Transitions & Energies
Sidérurgie

Le gouvernement cherche à éviter l’arrêt de l’activité des entreprises touchées par l’envolée des prix de l’électricité


Disposer d’une électricité abondante et bon marché est un des rares atouts que possède encore l’industrie française, notamment grâce au nucléaire. L’envolée des prix de l’électricité dans toute l’Europe, déterminés y compris en France selon des règles aberrantes, menace d’effacer cet avantage. Plusieurs activités très dépendantes de l’électricité, comme la fabrication d’aluminium dont les dernières usines en Europe sont en France, sont menacées. Le gouvernement tente de trouver un moyen de les sauver.

Si les particuliers seront plutôt protégés de la hausse des prix de l’électricité cette année. Elle sera limitée pour ceux qui sont au tarif réglementé (70% des ménages) à 4%. Il n’en va pas de même des entreprises et cela engendre de sérieux problèmes. Notamment parce que des prix stables et bas de l’électricité assurés par la production nucléaire étaient un des derniers atouts de compétitivité de l’industrie française. La façon aberrante dont les prix de l’électricité sont fixés dans toute l’Europe est maintenant devenue une menace pour certaines activités électro intensives.

Le gouvernement essaye donc de trouver des solutions, notamment pour les activités très consommatrices d’électricité comme la métallurgie et qui préféreront fermer les usines temporairement pour éviter une hémorragie financière plutôt que de fabriquer à perte.

Aider les entreprises qui menacent d’arrêter de produire

«Si des entreprises ont des difficultés de trésorerie à cause de l’énergie, qu’elles prennent contact avec les services de l’Etat en région, parce que nous trouvons des solutions de trésorerie», a déclaré Agnès Pannier-Runacher la ministre déléguée chargée de l’Industrie au micro de BFM Business. Sur le marché spot, les prix de l’électricité ont été «multipliés par cinq» a-t-elle rappelé.

Elle a ajouté discuter avec EDF pour «voir ce qu’il est possible de faire» pour aider les entreprises qui menacent d’arrêter leur production «parce que cela devient insupportable économiquement de produire». Pour autant, aucune mesure «n’a encore été arrêtée» avec EDF. La ministre a aussi défendu les entreprises qui, «pour des raisons parfois tout à fait justifiées n’ont pas pu acheter leur électricité en avance».

Au début de la semaine, le Pdg d’EDF Jean-Bernard Levy les avait qualifiées «d’imprévoyantes» pour ne pas s’être «couvertes» face à la hausse des cours, tout en admettant qu’il allait falloir regarder «commercialement» ce qui peut être fait «pour des situations particulières».

Le faible coût de l’électricité en France pour les industriels, permis par le nucléaire, «est essentiel», et «explique que nous avons les deux derniers sites d’aluminium en fonctionnement en Europe, les autres se sont arrêtés», a relevé la ministre. Les usines d’aluminium et de métallurgie en général sont les plus grandes consommatrices d’électricité.

Un calendrier pour la construction des nouveaux EPR

Agnès Pannier-Runacher s’est aussi employée à rassurer EDF sur la «stratégie à long terme» de la France en matière de développement du nucléaire. «Nous prendrons nos responsabilités en tant qu’actionnaire» a-t-elle assuré. Le Pdg d’EDF a demandé à l’État de lancer d’urgence des actions «concrètes» pour la construction de nouveaux réacteurs nucléaires en France. «Le plus urgent est de lancer la dynamique autour de la construction notamment des réacteurs de Penly», le site de Seine-Maritime où devrait être construite la première paire de nouveaux EPR.

Bérangère Abba, secrétaire d’État auprès de la ministre de la Transition écologique, a apporté des précisions le 6 janvier devant le Sénat sur le calendrier de construction des nouveaux réacteurs. Ils devraient faire l’objet d’un dépôt de dossiers en 2023 pour une mise en service «en 2035-2037». Il s’agirait «d’EPR2, un modèle amélioré par rapport au retour d’expérience de construction des EPR précédents». Il faut dire que les accumulations de retards, de surcoûts et de malfaçons du chantier en France du seul EPR construit, à Flamanville dans la Manche, ont créé des doutes sur les capacités industrielles de la filière nucléaire.

EDF a remis à l’État au mois de mai une proposition pour construire six EPR de nouvelle génération pour une cinquantaine de milliards d’euros. La France se retrouve en fait dans l’obligation de renouveler une grande partie de son parc de réacteurs nucléaire même si elle ramène de 70% à 50% en 2035 la part d’électricité provenant de l’atome comme le prévoit la loi de transition énergétique. Le vieillissement d’un grand nombre de réacteurs ne laisse pas vraiment le choix. Ainsi, 52 des 56 réacteurs en service ont été construits dans les années 1970-1980. Tous arriveront en fin de vie d’ici 2040. Ils ont pour la plupart été construits sur le même modèle. Leurs composants ont été conçus à l’origine pour fonctionner quarante ans au minimum, ce qui ne veut pas dire qu’ils ne peuvent pas durer bien plus longtemps. Le travail de mise à niveau du parc a d’ailleurs commencé depuis 2015 et il se poursuit en ayant pris du retard. C’est une des raisons pour lesquels un nombre important de réacteurs sont aujourd’hui à l’arrêt.

La rédaction