Transitions & Energies
La future île artificielle danoise

Le Danemark va construire une gigantesque île artificielle pour servir de relais aux éoliennes marines


Un centre énergétique artificiel, installé en mer du Nord à 80 kilomètres des côtes danoises, a pour ambition de distribuer de l’électricité provenant de parcs éoliens marins à dix millions de foyers en Europe. Il produira également de l’hydrogène vert afin de stocker une partie de l’électricité  produite et de fournir des carburants pour la navigation, l’aviation, l’industrie et les transports lourds. Il s’agit du plus grand projet de construction de l’histoire du Danemark qui est une puissance de l’éolien. Le premier fabricant au monde d’éoliennes, Vestas, est danois.

Le développement de l’éolien terrestre devient aujourd’hui de plus en plus compliqué. Il se heurte un peu partout en Europe à une opposition de plus en plus farouche des populations locales. Par ailleurs, les terrains disponibles sont de moins en moins nombreux. En plus, les performances techniques des éoliennes terrestres sont limitées en terme à la fois de puissance installée et de temps de fonctionnement effectif, inférieur à 25% en France. Cela explique pourquoi l’éolien marin bénéficie depuis quelques temps de toutes les attentions. Les installations sont plus importantes, plus puissantes et se heurtent à des oppositions plus limitées. En France, l’éolien marin longtemps négligé commence à exister mais c’est le cas surtout dans le nord de l’Europe où il bénéficie de vents réguliers et d’investissements importants depuis des années. L’Union européenne en a fait une priorité et annonce vouloir multiplier par 25 la capacité de production de l’énergie éolienne en mer d’ici 2050. La mer du Nord devrait être le fer de lance de cette stratégie éolienne marine et produire d’ici 2040 pas moins de 150 gigawatts (GW) d’électricité, de quoi alimenter en théorie 150 millions de foyers.

Le Danemark, un précurseur et une puissance éolienne

Le Danemark qui bénéficie de vents très favorables, réguliers et puissants, est le précurseur de l’éolien marin. Il a construit son premier parc il y a trente ans. Il entend aujourd’hui rester un des acteurs majeurs de cette énergie et  de continuer à en faire un atout économique. Le numéro un mondial de la fabrication d’éoliennes, Vestas, est danois tout comme le développeur de parcs éoliens offshore Orsted, une entreprise détenue en majorité par l’Etat danois. Le pays va ainsi construire en mer du nord une gigantesque île artificielle qui sera un centre énergétique dédié à la diffusion et au stockage de l’électricité provenant de plusieurs parcs géants comptant des centaines d’éoliennes marines. Ce projet, qui existe depuis plusieurs années et vient d’être lancé, a pour ambition de répondre aux besoins en électricité de plusieurs millions de foyers européens.

Le ministère du climat, de l’énergie et des services publics danois a annoncé qu’à terme le centre énergétique, installé en mer du Nord à 80 kilomètres des côtes de la péninsule du Jutland, pourra répondre aux besoins de 10 millions de ménages en fournissant 10 GW. Selon le ministre danois du climat, Dan Jørgensen, il s’agit du plus grand projet de construction de l’histoire du Danemark.

Une autre île en mer Baltique

L’île devrait avoir une superficie de 120.000 m2 et être capable, dans une première phase, de fournir 3 GW d’électricité à 3 millions de foyers au Danemark, aux Pays-Bas et en Allemagne. Elle commencera a être opérationnelle en 2023. Elle intégrera aussi des électrolyseurs pour fabriquer avec l’électricité éolienne de l’hydrogène. Celui-ci permettra de stocker de l’électricité pour faire face à la demande dans les périodes de vents faibles et servira également à terme de carburant pour la navigation, l’aviation, l’industrie et les transports lourds.

La construction de l’île artificielle devrait coûter 210 milliards de couronnes danoises soit 28,25 milliards d’euros. Il s’agit d’un partenariat public-privé associant l’État danois et plusieurs groupes privés. Le Danemark a l’intention de créer d’ici 2030 une autre centre énergétique similaire dans la mer Baltique mais sur une île existante, celle de Bornholm.

La rédaction