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Nord Stream 2 Wikimedia Commons

La Russie est le deuxième producteur mondial de pétrole et de gaz


Une guerre en Ukraine ferait s’envoler les cours du pétrole et du gaz. Le risque est même celui de pénuries de gaz naturel dans certains pays dont les stocks sont faibles comme l’Allemagne. La baisse depuis plusieurs mois des exportations de gaz russe à destination de l’Europe s’est déjà traduite par une augmentation sans précédent des prix du gaz et dans la foulée de l’électricité. Par ailleurs, selon certains experts, en cas d’invasion de l’Ukraine par la Russie, les cours du baril de pétrole pourraient atteindre 120 dollars.

La Russie est un Etat pétrolier et gazier. Les revenus tirés de ses exportations de pétrole et de gaz naturel assurent environ 40% du budget fédéral du pays. C’est le deuxième producteur mondial de pétrole derrière les Etats-Unis et devant l’Arabie Saoudite avec 9 millions de barils par jour en moyenne l’an dernier. Les Etats-Unis étaient à 11,6 millions de barils par jour et la production mondiale s’est établie à 96 millions de barils par jour. Les cours du pétrole n’ont cessé de monter au cours des derniers mois et sont aujourd’hui autour de 95 dollars le baril, à leur niveau le plus élevé depuis sept ans. Selon David Roche, l’un des experts les plus réputés du marché pétrolier, le prix du baril devrait «très certainement» atteindre les 120 dollars et l’économie mondiale sera affectée si une guerre éclate entre la Russie et l’Ukraine.

Deuxième producteur mondial de pétrole et de gaz

Cette envolée des prix du pétrole semble d’autant plus vraisemblable que le cartel mondial baptisé Opep+, qui réunit les 13 pays de l’Opep menés par l’Arabie Saoudite et dix autres pays producteurs menés par la Russie, ne parvient pas depuis plusieurs mois à augmenter sa production comme prévu pour faire face à la demande.

La Russie est aussi le deuxième producteur mondial de gaz naturel, toujours derrière les Etats-Unis. Elle a produit l’an dernier 639 milliards de mètres cubes soit 17% d’une production mondiale qui a atteint 3.854 milliards de mètres cubes. L’Europe est de loin le premier client du gaz russe.

Selon les chiffres d’Eurostat, 46,8% des importations européennes de gaz naturel viennent de Russie. La dépendance est très variable selon les pays: la Lettonie se fournit ainsi exclusivement (100%) en Russie, la Finlande (98%) également. D’autres pays importent majoritairement du gaz russe. C’est le cas de l’Allemagne (66%) et de la Pologne (55%). En France, moins de 20% du gaz importé provient de Russie. L’Europe importe également du gaz de Norvège (20,5%), d’Algérie (11,6%). Elle en achète aussi aux États-Unis (6,3%) et au Qatar (4,3%) sous forme de GNL (Gaz Naturel Liquéfié).

Moscou restreint depuis plusieurs mois ses exportations de gaz vers l’Europe

Pour alimenter l’Europe, la Russie utilise quatre voies d’approvisionnement: les gazoducs Brotherhood, Progress et Soyuz qui passent par l’Ukraine, le Yamal-Europe qui traverse la Biélorussie, les pipelines Blue Stream et Turk Stream via la Turquie et enfin le gazoduc Nord Stream 1 qui plonge sous la mer Baltique pour atteindre l’Allemagne. Les capacités de Nord Stream 1 devraient être doublées avec l’entrée en service de Nord Stream 2. Mais l’avenir de Nord Stream 2 semble aujourd’hui très incertain et son abandon pourrait être l’une des sanctions prises par les occidentaux contre Moscou. Nord Stream 2 visait notamment à contourner l’Ukraine et à permettre au géant russe du gaz, Gazprom, de ne plus verser de redevances à ce pays. Chaque année, près de 40 milliards de mètres cubes de gaz russe transitent par l’Ukraine, soit 25 % du volume total de gaz importé par l’Europe depuis la Russie.

La Russie est accusée, notamment par l’Agence internationale de l’énergie (AIE), d’être le principal responsable de l’envolée des prix du gaz et de l’électricité en Europe en restreignant volontairement depuis plusieurs mois ses exportations. «Il y a une grande tension sur le marché européen du gaz en raison du comportement de la Russie… Nous voyons de nombreux éléments qui pointent vers un resserrement artificiel du marché européen du gaz qui semble être lié au comportement du fournisseur de gaz russe contrôlé par l’Etat», écrivait Fatih Birol, Directeur exécutif de l’AIE en janvier. «Au contraire d’autres fournisseurs par gazoducs -comme l’Algérie, l’Azerbaïdjan et la Norvège- la Russie a réduit ses exportations vers l’Europe de 25% au quatrième trimestre de 2021 par rapport à la même période de 2020 et de 19% par rapport aux niveaux de 2019. Et cela en dépit des niveaux exceptionnellement élevés des prix du gaz naturel que nous avons vu au cours des derniers mois».

Ainsi, les réserves de gaz allemandes sont tombées au début du mois de février à 35-36%. A 40%, elles permettent, selon un rapport du ministère de l’Économie et du Climat allemand, de faire face à sept jours de températures polaires, pas plus. En réponse, les Etats-Unis et les Européens cherchent dans l’urgence des alternatives aux livraisons de  gaz russe. Pour la première fois en janvier, les livraisons d’urgence américaines de GNL ont été cinq fois supérieures en quantité aux livraisons russes par gazoducs.

La rédaction