Transitions & Energies
Tanker terminal pétrolier wikimedia commons

Les Etats-Unis décrètent un embargo sur le pétrole russe


La rumeur courrait depuis plusieurs jours et explique l’envolée des prix du baril depuis le début de la semaine. Les Etats-Unis sont passés à l’acte et Joe Biden a annoncé un embargo total et immédiat sur les produits pétroliers et gaziers russes. Le Royaume-Uni a annoncé suivre l’allié américain d’ici la fin de l’année. L’Europe n’est pas en état de le faire a reconnu Joe Biden ajoutant «nous travaillons étroitement avec l’Europe et nos partenaires pour mettre en place une stratégie de long terme afin de réduire leur dépendance vis-à-vis de l’énergie russe…». En attendant, les prix de l’énergie ne peuvent que continuer à monter dans le monde. «C’est le prix de la défense de la liberté et du soutien au peuple ukrainien» a déclaré le sénateur démocrate du Delaware Chris Coons.

Dans les sanctions prises contre la Russie après l’invasion de l’Ukraine par son armée, l’énergie avait été jusque-là épargnée. Ce n’est plus le cas maintenant. Sous la pression du Sénat et de la chambre des Représentants, le président des Etats-Unis Joe Biden a annoncé mardi 8 mars avoir ordonné un embargo sur les importations américaines de pétrole et de gaz russes. L’intention est de «porter un nouveau coup puissant à Poutine». «Nous ne contribuerons pas à subventionner la guerre de Poutine», a-t-il ajouté. La Russie est le deuxième producteur mondial de pétrole comme de gaz.

L’Europe est incapable de se passer du pétrole et du gaz russe

La décision a été prise «en coordination étroite» avec les alliés des Etats-Unis même si l’Europe n’a pas l’intention dans l’immédiat de décréter un embargo sur les importations d’énergies fossiles russes, pétrole et gaz. Il faut dire que l’Europe est incapable de s’en passer puisque les importations russes assurent 40% de ses besoins en gaz naturel et 30% de pétrole. «Nous pouvons prendre cette décision, alors que d’autres ne le peuvent pas» a reconnu et expliqué Joe Biden. «Mais nous travaillons étroitement avec l’Europe et nos partenaires pour mettre en place une stratégie de long terme afin de réduire leur dépendance vis-à-vis de l’énergie russe… Nous restons unis dans notre intention de maintenir une pression croissante sur Poutine et sa machine de guerre», a ajouté le chef de l’Etat américain.

Selon un plan d’urgence établit par l’Agence internationale de l’énergie, l’Europe ne sera pas capable de réduire de beaucoup plus d’un tiers ses importations de gaz russe en 2022 et mettra plusieurs années avant de pouvoir s’en passer en subissant des hausses de prix importantes. Il est relativement plus facile de trouver des substituts au pétrole russe qu’au gaz russe. Ce qui n’est pas du tout un problème pour les Etats-Unis.

Les Etats-Unis sont les premiers producteurs mondiaux de pétrole et de gaz et exportateurs nets d’énergie, c’est-à-dire qu’ils produisent plus de pétrole et de gaz qu’ils n’en consomment. Le pétrole russe ne représente que 8% des importations américaines et 4% de la consommation de produits pétroliers aux Etats-Unis, qui par ailleurs n’importent pas de gaz russe.

«Le prix de la défense de la liberté et du soutien au peuple ukrainien»

«Nous allons voir une augmentation des prix du carburant ici aux Etats-Unis», a prévenu, sur la chaîne CNN, le sénateur démocrate du Delaware Chris Coons, et «en Europe, ils vont voir des hausses spectaculaires. C’est le prix de la défense de la liberté et du soutien au peuple ukrainien».

Les cours du baril avaient flirté lundi 7 mars avec le seuil des 140 dollars, proche de leur plus haut historique de 147,50 dollars. Après un reflux, ils sont repartis à la hausse à l’annonce de l’embargo américain pour terminer la journée autour de 130 dollars pour la qualité Brent et 125 dollars pour le WTI (West Texas Intermediate).

Les Etats-Unis ont été rejoints par le Royaume-Uni qui a annoncé arrêter d’ici la fin de l’année  2022 les importations de brut et produits pétroliers russes a annoncé Kwasi Kwarteng, ministre britannique des Entreprises et de l’énergie. «Cette transition va donner au marché, aux entreprises et à la chaine d’approvisionnement plus qu’assez de temps pour remplacer les importations russes, qui représentent 8% de la demande britannique», a déclaré M. Kwarteng.

«Le Royaume-Uni est un producteur important de pétrole et produits pétroliers et nous disposons également de larges réserves. Au-delà de la Russie, la vaste majorité de nos importations vient de partenaires fiables comme les États-Unis, les Pays-Bas et (les pays) du Golfe», a-t-il ajouté. Il a également souligné le fait que le marché pétrolier a déjà «commencé à ostraciser le pétrole russe, avec près de 70% déjà incapable de trouver acheteur».

La rédaction