Transitions & Energies
Mercedes-Benz VISION EQS, IAA 2019

Les voitures électriques sont là, il reste maintenant à trouver des acheteurs


Il a fallu une décennie pour que les constructeurs automobiles traditionnels prennent la voiture électrique au sérieux et investissent, contraints et forcés, des dizaines de milliards pour produire une avalanche de nouveaux modèles. Plus de 300 seront mis en vente d’ici la fin de l’année 2021. Et comme le Salon de l’automobile de Francfort vient de le montrer, ces nouveaux véhicules seront bien dans les concessions dans les prochains mois et viendront rejoindre les Tesla, Zoé, Leaf, et autres I3…

Mais maintenant commence la partie la plus difficile, réussir à les vendre et à convaincre des acheteurs réticents. Le pari est loin d’être gagné. Il suffit de regarder les chiffres en France au premier semestre. Les voitures électriques ont représenté 1,8% des immatriculations de véhicules neufs

Comme le souligne Bloomberg, le message des constructeurs adressé aux consommateurs soucieux de l’environnement ne suffit pas. Le marketing et la publicité sont des outils efficaces mais ils n’effacent pas les doutes et les complications d’utilisations liés au véhicule électrique. Les consommateurs n’aiment pas, sur des achats aussi importants qu’une voiture, payer pour une technologie dont ils ne voient pas vraiment les avantages et restent inquiets sur la capacité avec un véhicule électrique à pouvoir se déplacer là où ils veulent aller. Le problème du manque d’infrastructures de recharge et la nécessité de planifier à l’avance les points de recharge d’un véhicule avant un déplacement restent des obstacles majeurs à l’achat.

«La demande ne se décrète pas»

Carlos Tavares, président de PSA et de l’ACEA (Association des constructeurs européens d’automobiles), résume bien la difficulté. «La prochaine grande question ne concerne pas les voitures, parce qu’elles vont être là. La prochaine grande question est celle de la mobilité abordable et comment nous faisons pour que cela fonctionne pour le plus grand nombre de personnes».

Jusqu’à aujourd’hui, les voitures électriques se sont vendues en nombre dans les pays qui offraient des subventions importantes. Quand elles s’amenuisent ou disparaissent, les ventes s’effondrent. La demande de véhicules électriques a reculé de 16% en août en Chine, le premier marché mondial, car les subventions ont considérablement baissé. Il s’est passé la même chose au Danemark en 2016. Les constructeurs semblent d’autant plus impuissants qu’ils sont incapables aujourd’hui d’abaisser leurs prix de vente car ils ne gagnent pas d’argent avec les voitures électriques et dépendent pour le composant essentiel des véhicules, les batteries, de producteurs asiatiques.

«La demande ne se décrète pas» explique Ola Kallenius, le Président de Daimler. Mercedes Benz entend ajouter au moins 10 véhicules purement électriques à sa gamme d’ici 2020 et a investi plus de 10 milliards d’euros pour cela.

«Sinon, nous n’y arriverons pas»

Les constructeurs vont devoir être patients et surtout être solides financièrement pour faire face à ce que Carlos Tavares appelle «une période extrêmement chahutée». Il n’y a pas de baisse envisageable du prix des batteries, qui représente environ 40% de celui du véhicule, avant au moins 2025. D’ici là, il faudra à la fois que les bornes de recharge soient en nombre suffisants pour rassurer les acheteurs et que les subventions des gouvernements permettent de vaincre les réticences. Sinon, des marques pourraient fort bien disparaître.

L’ACEA a demandé aux gouvernements européens de faire passer à 2,8 millions en 2030 le nombre de stations de recharge. Il faudra pour y parvenir multiplier par 20 leur nombre actuel. «Nous avons besoin d’un soutien important. Sinon, nous n’y arriverons pas», conclut Carlos Tavares.

La rédaction