Transitions & Energies
Parc d'éoliennes marines

La France ne veut pas de l’éolien marin


L’éolien marin se développe depuis des années au Royaume-Uni, dans toute l’Europe du nord, aux Pays-Bas et en Allemagne, mais n’existe pas en France tant il se heurte à des résistances. On compte aujourd’hui près de 6.000 éoliennes terrestres en France et seulement… une éolienne flottante, un prototype installé au large de Nantes en 2018. En 2010, un rapport parlementaire soulignait que, pour mettre en oeuvre les conclusions du Grenelle de l’Environnement, il faudrait installer 9.000 éoliennes en France avant 2020, dont quelque 1.200 en mer. A ce jour, aucune machine en mer n’est opérationnelle!

Le Royaume-Uni compte à lui seul 1.900 éoliennes offshore, l’Allemagne 1.300 et le Danemark plus de 500. En mer du Nord, les éoliennes produisent l’équivalent de 18 réacteurs nucléaires de type EPR. On peut donc parler d’un véritable blocage en France

En 2011, tandis que neuf pays européens avaient déjà installés une cinquantaine de parcs offshore, la France lançait ses premiers appels d’offres. Mais c’est seulement début 2016 que les projets de parcs éoliens au large de Saint-Nazaire, de Courseulles-sur-mer et de Fécamp recevaient un avis favorable des commissions d’enquêtes publiques. Et il allait s’en suivre une multitude de recours…

Ainsi, le pays qui détient la deuxième surface maritime mondiale avec 11 millions de kilomètres carrés et quatre façades maritimes en métropole qui représentent le deuxième potentiel exploitable en Europe ne veut pas des éoliennes marines. L’importance des investissements nécessaires, les doutes sur la rentabilité et plus encore les lourdeurs et l’inefficacité administratives, la multitude de recours et l’opposition d’associations environnementales freinent les initiatives. Et puis la volonté politique nationale comme locale n’existe pas ou n’existait. L’éolien offshore n’intéresse ni les gouvernements, ni les régions, ni EDF qui protège ces centrales nucléaires. Mais les choses sont, peut-être, en train de changer.

A la mi-juin, François de Rugy, qui était alors encore ministre de la Transition écologique, a lancé officiellement à Saint-Nazaire le projet de premier parc éolien en mer. Quelques 80 éoliennes devraient produire de l’électricité d’ici 2022 au large de Saint-Nazaire. Elles fourniront 20% des besoins du département de Loire-Atlantique. Au même moment, le ministre de l’Environnement annonçait que le groupement EDF Renouvelables, Innogy et Enbridge, était retenu pour la construction et l’exploitation d’un parc éolien offshore au large de Dunkerque. Il comprendra 45 éoliennes et fournira 500.000 foyers en électricité à partir de 2026 avec un coût inférieur à 50 euros le MWh. Le 24 juillet, le Conseil d’Etat a rejeté les deux derniers recours contre la création d’un parc éolien à Saint-Brieuc, en Bretagne. Il sera situé à 16 kilomètres des côtes et comportera 62 éoliennes de 216 mètres de haut.

Pour les opposants aux parcs éoliens, il faut différencier les eaux où sont implantées les éoliennes ailleurs en Europe, notamment la mer Baltique et la mer du Nord où le trafic maritime est très dense, qui sont déjà très polluées et ont des fonds peu poissonneux, des côtes françaises de Normandie et de Bretagne. Des arguments qui sont contestés.

«Il y a plus de 4.000 éoliennes installées en mer du Nord, s’il y avait de graves impacts, on l’aurait vu, on aurait assez de recul» affirme à RFI Antoine Carlier, chercheur à l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer).

Pour les partisans de l’éolien maritime, créer un parc permettrait même de créer un récif artificiel et aiderait le milieu marin à se développer. Les pêcheurs ont en tout cas obtenu des pouvoirs publics de pouvoir naviguer au sein des différents parcs. Les mâts d’éoliennes seront alignés de façon à ce que les chalutiers puissent draguer entre les allées d’éoliennes.

Mais ce qui pourrait vraiment changer la donne, c’est l’éolien flottant. Les structures ne sont plus implantées dans le sol au fond de l’océan mais sur des structures flottantes ancrées. Cela permet de positionner des parcs bien plus au large des côtes et d’exploiter un potentiel bien plus important. Et tout cela, loin des yeux…

La rédaction