<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> La religion des renouvelables

22 août 2023

Temps de lecture : 3 minutes
Photo : Pale eolienne LMWindPowerCherbourg
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La religion des renouvelables

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En matière de transition énergétique, il n’y a rien de plus dangereux que les dogmes. Ils offrent des réponses toutes faites à des questions complexes et rejettent les réponses comme les questions qui ne sont pas « conformes ». C’est clairement le cas aujourd’hui pour ce qui est devenu le culte de l’éolien et du solaire, des sources d’énergie renouvelables permettant une production d’électricité bas carbone mais intermittentes et aléatoires. Ce sont des technologies utiles et nécessaires à la transition énergétique, mais elles bénéficient d’une image et même d’une mystique qui ont peu à voir avec leurs vertus réelles…

Les sources d’énergies dites renouvelables, qui permettent de produire de l’électricité bas carbone comme l’éolien, le solaire et dans une bien moindre mesure la géothermie et l’hydraulique, bénéficient d’une image et même d’une mystique, surtout les deux premières, qui ont peu à voir avec leurs vertus réelles. Cela ne signifie pas, il faut admettre la complexité, que l’éolien et le solaire n’aient pas de réels avantages et ne soient pas, parmi d’autres, des technologies utiles et nécessaires à la transition énergétique. Cela signifie que l’aveuglement, dont on fait preuve en permanence à leur égard dans les gouvernements, les institutions européennes et internationales, les groupes écologistes et les médias, en les considérant comme une solution miracle à nos problèmes énergétiques ne cesse de surprendre. Tout comme la mansuétude pour les intérêts bien réels et les lobbys qui existent pour promouvoir l’éolien et le solaire.

L’utopie du décentralisé et de l’autosuffisance

Il est pourtant assez facile d’énumérer les faiblesses de ses renouvelables, le caractère intermittent et aléatoire de la production des éoliennes terrestres et marines et des panneaux photovoltaïques qui produisent presque toujours trop ou trop peu, l’impact des sécheresses sur l’hydroélectrique, l’extrême difficulté pour stocker l’électricité à grande échelle, la nécessité d’investir puissamment dans les réseaux pour compenser en partie ses faiblesses et de se doter d’installations de production d’électricité dites pilotables pour faire face à l’absence régulière de production des renouvelables, leur utilisation massive de métaux critiques, leur faible intensité et l’utilisation de ce fait extensive de surfaces au sol, le contrôle de fait de la fabrication des équipements par l’industrie chinoise…

La religion des renouvelables se traduit par exemple par les reproches faits en permanence à la France d’être « en retard » sur les renouvelables par rapport aux objectifs européens, ce qui n’a aucun sens puisqu’il s’agit d’un des pays les plus exemplaires au monde et en Europe en matière de décarbonation de sa production électrique. Ce qui est normalement le but premier et essentiel de la transition énergétique. La production d’électricité en France est bas carbone à plus de 90% grâce au nucléaire, à l’hydroélectrique et dans une moindre mesure à l’éolien, à la biomasse et au solaire contrairement à la plupart des autres pays européens dont l’Allemagne qui donnent pourtant sans cesse des leçons de vertu… Cela démontre que la question des renouvelables est aujourd’hui devenue avant tout politique et idéologique, ce qui masque les réalités techniques et économiques.

Les renouvelables bénéficient aussi de l’image utopique du retour au local, au décentralisé, au proche, à l’autosuffisance. Un côté « small is beautiful » avec des éoliennes et des panneaux solaires éparpillés dans des paysages ruraux bucoliques et gérés localement plutôt que par un système centralisé, complexe échappant à tout contrôle et tout contre-pouvoir. L’utopie est celle de « communautés » pouvant instaurer un contrôle démocratique de l’énergie et du coup de l’agriculture et du mode de vie. Une perspective assez effrayante pour la préservation de la liberté. Mais comme l’avait expliqué Rudolf Bahro, icône du parti vert allemand, il y a déjà quarante ans : « nous devons construire des zones libérées du système industriel… ».

Des intérêts économiques multiples

En fait, les principaux bénéficiaires de ce processus sont les promoteurs de parcs éoliens et solaires bénéficiant de tarifs et donc d’une rentabilité garantis, d’un accès prioritaire de leur production aux réseaux électriques et d’obligations minimales de démantèlement de leurs installations quand elles deviennent obsolètes, surtout les centaines de kilos de béton enfouis dans le sol et nécessaires pour installer une seule éolienne. Les autres grands gagnants sont les industriels chinois qui contrôlent de fait la production de panneaux photovoltaïques et des éoliennes terrestres comme marines et les grands producteurs de gaz naturel, la Russie d’abord et maintenant les Etats-Unis et le Qatar. Le gaz naturel est tout simplement une énergie fossile devenue indispensable pour équilibrer les réseaux électriques via des équipements dits pilotables, capables de répondre presque instantanément à la demande, quand la part de renouvelables intermittents devient importante. Les réseaux électriques doivent être en permanence équilibrés entre offre et demande sinon ils tombent…

Celui qui est considéré comme l’un des investisseurs les plus avisés au monde depuis des décennies et a même été surnommé le grand-père du capitalisme, l’Américain Warren Buffett, est via sa société Berkshire-Hathaway l’un des plus gros investisseurs dans les énergies renouvelables. Il l’explique simplement : « nous bénéficions d’un crédit d’impôt si nous construisons beaucoup de parcs éoliens. C’est la seule raison de les construire ».

L’électricité est un service essentiel au bien commun

La religion des renouvelables a fait perdre de vue un élément essentiel, l’électricité est un service public, un service essentiel au bien commun. Elle le sera d’autant plus que la transition énergétique passe par toujours plus d’électricité du fait de l’électrification des usages. Ce que bon nombre d’institutions, à commencer en France par RTE ou l’Ademe, ont mis beaucoup de temps et de mauvaise volonté à reconnaître.

Le système électrique doit évidemment intégrer les énergies renouvelables intermittentes et aléatoires, notamment dans les régions ensoleillées et venteuses, sur terre comme sur mer. Mais il ne peut pas fonctionner dans des conditions techniques, économiques et sociales acceptables sans un certain niveau de production pilotable bas carbone, hydraulique, nucléaire, géothermique… Les renouvelables éolien et solaire sont utiles et nécessaires mais surtout pas une solution miracle.

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