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Les grandes ambitions de Rolls-Royce dans les petits réacteurs nucléaires modulables


Le célèbre constructeur de moteurs d’avions Rolls-Royce, qui fabrique aussi depuis des décennies les réacteurs des sous-marins nucléaires britanniques, a de grandes ambitions dans les petits réacteurs modulables civils (SMR). Il vient de créer une société spécifique pour développer des SMR et de recevoir un appui financier important du gouvernement britannique qu’il réclamait depuis des années. Un sérieux concurrent pour le Nuward d’EDF qui semble d’ores et déjà en retard.

Cela fait plusieurs années que le célèbre constructeur de moteurs d’avions britannique Rolls-Royce travaille à la conception et au développement de petits réacteurs nucléaires modulables dits SMR (Small modular reactor). Il a déposé plus de 35 brevets sur des éléments de son SMR. Il a ainsi pris une belle avance sur le projet d’EDF baptisé Nuward auquel le gouvernement français vient d’apporter tardivement son soutien il y a quelques semaines. Nuward est un acronyme de NUclear forWARD («en avant le nucléaire») sur lequel travaille un consortium réunissant EDF, le CEA, TechnicAtome et Naval Group.

Le groupe britannique a en tout cas annoncé il y a quelques jours la création d’une filiale dédiée et détenue à 80% baptisée Rolls-Royce Small Modular Reactor. Les autres actionnaires sont la société énergétique américaine Exelon et le fonds d’investissement BNF Ressources, affilié à la riche famille franco-britannique Perrodo, connue pour ses activités pétrolières, et classée 21e fortune française en 2021.

Rolls-Royce Small Modular Reactor a pour ambition de livrer «à grande échelle» de petits réacteurs «à faible coût et à faible émission carbone». Il s’agit pour Rolls-Royce de devenir moins dépendant du transport aérien et de s’engager résolument dans le nucléaire civil avec l’aide du gouvernement britannique qu’il réclame depuis des années. C’est maintenant chose faite. La nouvelle entreprise investira au total de 195 millions de livres sterling et le gouvernement britannique lui apportera 210 millions de livres.

Pas un novice en matière nucléaire

Rolls-Royce est tout sauf un novice en matière nucléaire. Il avait des activités de service dans cette filière qu’il a cédé en 2019 à l’américain Westinghouse. Et surtout Rolls-Royce fabrique depuis les années 1950 les réacteurs qui équipent les sous-marins britanniques à propulsion nucléaire. Une technologie qui en France est l’apanage de TechnicAtome.

Lorsqu’en 2015, le gouvernement britannique a lancé un appel à projets pour de petits réacteurs nucléaires modulaires (SMR), Rolls-Royce a répondu immédiatement présent et présenté un projet de mini centrale à eaux pressurisées, la technologie utilisée dans près de 400 réacteurs nucléaires en service dans le monde, d’une puissance de 440 à 470 MW. A comparer aux 900 MW pour les réacteurs des anciennes centrales françaises et 1.650 MW pour les réacteurs EPR de dernière génération dont la France va lancer rapidement la construction d’une série.

Mais Rolls-Royce souligne tout de même que la puissance d’un réacteur nucléaire, même de petite taille, est sans commune mesure avec celle d’équipements renouvelables. Ainsi, une minicentrale sera l’équivalent, sans l’intermittence de 150 éoliennes terrestres. Elle pourra recharger 88 millions de smartphones, 63 000 voitures électriques, allumer 40 millions d’ampoules électriques et 8 millions de grands écrans de télévision et alimenter en électricité une ville de 450.000 habitants. Et Ils sont conçus pour fonctionner au moins 60 ans en émettant très peu de gaz à effet de serre.

2 milliards de livres par réacteur

Rolls-Royce envisage de construire 10 à 15 petits réacteurs au Royaume-Uni et envisage de mettre en service le premier d’entre eux en 2029. Chaque SMR coûterait environ 2 milliards de livres. Mais Rolls-Royce annonce pouvoir réduire le coût par réacteur à «1,8 milliard de livres, une fois les 5 premières tranches construites». Ses SMR seront fabriqués «sur des chaînes de montage», puis livrés sur site «en pièces à l’arrière de camions» et assemblés sur site afin d’en réduire sensiblement les coûts. Rolls-Royce ambitionne in fine que le coût de production de ces SMR soit inférieur à 60 £/MWh, de manière à les rendre «compétitifs en matière de prix avec les filières renouvelables comme l’éolien offshore».

Les réacteurs de Rolls-Royce ont vocation à être en priorité installés sur les sites d’anciennes centrales nucléaires. Deux sites ont en particulier été identifiés au Pays-de-Galles et dans le nord-ouest de l’Angleterre. Selon Rolls-Royce, son programme de déploiement de SMR pourrait créer 40 000 emplois d’ici à 2050.

La rédaction