Impact climatique et conséquences. Quelques points de repère » montre que la température moyenne de la planète a augmenté de 1°c depuis le début du XXème siècle et que la majeure partie de cette hausse (0,6%) est intervenue entre 1910 et 1945. Le lien entre CO2 et la température moyenne est donc moins évident qu’on ne le dit. Par contre le marché de la peur, de l’effondrisme, de la collapsologie est florissant…Dans « Impassses climatiques. Les contradictions du discours alarmiste sur le climat » il commente le fait que le GIEC suivi par les ONG et les médias a décidé que les pays développés devaient renoncer aux énergies fossiles d’ici 2050. Le coût de ce «great reset» est estimé à 100 000 Md€. François Gervais pense que cette «remise à zéro» est scientifiquement infondée et surtout catastrophique pour l’homme et en particulier pour les plus pauvres. Il expose les très graves contradictions que véhicule le discours alarmiste actuel  sur le climat.

Le rapporteur du GIEC, en 2011 a dit que l’humanité pourrait se passer d’énergie fossile en 2050. Christian Gerondeau dans son livre «Les douze mensonges du GIEC. La religion écologique 2» rappelle qu’en novembre 2021 à Glasgow, les gouvernements indiens et chinois ont clairement dit qu’ils ne renonceraient pas aux énergies fossiles dans un futur proche. Tout simplement car ils savent qu’on leur ment. L’auteur du rapport était un écologiste allemand rémunéré par l’industrie photovoltaïque! les dirigeants français ont cédé comme souvent dans ce domaine devant les absurdités venues d’outre Rhin.

Jean de Kervasdoué avait expliqué  en 2014 à l’intention de ses amis de gauche dans son livre  «Ils ont perdu la raison» que si les entreprises privées réussissent, c’est parce qu’elles imaginent, essayent, testent et ne se développent que si elles répondent à une demande. Il y a toujours des milliers de tentatives, d’échecs, d’ajustement derrière tout succès commercial, tout le contraire de ce que font les gouvernements qui dans des textes réglementaires simplifient par essence le monde sur lequel ils sont censés agir…

Dans «Ils croient que la nature est bonne » il a ensuite bien expliqué l’obscurantisme écolo-bobo-bio: il y a d’un côté le «bien» avec ses mots vertueux: écologie, environnement, éolienne, lanceur d’alerte, santé et leurs qualificatifs tout aussi positifs: vert, naturel, durable, circulaire, biodynamique, biologique, photovoltaïque, recyclable, économe, local, associatif, decentralisé. De l’autre il y a le mal: charbon, pesticides, OGM, nucléaire, pollution, croissance, climato-sceptiques, et des qualificatifs négatifs: polluant, dangereux, intensif, capitaliste, industriel, cancérigène, corrompu…

Jean Philippe Delsol  dans un article du Figaro intitulé «Climat: l’argument rêvé pour les partisans de l’étatisme»  montre très bien comment au nom du réchauffement climatique , les partisans de l’étatisme et du dirigisme justifient une fiscalité vertigineuse, des réglementations toujours plus contraignantes et l’emprise croissante de la sphère publique. Ils utilisent le principe de précaution pour embrigader l’humanité et engager des dépenses souvent inutiles. On assiste à la résurgence d’une pensée collectiviste dont les résultats improbables ne seront connus que par les générations à venir…

L’éolien n’est pas une énergie vraiment propre

L’énergie éolienne a-t-elle un vrai rôle à jouer dans le «mix énergétique» on ne relève-t-elle que d’une imposture plus juteuse pour ses producteurs et pour ses promoteurs que pour le commun des mortels? Pour Patrice Cahart, dans son livre «La peste éolienne» nous vivons à l’ère des marchands de vent, dans le mauvais sens du mot. Sachant qu’une éolienne terrestre ne fonctionne en moyenne, dans notre pays, qu’à 24% de sa puissance, il est indispensable d’assurer le complément, et de recourir au charbon et au gaz qui sont polluants. L’éolien est donc une fausse énergie propre.

Les éoliennes, dont certaines atteignent maintenant deux cents mètres de hauteur, ravagent nos paysages, qui sont le cadre de vie des Français, et l’une des bases de notre tourisme. Plus de 8.000 éoliennes ont été installées dont aucune n’a été fabriquée en France!

De surcroît, le courant d’origine éolienne coûte deux fois plus cher que celui des centrales nucléaires actuellement en service, dont l’exemple des États-Unis montre qu’on peut les prolonger encore durant une quarantaine d’années pour qu’elle reste en service au total 80 ans, à condition de les entretenir scrupuleusement. La réalisation du programme éolien actuel engloutirait des dizaines de milliards qui seraient bien plus utiles ailleurs

Le solaire est par définition intermittent

Le solaire et l’éolien ne produisent pas des KW pilotables à la demande. Tous ceux qui parlent d’énergies renouvelables (EnR) confondent énergie et puissance. On ne peut vraiment remplacer des KWH nucléaires ou fossiles par des KWH éoliens ou solaires. Ce sont les KWH nucléaires et fossiles, dont la production est dite «pilotable» en fonction de la demane qui garantissent la sécurité d’un réseau électrique qui par définition doit être équilibré en permanence entre offre et demande, faute de quoi il s’effondre.

Pour Michel Negynas dans  «Chroniques d’un monde écofantasmé» 1/ Il est faux de dire qu’il y a toujours du vent et du soleil quelque part… En France on est en moyenne à 3 GW de vent pour 18GW installé alors que la consommation moyenne d’énergie en France est de 75 GW. En  Allemagne pour 154 GW de puissance éolienne installée on est passé par un minimum de 5,3 GW. 2/ Quand on affirme que les ENR vont devenir rentables et compétitives à grande échelle  car «On saura stocker un jour» et qu’elles créeront des emplois il y a mensonge…

Le nucléaire possède des atouts uniques

La part de la production électrique française provenant du nucléaire est appelée à être ramenée de 70% à 50% selon la politique énergétique décidée par Emmanuel Macron et auparavant par François Hollande. Pour Fabien Bouglé dans son livre «Nucléaire: les vérités cachées. Face à l’illusion des énergies renouvelables», on assiste bien à l’inefficacité du remplacement du nucléaire par les éoliennes et les panneaux solaires. On nous explique «qu’il y a toujours du vent et du soleil quelque part». Or, l’examen des diagrammes de production au jour le jour montre que ce n’est pas du tout vrai. Au contraire, des voies de plus en plus nombreuses s’élèvent pour considérer que l’énergie nucléaire constitue un atout majeur pour lutter contre les modifications climatiques. Même certains scientifiques du GIEC pensent maintenant que le nucléaire permettrait de lutter contre une augmentation de la température de la planète.

L’écologie politique est une arme de la cancel culture

L’écologie est dans sa version politique une entreprise révolutionnaire qui ambitionne de changer l’homme. C’est ce que montre bien Bérénice Levet dans «L’écologie ou l’ivresse de la table rase». La nature est mortelle mais les civilisations aussi. L’écologie politique est une des armes de la cancel culture au nom du climat, elle déconstruit notre histoire et nos paysages. Elle défend un humanisme aux antipodes du terrorisme vert.

Le catastrophisme écologique n’est pas nouveau. Malthus, Ehrlich et le club de Rome, parmi d’autres, nous ont déjà conté la fin du monde pour demain en oubliant que la principale ressource de l’humanité, c’est l’homme. Drieu Godefridi dans son livre «L’écologisme, nouveau totalitarisme?»  s’inquiète à juste titre de la pensée écologique qui paraît prête, plus ou moins ouvertement, à exiger l’abolition de la démocratie et de la liberté, «pour le climat». Il dénonce cet amalgame des écologistes qui présentent la lutte contre l’inégalité «comme un passage obligé vers la réconciliation de l’Homme avec la Terre».

Une conception de l’écologie qui tranche utilement avec la version progressiste des verts est développée par Patrice Cahart dans son livre «Durer. Eléments pour la transformation du système productif».  Pour lui, Il y a une différence entre l’écologie et l’écologisme, entre une science et une idéologie, entre une philosophie d’essence conservatrice et des militants progressistes gauchistes qui ont hérité de l’individualisme soixante huitard aux antipodes de la véritable pensée écologique.

L’écologie est la nouvelle ligne d’affrontement avec le capitalisme. Telle est la conviction de  Bruno Durieux dans son livre «Contre l’écologisme. Pour une croissance au service de l’environnement». L’ex conseiller économique de Raymond Barre, plusieurs fois ministre (Santé, Commerce extérieur) rappelle que Le Club de Rome s’est trompé… que les famines pronostiquées par Paul Ehlirch en 1968 n’ont pas eu lieu… et surtout que le monde va plutôt mieux. Seule la croissance économique, condition du développement des nouvelles technologies, permettra de s’adapter au réchauffement et si possible de le maitriser.

Jean-Jacques Netter

La rédaction