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Pour sortir du charbon, la Roumanie choisit le mini-nucléaire


Bucarest a choisi la technologie américaine de la société NuScale et espère mettre en service les premiers modules SMR de l’Union européenne.

À Glasgow, en novembre dernier, lors de la COP26 qui a vu le nucléaire redevenir fréquentable, le président roumain, Klaus Iohannis, a conclu un projet de nucléaire civil avec John Kerry, l’envoyé spécial pour le climat des États-Unis. Grâce à cet accord, la Roumanie devrait devenir le premier pays de l’Union Européenne à disposer d’électricité fournie par de petits réacteurs modulaires ou SMR en anglais. Ils seront fabriqués en Roumanie par la société américaine NuScale Power qui se trouve dans l’Oregon.

De 50 à 300 MW, contre 900 à 1.650 MW pour une tranche nucléaire classique, les mini-réacteurs peuvent être fabriqués en série et en usine de façon modulaire, puis assemblés sur place. Plus de 70 projets existent aujourd’hui dans le monde … notamment aux Etats-Unis, au Royaume-Unien Russieau Canada, et en Chine, pourraient

Moins coûteux, plus sûrs, plus rapides à construire

Ils offrent en théorie une solution moins coûteuse, plus sûre et plus rapide à mettre en œuvre que les grandes centrales de type EPR pour produire de l’électricité décarbonée. L’investissement initial d’environ 1 milliard d’euros pour un réacteur SMR est bien moins élevé que pour un réacteur de grande puissance et pourrait ainsi répondre aux besoins de régions isolées, de groupements industriels, de pays dont le réseau électrique est peu développé ou dont les capacités financières ne permettent pas d’accéder au marché des gros réacteurs.

L’accord avec NuScale doit permettre à la Roumanie de faciliter sa sortie du charbon, annoncée pour 2032 et réduire es émissions de gaz à effet de serre, voire de bénéficier de financements avantageux si la Commission européenne confirme le classement du nucléaire comme énergie «durable».

Les modules de NuScale (voir l’image ci-dessus) ont une puissance modeste de 66 à 77 mégawatts, mais en les combinant cela permet de fabriquer des centrales d’une puissance adaptée directement aux besoins locaux. Cette solution a été validée en terme de sécurité par la Nuclear Regulatory Commission américaine. En Roumanie, l’usine NuScale qui fabriquera douze modules doit voir le jour en 2028.

D’après Jose Reyes, directeur technique et co-fondateur de NuScale, ces SMR sont beaucoup plus sûrs parce qu’ils ne dépendent pas pour leur refroidissement de pompes et de générateurs qui peuvent être endommagés ou défaillants mais utilisent un mode de refroidissement dit passif. Ils sont installés dans une enceinte de confinement souterraine et dans une très grande piscine d’eau conçue pour absorber la chaleur. Ainsi, même si le réacteur a une défaillance, son arrêt est rapide et se fait en toute sécurité.

Le nucléaire représente aujourd’hui 18% du bouquet énergétique de la Roumanie. Le pays dispose de deux réacteurs de type Candu (650 MW) en fonctionnement à la centrale de Cernavodă. Interrompue en 1991, la construction de deux nouveaux réacteurs sur le même site a été réactivée l’an passé, là encore avec une aide américaine. Les deux pays sont des partenaires stratégiques : les USA possèdent une base militaire dans la même région de Dobrogea, proche de la Russie.

Le projet français de SMR verra le jour en 2035

Pour l’instant, seule la Russie a mis en service un mini réacteur civil issu des équipements qui alimente les sous-marins militaires. Il est installé sur une barge sur la côte sibérienne.

La France a aussi son projet de SMR auquel Emmanuel Macron a apporté son soutien en octobre dernier et a un financement public d’un milliard d’euros pour contribuer à son développement. Il est baptisé Nuward, acronyme de NUclear forWARD (« en avant le nucléaire ») et doit développer une puissance unitaire de 170 MW. Il est porté par un consortium groupant EDF, le CEA, Naval Group et Technicatome. Il est espéré pour 2035.

La rédaction