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Aramco terminaux pétroliers

Le pétrole au plus haut depuis un an


C’est un signe qui ne trompe pas sur les espoirs de reprise de l’économie mondiale. Moins d’ un an après avoir connu un effondrement historique, le marché pétrolier a retrouvé un certain optimisme et surtout des cours équivalents à ceux de janvier 2020

Les cours du baril de pétrole de qualité Brent ont dépassé au cours des derniers jours les 60 dollars pour la première fois depuis fin janvier 2020 et ceux de la qualité WTI (West Texas Intermediate) ont franchi le seuil des 58 dollars. Une explication principale, l’accélération dans le monde des campagnes de vaccination contre la Covid-19. Elle laisse espérer un rebond de la croissance économique mondiale et donc de la demande de pétrole.

En avril 2020, le Brent était même tombé à 15,98 dollars le baril, un prix sans précédent depuis plus de vingt ans. Lors d’un épisode hors norme de débouclage de contrats à terme, son équivalent américain le WTI, avait même enregistré un prix négatif. Il faut dire que deux éléments conjugués avaient abouti à la chute libre des cours pétroliers. D’un côté, la récession mondiale provoquée par la pandémie et de l’autre une guerre des prix impitoyable entre la Russie et l’Arabie Saoudite. Elle eu pour premier effet, d’ailleurs, de mettre en grande difficulté les producteurs américains de pétrole de schiste et de précipiter la faillite d’un certain nombre d’entre eux..

Un cartel mondial

Il a fallu la constitution d’un cartel mondial réunissant l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) menée par l’Arabie saoudite, leurs dix alliés de l’Opep+ conduits par la Russie, avec en sous-main une intervention américain,  pour éviter un effondrement durable du marché en limitant fortement la production pour l’ajuster à la demande. Aujourd’hui encore, ce cartel mondial retranche plus de 7 millions de barils par jour de production pour l’adapter à une demande affaiblie. Mais l’espoir fait vivre, notamment les groupes pétroliers qui ont une longue expérience des soubresauts des cours du baril.

L’année 2020 aura en tout cas été catastrophique pour eux. Les cinq plus grandes compagnies internationales (BP, Chevron, Exxon, Shell et Total) ont accumulé plus de 77,1 milliards de dollars de pertes. Le contraste avec 2019 est saisissant. Les même compagnies avaient alors engrangé 48,8 milliards de dollars de profits. Et elles espèrent bien redevenir à nouveau rentables cette année.

Les premières annonces de la mise sur le marché de vaccins occidentaux contre la Covid-19 en novembre par Pfizer et BioNTech et rapidement ensuite d’autres laboratoires ont eu un impact immédiat sur les marchés financiers et de matières premières et donc pétroliers. D’autant plus que l’Opep+ a continué à manifester une unité étonnante en décidant au début de l’année de continuer à réduire la production. L’Arabie Saoudite a même fait un cadeau inattendu en ajoutant une baisse de production d’un million de barils par jour.

On peut ajouter à cela la perspective de voir le nouveau président américain, Joe Biden, faire adopter par le Congrès un plan de relance massif de 1.900 milliards de dollars. Il devrait doper la demande du premier consommateur mondial de pétrole. Et il n’y a pas que les Etats-Unis. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) prévoit dans son dernier rapport mensuel un rebond de la consommation mondiale de 5,5 millions de barils par jour (mbj) en 2021 à 96,6 mbj, après une chute de 8,8 mbj l’an dernier qui représente 9%.

Un baril à 65 dollars dans les prochains mois si la situation sanitaire ne se dégrade pas

Tout cela devrait se traduire par une poursuite de la remontée des cours du baril. Goldman Sachs anticipe des cours de 65 dollars pour le Brent d’ici la fin juin et de 60 dollars pour le WTI. «Avec le déploiement des vaccins dans le monde entier, la probabilité d’un resserrement du marché à partir du deuxième trimestre augmente tandis que le rebond de la demande teste la capacité des producteurs à redémarrer la production», écrit Jeffrey Currie, le responsable de la recherche sur les matières premières de Goldman Sachs.

Pour autant, les incertitudes économiques et surtout sanitaires restent grandes. La diffusion des variants du Covid-19 pourrait prolonger la pandémie dans plusieurs régions du monde dont l’Europe et les Etats-Unis et la relancer éventuellement en Asie. Par ailleurs, la demande de pétrole restera toujours inférieure en 2021 et peut-être encore en 2022 à celle de 2019. Pour certains groupes pétroliers comme BP, le déclin du pétrole est même maintenant durablement amorcé avec une baisse structurelles de la demande provenant des transports internationaux comme nationaux. Cela signifierait que le baril de Brent n’est pas prêt de retrouver son maximum de 2020, à 71,75 dollars le 8 janvier, et encore moins les sommets de plus de 145 dollars atteints avant la crise financière de 2008.

La rédaction