Transitions & Energies

Pour BMW, les consommateurs européens ne veulent pas de voiture électrique à batterie


«Il n’y a pas de demande des consommateurs pour des véhicules électriques à batterie. Aucune». Le directeur du développement de BMW, Klaus Frölich, qui a longtemps dirigé celui des véhicules électriques, a fait sensation la semaine dernière lors d’une table ronde à Munich en tenant ses propos. Il a tout simplement dit tout haut ce que les constructeurs automobiles disent tout bas depuis des mois. Ils s’étaient bien gardés de rendre leurs jugements publics de peur des conséquences dans l’opinion auprès des écologistes et des réactions des gouvernements. «Il y a des demandes de la part des régulateurs de véhicules électriques à batteries, mais pas de demande des consommateurs», a-t-il insisté.

Pour Klaus Frölich, ce n’est pas un problème de capacités de production ni même d’offre. Avec ses véhicules électriques i3 lancés en 2013, BMW est un pionnier de l’électrique à batterie. «Si nous avons besoin d’une offre importante et nous avons des raisons de le faire, nous pouvons inonder l’Europe de voitires électriques à batterie et en vendre un million, mais les Européens ne vont pas les acheter. D’après ce que nous voyons, les voitures électriques à batterie sont pour la Chine et la Californie et partout ailleurs les hybrides rechargeables avec une bonne autonomie purement électrique sont plus adaptées», a ajouté M. Frölich.

Pour M. Frölich, si le consommateur européen traine les pieds, c’est parce qu’il ne veut pas prendre de risques tandis que les infrastructures de rechargement ne sont pas au niveau nécessaire et que la possibilité de revendre à terme un véhicule électrique à batterie reste une inconnue. «Nous poussons ces véhicules [voitures électrique à batterie] sur le marché, mais il n’en veut pas. Nous pouvons en fournir à tout le monde, mais ils ne vont pas les acheter».

«Nous pensons que les hybrides rechargeables sont la meilleure option… Les Européens rechignent à acheter des électriques à batterie car ils ont moins de voitures dans leur garage que les acheteurs de BMW aux Etats-Unis. Aux Etats-Unis, ils peuvent avoir différents véhicules pour différents besoins comme des pickup, des SUV et des voitures plus petites. Souvent, les ménages en Europe ont une seule voiture. L’hybride rechargeable leur donne une totale liberté et 80 kilomètres d’autonomie purement électrique».

BMW a programmé le lancement de 25 nouveaux modèles, hybrides rechargeables et purement électriques d’ici 2025. Mais le constructeur allemand n’est pas lui-même convaincu qu’il existe un marché en Europe pour ses véhicules, notamment purement électriques. «La seule façon de changer les choses dépend des gouvernements. Les pays où les électriques à batterie se vendent bien sont ceux qui donnent les plus grands avantages aux acheteurs. «A Munich, le kWh coûte 50 centimes d’euro, un quatre cylindres diesel est plus économique», affirme Klaus Frölich.

Il a également balayé l’argument de l’autonomie trop faible des véhicules purement électriques. «La question de l’autonomie est purement et uniquement économique. Elle dépend de combien vous pouvez et voulez dépenser. Il faut payer pour l’autonomie. La différence entre 350 kilomètres et 600 kilomètres, c’est 10.000 euros. Mettez les deux véhicules en vente et voyez qui va acheter le plus cher… Pas grand monde.»

Enfin, pour le responsable du développement de BMW, le volume des ventes de véhicules électriques et hybrides devrait être de 30% du total dans le monde en 2025. Pas plus. Il pense que la Russie, le Moyen Orient, l’ouest et le centre de la Chine, faute notamment d’infrastructures de rechargement, achèteront massivement des véhicules thermiques pendant encore au moins 10 à 15 ans.

La rédaction