Transitions & Energies
Plateforme pétrolière off shore wikimedia commons

Le pétrole au plus haut depuis trois mois


Dopés par le redémarrage de l’économie mondiale, la reprise de la consommation de pétrole, notamment en Chine et en Inde, et la baisse simultanée de l’offre des pays producteurs, les cours du barils ont fortement augmenté au cours des dernières semaines. Un mouvement renforcé par la prolongation, décidée le 6 juin, des baisses de production des pays producteurs de l’Opep et de leurs alliés menés par la Russie. Mais le rebond du pétrole restera limité tant que l’économie mondiale ne sera pas sortie d’une profonde récession.

Quelle différence en l’espace de trois mois sur le marché pétrolier. L’effondrement des prix du pétrole, quand l’économie mondiale était à l’arrêt au plus fort de la pandémie de coronavirus et quand l’Arabie Saoudite et la Russie étaient dans une guerre des prix suicidaire, appartient au passé. Le rebond des cours du baril a même été spectaculaire. Ils sont passés de moins de 20 dollars en avril à 42 dollars pour la qualité Brent de mer du nord et 39 dollars pour le West Texas Intermediate américain le 5 juin. Et encore, toujours en avril, certains contrats à terme s’étaient même débouclés à des prix négatifs… 

Mais cela, c’était avant que le cartel des producteurs de pétrole s’entende sur une forte réduction de production, bien au-delà de l’Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole), et que l’économie mondiale redémarre. La remontée des cours est aussi et avant tout la conséquence d’une reprise rapide et forte de la demande de pétrole dans le monde et notamment en Chine et en Inde. En outre, les membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et leurs alliés, emmenés par la Russie, se sont mis d’accord, samedi 6 juin, pour prolonger d’un mois la réduction historique de production auxquels ils s’astreignent depuis le 1er mai pour stabiliser les prix. «Tous les pays participants ont accepté la possibilité de prolonger d’un mois supplémentaire la première phase des ajustements de la production de mai et juin», a indiqué l’organisation. L’Opep+ a également exigé que des pays tels que le Nigeria et l’Irak, qui ont dépassé leurs quotas de production en mai et juin, compensent par des réductions supplémentaires de juillet à septembre.

L’accord entre les membres du cartel tient

Après une féroce et courte guerre des prix, notamment entre l’Arabie Saoudite et la Russie, les membres du cartel élargi avaient fini par conclure un accord le 12 avril sur une réduction historique de leur production de 9,7 millions de barils par jour (mbj) pour les mois de mai et juin, qui devait passer à 7,7 mbj de juillet à décembre, puis à 5,8 mbj de janvier 2021 à avril 2022. Finalement, la baisse de production de 9,7 millions de barils par jour est donc prolongée au moins d’un mois.

«La demande revient alors que les grandes économies consommatrices de pétrole sortent des mesures de confinement liées à la pandémie. Mais nous ne sommes pas encore sortis d’affaires et de nombreux défis restent à relever», a déclaré le ministre saoudien de l’Energie, le prince Abdulaziz bin Salman.

Le cartel et ses partenaires ont en tout cas réussi à nouveau à surmonter leurs dissensions. Il faut dire que la remontée spectaculaire des cours a montré son efficacité. Et même du côté américain, le doublement des prix du baril a permis à certains producteurs de pétrole de schiste de remettre en service des puits. EOG Resources et Parsley Energy ont annoncé que plusieurs de leurs installations produiront à nouveau du pétrole d’ici la fin de la semaine. Maintenant, tout va dépendre de la demande et de la discipline au sein du cartel. Car si les cours ont été multiplié par deux en six semaines, ils demeurent assez nettement inférieurs à ceux du début de l’année. En janvier, le Brent avait frôlé les 69 dollars le baril.

Des réserves stockées considérables

Comme le souligne le site oilprice.com, pour que le pétrole connaisse une reprise durable, la demande devra être redevenue ce qu’elle était avant la pandémie et les réserves exceptionnelles constituées partout dans le monde en mars et en avril devront sensiblement diminuer, ce qui pourrait prendre jusqu’à deux ans. La reprise rapide de la demande après le redémarrage des économies autour de 94 à 95 millions de barils par jour (contre 100 millions de barils par jour en moyenne l’an dernier) devrait stagner. Car la demande pourrait ne pas retrouver ses niveaux d’avant la pandémie avant 2022 voire 2023.

Et même si l’offre devient inférieure à la demande cet été, comme le laisse entendre ou l’espère le ministre russe de l’énergie, Alexander Novak, un autre expert Bjornar Tonhaugen, responsable des marchés pétroliers de Rystad Energy estime que «cela ne signifie pas qu’il y aura un problème d’approvisionnement. Le pétrole est là, il attend d’être sorti des réserves constituées partout dans le monde».

La rédaction