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Déchets nucléaires

Déchets nucléaires: cela avance enfin


L’enfouissement pour des milliers d’années des déchets les plus radioactifs issus des centrales nucléaires est un projet essentiel pour poursuivre l’exploitation et le développement du parc nucléaire français en permettant de résoudre le principal problème lié à cette source d’énergie. L’ASN (Autorité de sûreté nucléaire) vient de déclarer « recevable » le dossier déposé en janvier par l’Agence Nationale pour la Gestion des Déchets Radioactifs (ANDRA) afin de commencer les travaux sur le site de Bure, en Haute-Marne. La procédure technique comme politique devrait encore durer au moins cinq ans. Les pouvoirs publics n’ont surtout pas l’intention de presser le pas, tant ils attendent une opposition farouche des antinucléaires qui avec l’enfouissement des déchets perdront leur principal argument contre cette source d’énergie.

Le sujet brûlant du traitement des déchets nucléaires radioactifs est l’argument principal et historique des opposants à l’atome pour justifier leur refus de cette source d’énergie décarbonée. Nous ne saurions pas quoi faire des déchets nucléaires et sécuriser leur traitement et leur enfouissement.

Le projet Cigeo répond à cette inquiétude. Il consiste à construire un centre d’enfouissement en couche géologique profonde des déchets « ultimes » où ils pourront reposer pour des milliers d’années sans présenter aucun risque pour les générations futures. Ce principe, validé par une loi de 2006, ne présente aucun caractère d’urgence à proprement parler, mais permet d’offrir une issue définitive aux déchets qui ne pourront pas être recyclés.

Un chantier de 20 à 35 milliards d’euros

C’est ainsi qu’a été désigné le site de Bure, en Haute-Marne, après des études géologiques poussées afin de valider l’emplacement de ce chantier estimé entre 20 et 35 milliards d’euros et qui s’étalera sur plusieurs décennies.

Y seront ainsi entreposée à l’horizon 2040 environ 83.000 m3 de déchets (en particulier les fameux HAVL, Haute Activité Vie Longue, les déchets les plus radioactifs non valorisables), à plus de 500 mètres de profondeur, confinés dans un sous-sol composé d’argile et extrêmement stable.

En janvier dernier, l’Agence Nationale pour la Gestion des Déchets Radioactifs (ANDRA) a déposé son dossier complet de demande d’autorisation devant l’autorité de sûreté nucléaire (ASN) afin d’obtenir un feu vert au démarrage des travaux, si possible dès 2027.

Une étape décisive a été franchie cette semaine puisque l’ASN a validé ce dossier en le déclarant « recevable «, ouvrant la voie à une étude approfondie de tous les éléments qui le compose.

Encore au moins cinq années de procédures

Une étape décisive certes, mais qui n’est que le top départ d’un processus d’étude qui va s’étaler sur environ 5 années avec de nombreuses analyses techniques avant un dernier passage devant le parlement qui autorisera le lancement de ce qui sera le chantier du siècle.

Face au retour en grâce un peu partout dans le monde de l’énergie nucléaire, les opposants sont plus remontés que jamais. Plusieurs manifestations sont prévues et il y a fort à parier qu’elles se dérouleront dans un climat de tension devenu malheureusement habituel sur les questions environnementales.

Il faut dire que les anti-nucléaires jouent leur va-tout. Si Cigeo voit le jour, le problème des déchets radioactifs sera résolu presque définitivement. Leur principal argument est donc en sursis au bout de ce chantier, qui ne doit donc dans leur intérêt pas voir le jour, coûte que coûte. De la même façon, ils étaient et sont des adversaires résolus des réacteurs nucléaires de quatrième génération dits à neutrons rapides, Phénix, Superphénix et le projet Astrid dont ils ont obtenu l’arrêt définitif auprès de Lionel Jospin et d’Emmanuel Macron. Les réacteurs nucléaires à neutrons rapides ont une qualité insupportable aux adversaires de cette source d’énergie, ils fonctionnent avec les déchets et les recyclent en grande partie.

La forme que prendra l’opposition au chantier de Bure et plus encore l’attitude des pouvoirs publics seront dans les mois à venir un réel baromètre de la volonté politique de relance du nucléaire. Laisser la contestation s’installer, ou pire, une ZAD se construire sur le site de Bure, montrerait que les déclarations d’intention du gouvernement et d’Emmanuel Macron avaient peu de poids.

Philippe Thomazo

La rédaction