Transitions & Energies

Northvolt veut fabriquer des batteries aux Etats-Unis plutôt qu’en Allemagne à cause du coût de l’énergie


Entre des prix de l’énergie inférieurs de 30 à 40% et des subventions massives pour les technologies de la transition énergétique, les Etats-Unis sont devenus beaucoup plus attrayants pour les industriels que l’Europe. Northvolt, le spécialiste suédois des batteries lithium-ion pour véhicules électriques, l’a bien compris. Il envisage maintenant de construire aux Etats-Unis l’usine géante de batteries qui devait voir le jour en Allemagne. Les voitures électriques qui dans 12 ans seront les seules qu’on pourra acheter neuves en Europe pourraient très bien être fabriquées avant tout en Chine et aux Etats-Unis. En tout cas, leurs batteries, le composant d’un véhicule électrique ayant le plus de valeur.

L’Europe ne commence qu’à mesurer les conséquences industrielles et économiques de l’envolée des prix de l’énergie sur son sol et sur sa compétitivité Dernier exemple en date qui aura un impact sur la transition énergétique et plus particulièrement la filière automobile électrique, le groupe suédois de batteries électriques Northvolt pourrait abandonner son projet de 4,5 milliards d’euros de création de sa troisième usine géante de batteries lithium-ion en Allemagne. En lieur et place, Northvolt ira implanter sa nouvelle unité  de production aux Etats-Unis où l’énergie est bien moins chère. Le groupe suédois a déjà deux usines de fabrication de batteries, une en Suède et une en Pologne.

Le patron et cofondateur du groupe, Peter Carlsson, a déclaré à la fin de la semaine dernière au quotidien économique allemand Frankfurter Allgemeinen Zeitung qu’en raison de la crise énergétique et de subventions plus favorables aux Etats-Unis, l’installation d’une méga usine de batteries en Allemagne «pourrait être repoussée»… à des jours meilleurs.

Prix de l’énergie bien plus faibles et subventions massives

Northvolt avait pourtant annoncé en mars dernier lors d’une grande opération de communication la construction, à Heide dans le Schleswig-Holstein, d’une usine de batteries pouvant fournir un million de véhicules électriques par an. Elle devait ouvrir en 2025. Mais c’est une usine dont la consommation d’électricité est considérable et doit atteindre 2 terrawattheures par an. «Et avec les prix actuels de l’électricité, nous voyons la rentabilité des projets à forte intensité énergétique en Allemagne menacée», explique M. Carlsson.

Toujours d’après Peter Carlsson, le régime de subventions très avantageuses adopté cet été aux Etats-Unis plombe la compétitivité européenne. Washington a adopté un texte prévoyant des incitations fiscales pour les constructeurs automobiles si les batteries pour véhicules électriques sont fabriquées et assemblées aux Etats-Unis.

L’administration Biden a réussi à faire adopter en août dernier un plan d’investissements publics de 370 milliards de dollars pour favoriser la transition énergétique. Quelque 60 milliards de dollars seront consacrés à subventionner la fabrication d’éoliennes, de panneaux solaires et de véhicules électriques, y compris les batteries, sur le sol américain.

«Nous sommes maintenant à un point où nous pouvons donner la priorité à l’expansion aux États-Unis par rapport à l’Europe» a expliqué M. Carlsson. Il estime que le coût de production des batteries pourrait être inférieur de «30 à 40%» aux Etats-Unis. Impossible de résister. «Les États-Unis peuvent devenir le site le plus intéressant au monde pour la fabrication de cellules de batterie», a ajouté le Pdg de Northvolt, appelant l’Union Européenne a «contrebalancer les incitations financières américaines».

Il y a deux mois, le Wall Street Journal avait rapporté que l’américain Tesla doutait, pour les mêmes raisons, de son projet de 5,5 milliards de dollars de méga usine de batteries près de Berlin…

 

La rédaction