<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Pour réduire les embouteillages dans les grandes villes, vive le péage urbain

24 juin 2025

Temps de lecture : 3 minutes
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Pour réduire les embouteillages dans les grandes villes, vive le péage urbain

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La méthode permettant de réduire la congestion automobile dans les grandes villes est connue mais pas forcément appliquée. Elle consiste à compliquer et limiter l’entrée des véhicules dans les agglomérations et ensuite, quand ils sont entrés, à rendre la circulation fluide pour qu’ils en sortent rapidement. C’est ce que fait la ville de New York avec succès depuis quelques mois et la mise en place d’un péage urbain. Tout le contraire de ce que fait la ville de Paris. Dans la capitale, l’entrée dans l’agglomération est très facile et ensuite la circulation se trouve entravée par une multitude de « pincements » de circulation volontairement mis en place…

Dans l’indifférence presque générale et avec une dose de fatalisme assez incroyable des usagers, les embouteillages dans les grandes agglomérations sont devenus une calamité. Pour l’environnement d’abord, en augmentant considérablement la consommation de carburants et donc les émissions de gaz à effet de serre et la pollution atmosphérique. Pour l’économie ensuite, en gaspillant des dizaines de milliards d’euros en heures perdues et en dépenses inutiles par des millions de personnes. Enfin, en termes d’inégalités sociales et territoriales, qu’ils creusent, et bien sûr de santé publique en affectant les personnes qui les subissent.

Pourtant, cette situation n’est pas une fatalité. Les rares experts en circulation automobile qui conservent leur indépendance face aux pressions idéologiques et militantes connaissent la recette réellement efficace pour réduire les embouteillages.Mais par ignorance ou dogmatisme, elle est rarement appliquée, notamment en France.

Paris fait le contraire de ce qu’il faut faire

Pas étonnant alors si dans les classements mondiaux les villes françaises et plus particulièrement Paris figurent toujours parmi les plus mauvais élèves. La capitale française était même en 2023, selon le classement annuel établi par TomTom et baptisé Traffic index, la deuxième ville au monde où les émissions de CO2 résultant des embouteillages étaient les plus élevées et aussi la deuxième ville au monde où les coûts des embouteillages étaient les plus importants pour les automobilistes. La position de Paris dans le classement s’est légèrement améliorée en 2024, mais il n’y a pas de quoi pavoiser. Il fallait en moyenne 20 secondes de plus qu’en 2023 pour parcourir 10 kilomètres en voiture (28 minutes et 53 secondes) et le temps perdu dans l’année, toujours en moyenne, par automobiliste est de 101 heures…

Il faut dire que la municipalité parisienne fait exactement le contraire de ce qu’il faut faire pour réduire les nuisances automobiles. La bonne méthode consiste à compliquer et limiter l’entrée des véhicules dans les agglomérations et ensuite, quand ils sont entrés, à rendre la circulation fluide pour qu’ils en sortent rapidement. A Paris, l’entrée dans l’agglomération est facile et ensuite la circulation se trouve entravée par une multitude de « pincements » de circulation volontairement mis en place.

A New-York, le péage urbain est un succès

Il n’y a qu’une seule stratégie comprise à l’hôtel de ville de Paris : écœurer les automobilistes en leur pourrissant la vie. La municipalité n’a toujours pas compris que la circulation dans la capitale n’est la plupart du temps pas un choix mais une contrainte professionnelle ou personnelle. Personne ne prend de plaisir à utiliser un véhicule dans les rues de la capitale…

Un exemple récent est venu démontrer une fois de plus ce que sont les stratégies efficaces de réduction de la circulation automobile, celui de la ville de New York qui a mis en place au début de l’année un péage urbain pour réduire les entrées de véhicules dans la métropole. Elle est la première ville américaine à le faire. La mesure a d’abord été contestée mais au fil du temps les habitants la soutiennent et en constatent les effets positifs : moins de circulation, moins de nuisances. Il y a moins de véhicules dans les rues de la ville et ceux qui circulent le font plus rapidement. La recette préconisée par les « vrais » experts.

Une idée testée depuis longtemps à Londres, Stockholm, Singapour

Le péage urbain n’a rien d’une idée neuve. Elle a été appliquée avec un certain succès dans de nombreuses grandes villes comme Londres, Stockholm ou Singapour. L’idée consiste à s’assurer, autant que faire se peut, que les personnes qui se rendent en voiture dans le centre de ses grandes villes ne peuvent pas vraiment faire autrement. Et le moyen de les faire réfléchir est que cela leur coûte de l’argent. Et à New-York, cela fonctionne. Une étude publiée il y a quelques jours par la New York Regional Plan Association montre que le péage urbain a permis de réduire le trafic à New York et aussi dans le New Jersey voisin.

Les opposants au péage estimaient que cela ne ferait que déplacer le trafic vers les zones environnantes, mais il s’avère que la mesure a réduit aussi la circulation dans les zones environnantes. Certains usagers de la route ont remplacé l’usage de la voiture par celui des transports en commun. Et cela réduit les embouteillages et la congestion. Les pertes de temps liées aux embouteillages ont diminué de 25% dans l’île de Manhattan, qui est le centre de la ville de New-York, par rapport à avant la mise en place du péage, et de 9% dans les zones environnantes de la ville. Les véhicules circulent en moyenne entre 5 et 10% plus vite aux heures de pointe en 2025 par rapport à la même période de l’année précédente.

Les péages urbains donnent des résultats. Partout où ils ont été mis en place, ils ont permis de réduire la circulation automobile. Ils sont aussi généralement violemment contestés avant leur mise en œuvre, puis acceptés au fil du temps quand les citoyens mesurent leur impact.

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