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Oslo Wikimedia Commons

Voitures électriques en Norvège: beaucoup de subventions et peu de résultats


Le pays considéré comme l’exemple à suivre en matière de véhicules électriques n’est pas si vertueux que cela. Les subventions et les aides massives à l’achat de voitures électriques ont transformé le marché, mais pas beaucoup diminué les émissions de gaz à effet de serre.

La Norvège est le pays modèle de la voiture électrique à batteries. Profitant avec une certaine hypocrisie de la richesse tirée de ces exportations de pétrole, le pays subventionne massivement depuis des années les véhicules électriques et a obtenu des résultats spectaculaires. On peut parler de «greenwashing» à l’échelle nationale. Les voitures électriques représentent pas moins de 60% des ventes de véhicules neufs, record du monde. A Oslo, les Tesla, Nissan Leaf et Renault Zoe sont omniprésentes et se bousculent d’ailleurs pour occuper les bornes de recharge.

Souvent moins coûteuses à l’achat que des voitures à moteur thermique

Il y a une règle universelle concernant les voitures électriques. Pour qu’elles représentent une part significative du marché des véhicules neufs, il faut qu’elles soient fortement subventionnées. C’est vrai en Chine, en Allemagne, en France et… en Norvège. Dans ce domaine, ce petit pays bat aussi tous les records. Pour donner un ordre d’idées, voilà ce que le gouvernement et les autorités locales offrent aux acheteurs de véhicules électriques: les péages gratuits sur les autoroutes, l’exemption de la TVA qui est de 25%, l’exemption des taxes à l’importation, l’exemption de toutes les vignettes et taxes, des tarifs d’assurance privilégiés, des places de parking gratuites ou à des tarifs préférentiels et des tickets gratuits pour utiliser les ferries. On peut y ajouter l’autorisation dans de nombreuses villes d’emprunter les voies de bus.

Résultat, les voitures électriques sont devenues souvent moins chères à l’achat que celles à moteurs thermiques et évidemment beaucoup moins coûteuses à l’usage. Pour prendre un exemple, une Volkswagen Golf de milieu de gamme à essence coûte à l’achat en Norvège 36.600 euros. La e-Golf électrique revient à 25.300 euros. Il faudrait donc être stupide pour ne pas choisir l’électrique, qui en plus est souvent un deuxième voire un troisième véhicule.

Une efficacité limitée sur les émissions de gaz à effet de serre

Maintenant, cette politique est-elle efficace? Pas vraiment. Non seulement cela coûte très cher à l’Etat norvégien, mais la réduction des émissions de gaz à effet de serre est loin d’être spectaculaire… La vraie question consiste à savoir si l’argent public investit dans les voitures électriques par le biais des subventions et des baisses de recettes fiscales n’aurait pas été mieux employé en développant et améliorant les transports en commun, en rendant plus efficace et plus propre le chauffage urbain, en augmentant l’isolation des bâtiments, en accélérant la transition du transport maritime…

Selon les calculs effectués il y a deux ans par le site de fact-checking, faktisk.no, les subventions pour les voitures électriques représentaient annuellement 5,8 milliards de couronnes, environ 5,5 milliards d’euros. Cette somme est à mettre en rapport avec une population de 5,4 millions d’habitants. Surtout que son efficacité est limitée.

Les émissions de gaz à effet de serre liées au transport routier ont diminué de seulement 10% entre 2014 et 2018 sachant que la baisse de consommation moyenne des véhicules à moteur thermique a également joué un rôle.

En fait, ce qu’il se passe en Norvège est que le nombre de voitures en circulation a sensiblement augmenté au cours des dernières années. Les véhicules électriques ne remplacent pas ceux à moteur thermique, ils viennent s’y ajouter. Les acheteurs profitent des opportunités, c’est tout. Plus gênant encore, les voitures électriques déculpabilisent ceux qui les utilisent et préfèrent la voiture individuelle aux transports en commun. Conclusion, il n’y a pas de réponses simples aux questions de transports et aux relations à la fois rationnelles et irrationnelles entre les conducteurs et leurs voitures.

La rédaction