Transitions & Energies

La Chine est devenue le premier exportateur mondial de voitures


Le raz de marée annoncé des véhicules électriques chinois ne fait que commencer. Illustration, la Chine est devenue cette année au premier semestre le premier exportateur mondial de voitures devant le Japon et l’Allemagne.

C’est une révolution qui vient de produire dans le monde de l’automobile même si elle est passée plutôt inaperçue. Selon les données d’Automotive News Europe, la Chine est devenue le premier exportateur mondial de voitures, détrônant le Japon qui occupait cette place depuis de nombreuses années. Et tout cela est avant tout lié au basculement vers les véhicules électriques à batteries. En imposant cette technologie aux constructeurs et aux consommateurs, les gouvernements et institutions de l’Union Européenne ont offert un cadeau presque inespéré à l’industrie automobile chinoise.

Ainsi, les derniers chiffres publiés par l’Association des constructeurs automobiles japonais montrent que les exportations de véhicules produits au Japon ont augmenté de 17% en glissement annuel au cours des six premiers mois de 2023, atteignant environ 2,02 millions d’unités. Mais la Chine a fait encore bien mieux. Selon les données de l’Association chinoise des constructeurs automobiles, les exportations de voitures du pays au cours des six premiers mois de l’année 2023 ont augmenté de 77% au premier semestre cette année par rapport à la même période de 2022 à 2,34 millions d’unités. En 2022, avec une progression déjà impressionnante de 54% de ses exportations de véhicules (à 3,1 millions d’unités), la Chine était déjà passée en deuxième position devant l’Allemagne.

Toujours selon l’Association chinoise des constructeurs automobiles, la progression en valeur des exportations est encore plus spectaculaire puisqu’elle a atteint au premier semestre de cette année 110% par rapport à la même période 2022 à 46,4 milliards de dollars.

La stratégie de l’industrie chinoise pour dominer un marché mondial est toujours la même. Il s’agit de subventionner massivement avec de l’argent public une filière entière, de lui permettre de développer technologies et moyens de production avec des investissements presque illimités, de conquérir le marché chinois et fort de cette base de détruire ensuite la concurrence avec une production massive et des prix contre lesquels les producteurs étrangers ne peuvent lutter. Au passage, le contrôle des sources d’approvisionnement de composants et de matières premières facilite les choses.

L’avenir sombre des constructeurs européens traditionnels

Ainsi, la rupture technologique imposée en Europe revient à détruire les avantages technologique et économiques qui ont permis aux constructeurs traditionnels européens de prospérer et de survivre au fil des décennies. Mais aujourd’hui, ses avantages sont devenus des handicaps. Voilà pourquoi les nouveaux entrants sur le marché comme le Chinois BYD et l’Américain Tesla dominent d’ores et déjà les constructeurs traditionnels.

L’an dernier, les deux premiers fabricants de véhicules électriques dans le monde n’étaient pas des constructeurs traditionnels, mais le Chinois BYD et l’Américain Tesla. Et une floppée de jeunes entreprises chinoises comme SAIC, Geely, Li Auto, Nio, Xpeng… suivent.

Une domination écrasante du marché des batteries

Et ce n’est qu’un début. La fabrication des batteries et de leurs composants est dominée par la Chine. Six des dix principaux fabricants mondiaux de cellules pour batteries lithium-ion sont chinois et fournissent 76% des batteries, 86% des anodes et 69% des cathodes. Et la Chine contrôle également la production et le raffinage des métaux et minéraux dits stratégiques indispensables à la fabrication des batteries comme le lithium, le cobalt, le nickel, le graphite.

D’ici 2030, l’Europe a pour ambition d’assurer 25% de la production mondiale de batteries… contre 3% en 2020. Reste à être capable d’alimenter les usines en métaux stratégiques. Les besoins de cobalt et de graphite devraient doubler d’ici la fin de la décennie en Europe à respectivement 83.000 et 610.000 tonnes par an. Et la demande de lithium devrait décupler à 61.000 tonnes. Dans ces trois filières, la Chine domine totalement le marché -première productrice et souvent première consommatrice- en ayant mis la main sur de nombreux sites d’extraction minière et en multipliant sur son sol les usines de raffinage.

L’Europe et les Etats-Unis ont pris et vont prendre des mesures protectionnistes pour sauver leur industrie et leurs emplois. Mais les constructeurs chinois devraient trouver la parade en installant des usines en Europe et aux États-Unis, c’est déjà le cas notamment avec SAIC via MG qui envisage de le faire en Allemagne, en France ou en Espagne en faisant monter les enchères des aides publiques et autres subventions. BYD devrait faire de même d’ici quelques mois…

La rédaction