<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Le déclin du pétrole de schiste américain n’est pas pour tout de suite

28 juin 2024

Temps de lecture : 3 minutes
Photo : Puit de pétrole Wikimedia
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Le déclin du pétrole de schiste américain n’est pas pour tout de suite

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Pour contrôler les prix du pétrole, le cartel Opep+ mène depuis plusieurs années une stratégie qui consiste à limiter son offre et sa production. Il s’agit de pousser les cours du baril pour qu’ils atteignent des niveaux permettant de financer les considérables besoins budgétaires des pays qui mènent le cartel, à savoir l’Arabie Saoudite et la Russie. Une stratégie relativement peu efficace parce qu’elle limite de fait les recettes pétrolières des pays membres du cartel, notamment quand dans le même temps plusieurs pays producteurs extérieurs à l’Opep+ ne cessent d’augmenter leur production. C’est notamment le cas du premier producteur mondial, les Etats-Unis, avec leur pétrole de schiste. Et contrairement aux espoirs de l’Opep+, cette situation pourrait perdurer encore quelques années.

L’exploitation massive aux Etats-Unis du pétrole de schiste a totalement changé le marché pétrolier. Cela a permis aux Etats-Unis de redevenir, cinquante ans après, le premier producteur mondial de pétrole et de ne plus dépendre des importations venues du Moyen-Orient. Cela a donné l’opportunité à la première puissance mondiale de se désengager, ou de tenter de se désengager…, du Moyen-Orient. L’autre impact de l’exploitation massive du pétrole de schiste a été de limiter la capacité du cartel Opep+ à peser sur les cours du baril en restreignant l’offre.  Et contrairement aux espoirs de l’Opep+ cette situation va encore perdurer quelques années. C’est en tout cas la conclusion d’une note de la banque HSBC intitulée : « Sous-estimez le pétrole de schiste américain à vos risques et périls ». Rappelons que l’Opep+ regroupe les 13 pays de l’Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) historique menés par l’Arabie Saoudite et leurs dix pays alliés menés par la Russie.

Une augmentation de la production de pétrole de schiste jusqu’en 2028

Et comme l’illustre le dernier rapport de la Statistical Review of World Energy (Revue statistique de l’énergie mondiale), le pétrole reste de loin la première source d’énergie primaire et a assuré l’an dernier 31,7% de la consommation énergétique mondiale. Toujours selon les chiffres de la Statistical Review of World Energy, les Etats-Unis ont largement dominé le marché pétrolier en 2023 avec 20,1% de la production devant l’Arabie saoudite (11,8%) et la Russie (11,5%).

Pour en revenir au pétrole de schiste, la note de HSBC estime que les producteurs de pétrole de schiste américains seront encore capables d’augmenter leur production au moins jusqu’en 2028 et cela même si le nombre de puits en exploitation baisse tout comme l’exploration de nouvelles ressources. Pour HSBC, la clé de l’augmentation de la production est technologique et financière. La vague de consolidation dans le secteur américain du pétrole de schiste fait que les progrès techniques et l’amélioration des techniques de forage et de fracturation se généralisent.

Record historique de production

« Certains espèrent que le schiste américain atteindra bientôt son apogée, et l’OPEP+ espère que ce sera le cas, car cela permettrait au groupe de commencer à renoncer enfin à réduire son offre » écrivent les analystes de BSBC. Mais « le schiste américain pourrait continuer à croître au cours des 3 à 4 prochaines années ».

Ils estiment que la production de pétrole issue des gisements de schiste américains pourrait encore augmenter d’environ 400.000 barils par jour l’année prochaine, avec une croissance plus lente par la suite. Pour rappel, les Etats-Unis ont battu l’an dernier leur record historique de production de pétrole.

Deux transactions récentes illustrent les limites de la stratégie de contrôle des prix du pétrole menée par l’Opep+. ConocoPhillips, la plus grande société américaine d’exploration et de production, a annoncé le rachat pour 23 milliards de dollars de la compagnie Marathon Oil. Un jour plus tard, l’Arabie Saoudite a annoncé la mise sur le marché d’une nouvelle tranche du capital de sa compagnie pétrolière nationale, Aramco, pour un peu plus de 11 milliards de dollars pour faire face aux besoins budgétaires du pays.

Les besoins financiers saoudiens

L’opération de Conoco illustre la consolidation du secteur de la production de pétrole et de gaz de schiste aux États-Unis. Dans le bassin Permien, la principale source de production du pétrole de schiste américain, six entreprises contrôlent aujourd’hui 62% des ressources.

Dans l’autre camp, celui de l’Opep+, l’essentiel de l’activité consiste à tenter de gérer et contrôler les prix du pétrole et des actions des compagnies nationales. L’introduction en Bourse d’Aramco en 2019 avait été dans ce domaine une opération spectaculaire. Il s’agit de loin de la plus puissante compagnie pétrolière au monde qui produit environ 9 millions de barils par jour et possède des réserves de l’ordre de 259 milliards de barils. L’Arabie saoudite avait opté pour une vente essentiellement nationale d’une petite partie du capital d’Aramco pour pouvoir afficher une valorisation arbitraire de la société de 2.000 milliards de dollars. Mais la dernière vente d’actions, cette fois principalement destinée à des acheteurs étrangers, s’est faite à un cours inférieur à celui de 2019 ramenant la capitalisation d’Aramco autour de 1.800 milliards de dollars.

« Aramco possède des actifs de la plus haute qualité, son rendement sur le capital investi est deux ou trois fois supérieur à celui des compagnies pétrolières occidentales », a expliqué Allen Good, analyste de Morningstar au Financial Times. Il a toutefois ajouté que la croissance et le contrôle de la société par le gouvernement saoudien suscitent des craintes. « Il est toujours possible que le gouvernement prenne des décisions qui ne sont pas nécessairement dans l’intérêt des actionnaires minoritaires ».

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