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Efficacité énergétique, le retard grandit


L’Agence internationale de l’énergie alerte à nouveau sur le fait que les progrès en matière d’économie d’énergie ne sont pas suffisamment rapides pour atteindre les objectifs climatiques. Il s’agit pourtant du moyen le plus facile et le plus économique de réduire les émissions de gaz à effet de serre

Pour s’approcher des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, l’efficacité énergétique, la capacité à faire plus avec moins d’énergie, est un élément clé. Dans tout les scénarios, les projections, et les calculs plus ou moins réalistes et plus ou moins utopiques, les économies d’énergie jouent un rôle clé. Sans cela, compte tenu des besoins en énergie et des technologies disponibles pour décarboner, les objectifs n’ont aucune chance d’être atteints.

Le moyen le plus économique de décarboner les économies

Le problème est que si l’efficacité énergétique s’améliore depuis deux décennies, notamment dans les pays développés, les progrès sont beaucoup trop lents pour correspondre aux différents scénarios concoctés dans leurs bureaux par les experts. L’Agence Internationale de l’Energie (AIE) alerte à nouveau sur cette question dans un rapport publié il y a une semaine. Les progrès d’efficacité énergétique dans le monde devraient plus que «doubler par rapport aux niveaux actuels» pour espérer atteindre la neutralité carbone en 2050, prévient l’AIE.

L’AIE considère «l’efficacité énergétique comme le moyen le plus propre et, dans la plupart des cas, le moins cher pour répondre à nos besoins énergétiques», explique le directeur exécutif de l’Agence Fatih Birol.

Et une «expansion rapide des technologies et des solutions qui permettent une utilisation plus efficace de l’énergie dans les économies est indispensable pour que les engagements climatiques soient atteignables», écrit l’AIE dans son rapport.

Au cours des 5 dernières années, l’intensité énergétique a été réduite de 1,3% par an selon l’Agence, soit près de 3 fois moins que l’évolution jugée nécessaire par l’AIE dans son rapport Net Zero Emissions by 2050. Dans ce rapport de commande rendu public avant la COP26, la possibilité d’atteindre zéro émissions nettes en 2050 passe notamment par une baisse de 4,2% par an de l’intensité énergétique entre 2020 et 2030. Nous sommes très loin du compte.

Au cours de la dernière décennie, les progrès réels de l’intensité énergétique des économies sont insuffisants pour cadrer avec le scénario vers zéro émissions nettes en 2050 de l’Agence internationale de l’énergie.

L’intensité énergétique désigne, pour une zone donnée, la quantité d’énergie consommée par rapport au produit intérieur brut (PIB). Le niveau d’intensité énergétique dépend entre autres de la structure de l’économie considérée (et notamment du poids des services et des industries intensives en énergie comme la sidérurgie), des politiques de maîtrise de la consommation mises en œuvre mais aussi de facteurs climatiques ou du niveau de vie de la population.

En 2021, l’intensité énergétique mondiale pourrait être réduite (c’est-à-dire s’améliorer) de 1,9% selon les dernières estimations de l’AIE, alors qu’elle n’avait diminué que de 0,5% en 2020.

Des investissements très insuffisants

Selon les estimations de l’AIE, les investissements permettant d’améliorer l’efficacité énergétique dans le monde pourraient augmenter de 10% en 2021 (par rapport à 2020) et atteindre presque 300 milliards de dollars. Mais selon l’Agence, cela est très insuffisant. Il faudrait «que ces investissements triplent d’ici 2030 pour atteindre les objectifs climatiques».

L’AIE mentionne une quarantaine de mesures dans l’industrie, les transports et le bâtiment, sans lesquelles la consommation d’énergie finale dans le monde pourrait être plus élevée de 30% en 2030. Citons entre autres l’objectif de massivement développer les pompes à chaleur dans les bâtiments, la limitation à 100 km/h de la vitesse sur autoroutes à l’horizon 2030 ou encore le remplacement des vols régionaux par des trains à grande vitesse.

La rédaction