<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Voitures électriques: la Cour des comptes européenne met en garde contre les errements de la stratégie bruxelloise

21 juin 2023

Temps de lecture : 3 minutes
Photo : Batteries sur roues
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Voitures électriques: la Cour des comptes européenne met en garde contre les errements de la stratégie bruxelloise

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La Cour des comptes européenne dénonce les faiblesses de la stratégie européenne en matière de production de batteries électriques et met sérieusement en doute la possibilité de se passer de véhicules neufs à moteurs thermiques d’ici 2035. Le nœud du problème est le risque de pénuries de matières premières dites stratégiques pour fabriquer les batteries et la dépendance européenne à leurs importations. Cela ne sert à rien de multiplier les usines géantes de batteries, si elles n’ont pas accès aux matières premières pour les fabriquer. Comme l'écrit la Cour : « l’UE doit être plus attentive aux dures réalités géopolitiques et économiques… ».

Elles sont peu nombreuses les voix qui osent mettre en cause la stratégie européenne en matière de transports routiers et plus particulièrement le fait d’imposer à l’industrie et aux consommateurs le passage aux véhicules électriques à batteries en à peine plus d’une décennie. Non seulement, cette stratégie présente de sérieuses faiblesses sur la réalité de la diminution des émissions de gaz à effet de serre, compte tenu notamment de l’empreinte carbone des centaines de kilos de batteries embarquées dans chaque véhicule, mais elle crée une cascade de problèmes industriels, économiques, financiers et sociaux. C’est ce que dénonce la Cour des comptes européenne dans un rapport rendu public le 19 juin.

A la suite d’un audit approfondi, la Cour considère que la fin de la vente de véhicules neufs à essence ou diesel d’ici 2035 est presque impossible. L’institution ne croit pas que la stratégie industrielle européenne en matière de batteries électriques a la moindre chance de succès. Les auditeurs envisagent deux scénarios. Soit, l’Europe sera contrainte de reculer l’interdiction de vente de véhicules thermiques neufs au-delà de 2035. Soit elle s’entête et se refuse, comme souvent, à reconnaître ses erreurs et devra augmenter les importations chinoises ou américaines de véhicules ce qui aura des conséquences catastrophiques pour la survie de l’industrie automobile européenne. Et selon les auditeurs, les chances d’éviter l’un des deux scénarios « sont faibles ».  « En prévoyant d’interdire les voitures neuves à essence ou diesel d’ici à 2035, l’UE mise gros sur les batteries. Mais elle n’a pas toutes les cartes en main ».

Une dépendance insurmontable aux matières premières indispensables à la fabrication des batteries

« Quasiment chaque semaine, une nouvelle giga-usine de batteries est annoncée en Europe », explique la responsable de l’audit, la Belge Annemie Turtelboom. Pour autant, « les chances que l’UE devienne un leader mondial de la production de batteries ne semblent pas grandes… Nous sommes confrontés au risque de voir l’UE rater son objectif » de n’autoriser la vente sur son sol d’ici 2035 que de voitures neuves électriques à batteries ou de ne pouvoir « atteindre cet objectif que par l’importation de batteries ou de véhicules électriques, ce qui nuirait à l’industrie européenne… L’UE ne doit pas se retrouver avec les batteries dans la même position de dépendance que celle qu’elle a eue avec le gaz envers la Russie », a mis en garde Annemie Turtelboom.

La Cour européenne des comptes met en avant les conséquences minorées par les institutions européennes, Commission et Parlement, de pénuries à venir de matières premières dites stratégiques et de la dépendance de l’UE à leurs importations. « L’UE doit être plus attentive aux dures réalités géopolitiques et économiques… A brève échéance, la production européenne de batteries sera confrontée à une pénurie mondiale de matières premières essentielles ». Pour cinq matières premières indispensables à la fabrication des batteries (cobalt, nickel, lithium, manganèse, graphite naturel), l’UE est dépendante à 78% des importations. Elle importe 87% du lithium brut d’Australie, 80% du manganèse d’Afrique du Sud et du Gabon, 68% du cobalt brut du Congo et 40% du graphite brut de Chine.

Conséquences sociales

Le rapport souligne que « les dispositions contractuelles actuellement prévues en matières premières ne permettent généralement de garantir la production que pendant deux ou trois ans »,

Quant à l’extraction de minerais sur le sol européen, s’il existe bien du lithium au Portugal et en France, il y a « en moyenne de 12 à 16 ans entre la découverte et le début de la production ». Sans compter le fait que toutes les matières premières nécessaires à la production de batteries ne sont pas présentes dans le sol européen.

La Cour met aussi en garde contre les conséquences sociales du passage contraint et forcé aux véhicules électriques. « Avec l’augmentation du coût de facteurs de production tels que l’énergie et les matières premières, les batteries et par conséquent les véhicules électriques pourraient devenir inabordables pour un grand nombre de propriétaires » entraînant « une baisse de la demande de véhicules électriques et une diminution de l’intérêt économique des investissements dans des installations de production ».

Enfin, la Cour pointe le manque de coordination et d’uniformisation des financements pour la fabrication de batteries et de véhicules électriques. Une situation qui pourrait « pousser les producteurs à privilégier d’autres pays, et notamment les États-Unis », qui avec la loi votée à l’été 2022 baptisée Inflation Reduction Act, ont mis en place de très importantes incitations financières à la production sur leur sol de batteries et de véhicules électriques.

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