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Joe Biden 2 Wikimedia Common

Les Etats-Unis se préparent à soutenir le marché européen du gaz en cas d’invasion russe de l’Ukraine


Une des grandes craintes des dirigeants européens en cas d’invasion de l’Ukraine par la Russie et de sanctions ensuite des pays occidentaux, est de voir les livraisons russes de gaz naturel cesser… en plein hiver. La Russie fournit un tiers de son gaz à l’Europe qui a déjà subi les conséquences économiques et sociales de l’envolée depuis plusieurs mois des prix du gaz et de l’électricité. L’administration américaine cherche donc à rassurer ses alliés et tente de trouver des pays et des compagnies gazières capables de compenser, au moins en partie, une éventuelle fermeture des gazoducs par Moscou. C’est loin d’être facile, car le manque de capacités de production gazière est mondial.

L’administration américaine s’inquiète d’un risque de coupure de gaz massive qui affecterait l’Europe en cas d’invasion russe de l’Ukraine. Elle a engagé depuis plusieurs semaines des discussions à la fois avec plusieurs compagnies pétrolières et gazières et différents pays au Moyen-Orient et en Afrique afin de pouvoir augmenter la production de gaz naturel liquéfié et ainsi approvisionner l’Europe en urgence si une guerre éclatait en Ukraine.

Toute interruption des livraisons de gaz russe à l’Europe transformerait ce qui est déjà une crise énergétique en potentielle catastrophe économique et sociale. Les prix record du gaz et de l’électricité en Europe ont d’ores et déjà un impact important sur l’activité économique et sur le pouvoir d’achat des populations.

«Les Etats-Unis ont promis d’aider l’Europe…»

La Russie fournit environ un tiers du gaz naturel consommé par l’Europe et pourrait répliquer à des sanctions à la suite d’une invasion de l’Ukraine en fermant le robinet des gazoducs. D’ores et déjà, la Russie est accusée, notamment par l’Agence internationale de l’énergie, d’être pour partie à l’origine de l’envolée des prix du gaz et de l’électricité en Europe en restreignant depuis plusieurs mois ses exportations. En réponse, et pour la première fois en janvier, les livraisons d’urgence américaines de Gaz naturel liquéfié (GNL) par méthaniers seront cinq fois supérieures en quantité aux livraisons russes par gazoducs. Pas moins de 30 méthaniers transportant du GNL ont quitté les ports américains au cours les dernières semaines pour se diriger vers les ports européens. Les prix du GNL en Europe sont supérieurs à ceux de l’Asie et 14 fois plus élevés qu’aux Etats-Unis!

«Les Etats-Unis ont promis d’aider l’Europe s’il y avait des pénuries d’énergies liées à un conflit et à des sanctions», a déclaré, sous le sceau de l’anonymat, un officiel américain à l’agence Reuters. Le Département d’Etat et son conseiller pour la sécurité énergétique, Amos Hochstein, ont mis en place au cours des six dernières semaines une stratégie visant à rediriger des productions de gaz existantes et à les augmenter. Ils ont aussi déterminés les quantités de gaz nécessaires pour alimenter l’Europe au cours des prochains mois si la Russie faisait défaut. Les discussions seraient «à un stade avancé» même si aucun détail n’est donné officiellement.

Pas de capacités de production suffisantes mobilisables rapidement

Selon CNN, la Norvège et le Qatar, qui sont parmi les principaux producteurs et exportateurs de gaz, ont été sollicités pour envisager une augmentation de leur production. Plusieurs grandes compagnies pétrolières et gazières, américaines et d’autres pays, ont été également contactées. Mais aucune n’a confirmé avoir eu des discussions avec l’administration américaine.

Pour autant, que ce soit les pays producteurs ou les compagnies gazières, ils considèrent tous qu’ils ont des moyens limités. Il n’y a tout simplement pas aujourd’hui de capacités de production suffisantes pour remplacer du jour au lendemain les fournitures venant de Russie. En plus, augmenter la production rapidement est risqué sur le plan technique et sera de toute façon insuffisant. Les Etats-Unis ont donc aussi demandé à plusieurs groupes gaziers s’ils pouvaient retarder leurs opérations de maintenance pour accroître leurs livraisons en cas de nécessité.

Cette situation est en tout cas très favorable aux producteurs de gaz dans le monde et aux Etats-Unis où la révolution du gaz de schiste il y a une décennie a changé le paysage énergétique. Les exportations de GNL par les Etats-Unis devraient ainsi atteindre cette année des niveaux sans précédents et faire de ce pays le premier exportateur mondial de gaz liquéfié. La compétition pour obtenir des livraisons de GNL entre l »Europe et l’Asie, qui fait face également à des pénuries d’énergie, est féroce.

La rédaction