Transitions & Energies

Une vieille mine de charbon américaine vendue 2 millions de dollars, contient pour des dizaines de milliards de terres rares


Les Etats-Unis ont découvert dans une vielle mine de charbon dans le Wyoming un gisement considérable et inespéré de terres rares. Vendue 2 millions de dollars en 2012, la mine pourrait en valoir aujourd’hui 37 milliards… Une bénédiction pour le propriétaire de la mine et pour les Etats-Unis très préoccupés par la mainmise de l’industrie chinoise sur l’exploitation et plus encore le raffinage des terres rares, indispensables aux équipements de la transition énergétique, notamment les moteurs électriques, les turbines d’éoliennes, les semi-conducteurs et les batteries.

Lorsqu’en 2012, Randall Atkins, ex-banquier de Wall Street, achète pour deux millions de dollars l’ancienne mine de charbon de Brooke au nord de la petite ville de Sheridan, dans le Wyoming, son intention est d’exploiter les réserves encore accessibles. C’est ce que fait sa société Ramaco Resources, spécialisée dans le charbon destiné à la métallurgie. Dix ans plus tard, les prospections menées par des scientifiques du National Energy Technology Laboratory (Laboratoire national des technologies et de l’énergie) ont découvert au fond de cette mine des richesses insoupçonnées. Elle recèle des dépôts considérables de terres rares, ses métaux indispensables à la transition énergétique et aussi au numérique. Les mines de charbon recèlent parfois des dépôts de terres rares. Mais là à une échelle presque sans précédent.

Première découverte de terres rares aux Etats-Unis depuis 1952

La  mine de Brooke est tout simplement le plus grand gisement dit non conventionnel de terres rares des États-Unis. Il est aussi le premier découvert sur le sol américain depuis 1952. Des terres rares indispensable pour la fabrication des semi-conducteurs, des moteurs électriques, des batteries, des turbines d’éoliennes… Et des terres rares dont la Chine a acquis aujourd’hui le monopole de l’exploitation et plus encore du raffinage.

La taille des dépôts découverts dans la mine de Randall Atkins est telle, 1,1 million de tonnes d’oxydes de terres rares, qu’aux cours actuels ils représentent une valeur de 37 milliards de dollars selon le Wall Street Journal. Pour donner un ordre d’idée de ce que représente 1,1 million de tonnes, la consommation annuelle d’oxydes de terres rares par les Etats-Unis est de « seulement » 8.300 tonnes selon les données du U.S. Geological Survey. La mine contiendrait notamment du néodyme, du praséodyme, du dysprosium et du terbium. Certains métaux se trouvent dans le charbon lui-même, mais la plupart se trouvent dans les argiles et les matériaux riches en carbone qui se trouvent au-dessus et au-dessous des veines de charbon.

Rattraper le retard face à la Chine

Ramaco Resources, société basée dans le Kentucky, qui exploite des mines de charbon en Virgine et Virginie occidentale n’a ni les moyens financiers ni les capacités techniques pour exploiter seule les terres rares de sa mine. Après tout, cette société n’ait valorisé en Bourse que 620 millions de dollars. Ce qui devrait changer rapidement. Mais plutôt que de vendre son trésor, Randall Atkins, 71 ans, entrepreneur à l’américaine, entend trouver des partenaires pour développer sa société. Il ambitionne non seulement d’exploiter les terres rares mais aussi de les raffiner dans une usine construite sur le site.

La mine de Brooke est ainsi une bénédiction à la fois pour Randall Atkins et aussi pour les États-Unis. Elle devrait leur permettre, de façon inespérée, de rattraper leur retard face à la Chine dans l’exploitation des terres rares. Dans la guerre commerciale qui oppose les deux superpuissances, Pékin a déjà dégainé l’arme des terres rares en limitant ses exportations de gallium et de germanium. Une réplique au protectionnisme de fait instauré aux Etats-Unis par la loi baptisée Inflation Reduction Act (IRA) adoptée par le Congrès à l’été 2022.

La rédaction