Transitions & Energies
Méthanier Wikimedia Commons

Le gouvernement se veut rassurant sur l’approvisionnement en électricité et en gaz l’hiver prochain


Contrairement à ce que déclarait encore au début de l’été le directeur exécutif de l’Agence internationale de l’énergie, Fatih Birol, et le directeur de l’autorité allemande de régulation de l’énergie, Klaus Mueller, l’exécutif français se veut rassurant sur l’approvisionnement en électricité et en gaz au cours de l’hiver prochain. A la fois, la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, et le Pdg d’EDF, Luc Rémont, ont fait part de leur confiance. Le parc nucléaire français a surmonté en grande partie, et plus rapidement que prévu, ses problèmes de maintenance, et la baisse de consommation d’énergies fossiles s’installe dans la durée.

Si l’Agence internationale de l’énergie (AIE) par la voix de son directeur exécutif, Fatih Birol, et le directeur de l’autorité allemande de régulation de l’énergie, Klaus Mueller, ont manifesté il y a moins de deux mois quelques inquiétudes sur l’approvisionnement de l’Europe cet hiver en gaz et en électricité, le gouvernement français se veut rassurant. Un contraste avec l’an dernier quand à la même période de l’année le gouvernement avait multiplié les prévisions alarmantes, les mises en garde et bombardé les Français avec des campagnes de communication les incitant à la sobriété.

Cette année, la France aborde l’hiver à venir « plus en sécurité » que l’an dernier pour son approvisionnement en énergies a expliqué le 29 août la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher.  « Nous sommes beaucoup plus en sécurité sur le plan de la production nucléaire que l’année dernière, et puis la consommation de gaz et d’électricité a baissé de 12% entre le 1er août 2022 et le 31 juillet 2023, ce qui est énorme, avec une part d’effet prix et une part de mobilisation des acteurs », a-t-elle déclaré lors d’un débat organisé par le Medef.

Autre « bonne nouvelle », les stocks de gaz européens sont déjà remplis en moyenne à près de 90% selon les données agrégées par Gas Infrastructure Europe, l’association regroupant les opérateurs européens d’infrastructures de gaz. Mais ls stocks ne permettent de couvrir qu’une partie de la consommation. La France, par exemple, dispose de 130 TWh de capacités de stockage souterrain de gaz naturel, moins d’un tiers de sa consommation annuelle qui s’établit à environ 450 TWh.

Economie de guerre

En tout cas, on a entendu le même discours optimiste du côté d’EDF, très soulagé d’avoir réussi à surmonter plus rapidement que prévu les problèmes de réparation et de maintenance d’une partie de son parc nucléaire. « Nous abordons l’hiver avec beaucoup plus de confiance que l’hiver précédent », a souligné Luc Rémont, le Pdg du groupe public. Il s’est au passage auto félicité « d’avoir pris le contrôle du problème industriel auquel nous avons fait face ». A savoir, la découverte à la fin de l’année 2021 sur certains types de réacteurs nucléaire de phénomènes de corrosion sous contrainte de certaines canalisations essentielles pour refroidir d’urgence les réacteurs en cas de problème. Des anomalies graves « traitées maintenant à échelle industrielle ».

Luc Rémont a tout de même fait preuve d’une certaine prudence : « nous abordons cet hiver avec sérénité. Cela ne veut pas dire qu’il faut arrêter la vigilance et les efforts de sobriété pour des raisons fondamentales… Sur les prix, nous restons dans une économie de guerre. L’effet de l’économie de guerre ne va pas totalement disparaître en 2024, mais elle a commencé à atterrir ».

Un marché du gaz qui reste fragile

Le Pdg de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, a aussi été plus nuancé reconnaissant que dans le domaine du gaz naturel notamment « on a un marché mondial fragile » parce que jusqu’en 2026 il n’y aura « pas d’augmentation de capacité de production majeure dans le gaz liquéfié (GNL) » devenue la seule source d’approvisionnement de l’Europe permettant de remplacer le gaz russe dont l’approvisionnement s’est tari depuis l’invasion de l’Ukraine. Patrick Pouyanné à conclu , « donc pour l’hiver 2023 je ne suis pas très inquiet mais il suffit qu’une usine se casse la figure quelque part pour qu’on en subisse les contrecoups sur les prix ».

Ce que les uns et les autres ont moins souligné est la baisse spectaculaire de la consommation d’énergies fossiles dans toute l’Europe en l’espace d’un an et demi. Une bonne nouvelle pour les balances commerciales et les émissions de gaz à effet de serre et une moins bonne pour l’activité économique et industrielle.

Une baisse spectaculaire de la production d’électricité par les centrales à charbon et à gaz

Ainsi, la proportion d’électricité produite à partir d’énergies fossiles est tombée à 33% dans l’Union Européenne au premier semestre de cette année, son plus bas niveau historique, indique dans un rapport publié le 30 août Ember, un Think tank dédié au climat et à l’énergie. Entre janvier et juin, « les énergies fossiles ont généré 410 TWh dans l’UE, soit la part la plus faible jamais enregistrée du mix électrique, à 33% » écrit Ember contre près de 36% pour l’ensemble des renouvelables, dont quelque 27% pour le solaire et l’éolien.

Principale raison : la demande d’électricité a baissé significativement, de la part des ménages et plus encore des industriels, et ce sont d’abord les centrales au charbon et au gaz qui ont été ralenties, réduisant leur part dans la production totale. La production d’électricité provenant de centrales au charbon ou gaz a baissé de 17% entre janvier et juin par rapport au premier semestre 2022. Cinq pays-membres de l’UE ont même connu une baisse supérieure à 30% (Portugal, Autriche, Bulgarie, Estonie, Finlande).

La rédaction