Le chantier du réacteur nucléaire de dernière génération, EPR, de Flamanville dans la Manche, a été une succession de déconvenues, d’erreurs, de surcoûts et de retards. Au point d’avoir créé des doutes, toujours présents, sur la capacité de la filière nucléaire française et plus encore d’EDF, à se remettre de deux décennies d’abandon et même de sabotage parfois par les pouvoirs publics. Ce qui est d’autant plus dommageable que la France a lancé un programme de construction de six nouveaux EPR2, et peut-être un jour huit supplémentaires.
Mais le cauchemar du chantier du réacteur numéro 3 de Flamanville est peut-être enfin terminé. L’EPR (voir la photographie ci-dessus le premier en partant de la gauche) a fonctionné pour la première fois à 80% de sa puissance, soit 1.200 MW, a annoncé le 12 novembre EDF qui vise la pleine puissance « d’ici la fin de l’automne ». Maintenant, il faut rester prudent car pour avoir un fonctionnement régulier et à plein régime il faudra encore remédier à un problème de fond, le changement du couvercle de la cuve du réacteur qui présente des anomalies… Cela sera fait en septembre 2026 avec un arrêt de près d’une année (350 jours) dit révision complète qui permettra aussi le changement du combustible chargé en mai 2024 et « des optimisations sur des matériels, notamment le refroidissement des réacteurs, avec des modifications du design et des matériaux » a expliqué Sébastien Miossec, directeur délégué production d’EDF. C’est seulement à l’issue de cette visite complète que le réacteur numéro 3 de la centrale de Flamanville sera pleinement opérationnel.
Rien n’aura été épargné à cet EPR, des malfaçons du béton, des malfaçons des canalisations, des problèmes de soupapes et donc des anomalies du couvercle de la cuve… Rappelons que la cuve d’un réacteur, pas son couvercle, est le seul élément qui n’est jamais changé et doit donc supporter 60 ans ou même 80 ans de bombardement atomique.
Une reprise satisfaisante des essais
Le premier réacteur nucléaire à démarrer en France depuis 25 ans, a été raccordé une première fois au réseau électrique le 21 décembre 2024, avec 12 ans de retard par rapport à la date prévue et… a connu ensuite quelques problèmes de montée en puissance. Par rapport au devis initial, sous-estimé de façon scandaleuse, de 3,3 milliards d’euros, son coût de fabrication est aujourd’hui évalué à 23,7 milliards d’euros.
En tout cas, depuis la reconnexion en octobre dernier au réseau électrique du réacteur à l’issue de plus de 4 mois d’arrêt, la reprise des essais menés à 60% de puissance, s’est révélée totalement satisfaisante et a permis de passer à l’étape suivante des tests et de donner « le feu vert (…) à cette montée à 80% », s’est félicité Sébastien Miossec. Le réacteur a été arrêté entre mi-juin et mi-octobre pour mener des opérations de maintenance après la découverte d’un problème de fuite sur des soupapes.
Puissance maximum avant la fin de l’automne
Les équipes d’EDF vont désormais mener différents essais à ce palier de 80% avant de demander à l’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR) l’autorisation d’atteindre « le niveau de puissance maximum visé toujours avant la fin de l’automne 2025 ». Sa puissance théorique est de 1.620 MW en fait le réacteur français le plus puissant d’un parc de 57 aujourd’hui opérationnels, après la fermeture des deux réacteurs de la centrale de Fessenheim.
Dans un rapport en date du 30 septembre, la Commission de régulation de l’énergie (CRE), a annoncé qu’EDF lui a communiqué une hypothèse de puissance maximale plus basse de 1.585 MW, « inférieure de 35 MW à la puissance déclarée dans le cadre des données publiques ». EDF précise aujourd’hui qu’il s’agit du « bas de la fourchette », disant espérer atteindre les 1.620 MW. Et tout le monde sait que la CRE fait partie des institutions au sein de l’Etat qui mènent une guerre larvée contre EDF et l’énergie nucléaire. La puissance définitive de l’EPR de Flamanville ne sera connue que lorsque le réacteur aura été « amené à sa pleine puissance », a expliqué Sébastien Miossec en donnant rendez-vous « d’ici la fin de l’automne » pour connaître le « verdict ».














