Transitions & Energies
Saft intensium conteneur

Total construit à Dunkerque le plus grand site français de stockage par batteries


Total a lancé dans la zone portuaire de Dunkerque la construction du plus grand équipement de stockage d’électricité par batteries de France. Il s’agira, à la suite d’un appel d’offre du Réseau de transport électrique (RTE), de stocker de l’électricité issue des renouvelables pour renforcer un réseau qui sera fragilisé dans les prochaines années.

L’une des clés de la transition énergétique est la capacité de stocker de l’électricité issue des renouvelables dans des conditions économiques et environnementales acceptables. Les deux technologies aujourd’hui disponibles sont les batteries et la production d’hydrogène vert par électrolyse. Dans le premier cas, les batteries, le coût reste élevé, même s’il a baissé, le potentiel n’est pas à la hauteur des besoins et l’impact environnemental des matières premières nécessaires à la fabrication des batteries est considérable. Pour autant, cette solution peut présenter dans certains cas des avantages certains. Concernant la seconde possibilité, le coût de l’hydrogène vert produit et la mise en place d’une filière hydrogène restent des obstacles sérieux. Mais dans les deux domaines, les progrès sont rapides et les initiatives nombreuses.

La dernière en date est celle de Total qui a lancé jeudi 12 mars la construction d’un équipement de stockage d’électricité par batteries à Mardyck, dans la zone portuaire de Dunkerque sur le site d’une ancienne raffinerie. Ce système sera le plus grand de France et comportera onze conteneurs intégrés de 2,3 MWh chacun, fabriqués par Saft (voir la photographie ci-dessus), filiale de Total spécialisée dans les batteries pour l’industrie. Il disposera d’une puissance de 25 MWh. Il s’agit d’un investissement de 15 millions d’euros et sa mise en service est prévue rapidement à la fin de l’année 2020. «Ce projet fait partie de la stratégie de Total visant à développer le stockage d’énergie stationnaire, indispensable au développement des énergies renouvelables», a expliqué Patrick Pouyanné, Président directeur général de Total.

Appel d’offre de RTE et fragilité du réseau

Avec la même technologie, Saft avait annoncé en novembre 2019, qu’il allait installer le plus grand système de stockage par batteries des pays nordiques en Finlande. Il aura pour fonction d’assurer pendant 15 ans la régulation de l’électricité produite par le parc éolien de 21 mégawatts (MW) de Viinamäki, dans le nord-ouest de la Finlande, il aura une capacité de 6,6 MWh via trois conteneurs intégrés de 2,2 MWh chacun.

Total a remporté en février dernier, avec d’autres entreprises, un appel d’offres lancé par RTE, le gestionnaire du réseau électrique français, afin de mettre en place des capacités de stockage d’électricité renouvelables intermittentes pour améliorer la sécurité de l’approvisionnement électrique. Ces équipements serviront «de réserve primaire pour soutenir la stabilité du Réseau de Transport d’Electricité.»

Le réseau électrique français devrait traverser une période délicate dans les prochaines années avec une baisse assez sensible de ses capacités de production, liée notamment à la fermeture des centrales à charbon et des réacteurs nucléaires de Fessenheim et au retard de l’entrée en service de l’EPR de Flamanville.

Sur les 253 MWh de capacités de stockage figurant dans l’appel d’offre, 103 MWh ont été attribués à Total. Il s’agira de quatre unités d’environ 25 MWh, comme celle de Mardyck répartis sur le territoire français. Le pétrolier a annoncé que l’ensemble de ses équipements sera mis en service d’ici à 2022, pour être opérationnels justement dans la période ou le réseau électrique français commencera à être fragilisé.

Total a entreprise de se diversifier vers la production d’électricité renouvelable à partir d’éoliennes et de panneaux solaires. La compagnie pétrolière investit 1,5 à 2 milliards d’euros dans l’électricité bas carbone par an. Son objectif est de disposer de 25 gigawatts (GW) de capacité de production d’électricité renouvelable d’ici 2025, contre 3 GW aujourd’hui.

La rédaction