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Pour BMW, l’avenir de l’automobile est à l’hydrogène et… au moteur thermique!


Les dirigeants du constructeur automobile allemand BMW ont une liberté de parole et d’opinions assez rares dans le monde automobile. L’an dernier déjà, le Directeur de la recherche et du développement, Klaus Frölich, avait déclenché une polémique en expliquant que les consommateurs européens n’avaient aucun intérêt pour les véhicules électriques.

Les dirigeants du constructeur automobile allemand BMW ont une liberté de parole et d’opinions assez rares dans le monde automobile. L’an dernier déjà, le Directeur de la recherche et du développement, Klaus Frölich, avait déclenché une polémique en expliquant que les consommateurs européens n’avaient aucun intérêt pour les véhicules électriques. Il disait tout haut ce que la plupart des industriels pensaient tout bas. «Il n’y a pas de demande des consommateurs pour des véhicules électriques à batterie. Aucune. Il y a des demandes de la part des régulateurs de véhicules électriques à batteries, mais pas des consommateurs», avait-il affirmé.

Même si BMW produit des véhicules électriques à batterie comme l’i3 et l’i8 et va lancer de nouveaux modèles, Klaus Frölich vient de rappeler la même réalité dans une longue interview accordée à Automotive News avec des arguments plus développés sur les limitations techniques et économiques des véhicules électriques à batterie. D’abord, les voitures électriques coûtent plus chères à fabriquer que leurs équivalents à moteur thermique à cause des prix des matières premières nécessaires à leurs batteries. Klaus Frölich pense que cela ne changera pas, bien au contraire. Il  explique que les prix de ces matières premières pourraient même augmenter au fur et à mesure de la progression de la demande.

Limites techniques et économiques de la voiture électrique à batterie

L’autre problème majeur vient du temps de recharge des véhicules électriques à batterie et de leur autonomie dans la vie réelle. Il explique que les constructeurs ne sont pas prêts de proposer des voitures avec des temps de recharge approchant ceux des voitures thermiques, pour la bonne et simple raison qu’une recharge trop rapide peut user la batterie en seulement quelques années (deux ou trois ans selon lui). Il faudrait limiter les recharges rapides à une toutes les 20 recharges. Il ajoute que BMW, qui a 500.000 véhicules électriques sur la route, constate que la recharge se fait au domicile où au travail, rarement ailleurs.

Ces limitations du véhicule électrique à batterie sont la raison pour laquelle, l’avenir du véhicule électrique se trouve, pour le Directeur de la recherche et du développement de BMW, à court terme, du côté des hybrides rechargeables et plus encore, à moyen terme, du côté de l’hydrogène et de la pile à combustible. Au lieu d’être alimenté par des batteries, le moteur électrique à hydrogène est alimenté par une pile à combustible qui fabrique de l’électricité avec l’hydrogène contenu dans son réservoir. La recharge se fait en quelques minutes et l’autonomie n’est plus un problème. Cette technologie reste onéreuse, mais BMW estime que les coûts seront réduits grâce au développement de la seconde génération de véhicules à pile à combustible. Le constructeur travaille avec Toyota sur l’hydrogène et proposera bientôt ses gros SUV, X6 et X7, avec cette motorisation.

Pour Klaus Frölich, l’hydrogène deviendra une vraie alternative à partir de 2025, notamment pour les gros véhicules et plus particulièrement les camions et les utilitaires. Il souligne que cela n’a aucun sens d’électrifier un gros camion en réduisant, du fait du poids des batteries, sa charge utile de 6 à 7 tonnes. Il ajoute qu’avec 200 stations d’hydrogène sur les autoroutes vous pouvez alimenter des flottes de milliers de véhicules à hydrogène.

20 ans encore pour le diesel et 30 ans pour l’essence

Et puis Klaus Frölich croit encore au moteur thermique pour ses performances incomparables même s’il doit s’adapter radicalement aux nécessités de réduire ses émissions. BMW n’abandonnera pas avant des décennies les moteurs à combustion et compte ne cesser de les moderniser et de les adapter. Le constructeur munichois a ainsi décidé de rationaliser son offre en commençant par supprimer deux moteurs diesels, le 1,5 litre trois cylindres ainsi que le six cylindres de 400 chevaux avec ses quatre turbos. Les autres blocs, quatre et six cylindres diesels, seront maintenus en vie pendant 20 ans. Pour les moteurs à essence, l’horizon va jusqu’à 30 ans. Et cela même si les très gros moteurs comme les V8 et plus encore les V12 disparaîtront, faute de pouvoir être mis en conformité à des coûts acceptables. Le V8 devrait être remplacé par un six cylindres hybride rechargeable qui fournit 600 chevaux… Quant au V12, vendu seulement à quelques milliers d’exemplaires pas an pour des voitures de prestige, il ne sera pas remplacé.

La rédaction