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Sondage, les Français favorables aux renouvelables, mais loin de chez eux


Un sondage réalisé en avril 2019 par BVA sur les Français et le nucléaire était effrayant tant il affichait une méconnaissance totale de cette énergie par l’opinion. Ainsi, dans l’esprit de la grande majorité des personnes interrogées (69%), les centrales nucléaires contribuaient au réchauffement de la planète. Ce qui est totalement faux. Les émissions de gaz à effet de serre des centrales nucléaires, qui posent d’autres problèmes, sont minimes. Elles correspondent à 12 grammes par kWh produit, l’équivalent de ce que rejettent dans l’atmosphère les éoliennes (11 grammes)! Et compte tenu du mode de fabrication des panneaux photovoltaïques très coûteux en énergie, le solaire en produit quatre fois plus par kWh (45 grammes).

Tout aussi préoccupant, les moins bien informés étaient les plus jeunes. Toujours selon le sondage BVA, 86% des 18-34 ans interrogés jugeaient le nucléaire néfaste pour le climat. Encore plus surprenant, pour 10% des personnes interrogées, le pétrole et le gaz contribuaient moins que le nucléaire à l’effet de serre, et pour 11% d’entre elles le charbon était plus propre que l’atome…

Favorables avant tout au solaire

La 6ème enquête «Les Français et l’environnement» publiée par l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), est tout de même plus rassurante sur le niveau d’information et de compréhension des Français sur les questions d’énergie. Et l’Ademe, qui milite intensivement pour les renouvelables, allant jusqu’à construire une étude très controversée sur la possibilité d’un modèle 100% renouvelables, obtient des résultats qui lui conviennent et qu’elle peut mettre en avant.

Il ressort que, selon le sondage OpinionWay, près de 94% des Français sont «tout à fait» ou «plutôt» favorables au développement des renouvelables. Lorsqu’il est demandé de citer les énergies renouvelables qu’elles connaissent, les personnes interrogées mentionnent spontanément l’énergie éolienne (55% des réponses) et l’énergie solaire (51%). L’hydroélectricité, de loin la principale filière renouvelable productrice d’électricité, n’est en revanche citée que par 24% des sondés.

L’énergie solaire est «perçue comme l’énergie recensant le plus de qualités». Elle est notamment désignée par les Français comme l’énergie «qui assure le plus d’indépendance énergétique» (33%), un contresens avec l’importation obligée de tous les panneaux photovoltaïques, «la moins dangereuse» (32%) ou encore «la moins polluante» (32%). L’énergie nucléaire est jugée comme étant «la plus performante» (29% des réponses). Les personnes interrogées citent donc logiquement le solaire comme «l’énergie à développer en priorité» loin devant la géothermie, l’éolien et l’énergie des mers.

Des installations d’accord, mais pas à proximité

Interrogés sur les avantages que procurent les énergies renouvelables, les Français répondent, pour 64% d’entre eux, qu’elles «permettent de lutter contre le réchauffement climatique» et pour 59% qu’elles «évitent la pollution de l’air, des sols et de l’eau». Près de 56% des Français sont par ailleurs rassurés par leur caractère «inépuisable».

Les Français soulignent également les inconvénients des énergies renouvelables: la moitié des personnes interrogées estime que «l’investissement est trop élevé» et 47% déplorent que «certaines ne permettent pas une énergie disponible en permanence, car elles sont intermittentes». Près d’un tiers des Français jugent par ailleurs qu’elles ne sont «pas vraiment écologiques», en raison des matériaux utilisés pour leur fabrication, ou qu’elles «ont des impacts négatifs sur les paysages et sur la biodiversité».

Sans surprise, si les sondés sont donc favorables aux renouvelables, ils le sont à condition que les installations soient loin de chez eux… Seules 45% des personnes interrogées répondent qu’elles accepteraient «qu’un parc de 5 à 10 éoliennes soit installé à moins d’un kilomètre de chez elles». La réglementation fixe comme limite minimum 500 mètres. Ceux qui refusent évoquent le bruit comme principale raison pour les éoliennes et les odeurs dans le cas d’installations de méthanisation.

Pour «passer d’une énergie classique à une énergie renouvelable», près de 32% des Français ne seraient pas disposés à «payer plus cher» selon l’enquête de l’Ademe tandis que 22% des sondés indiquent être prêts à accepter une augmentation de leur facture supérieure à 10%, avant tout les catégories socio-professionnelles supérieures et les jeunes. On retrouve assez bien dans ces réponses, la France coupée en deux entre les métropoles et la périphérie.

Enfin, l’autonomie énergétique «ne cesse de progresser» dans l’opinion puisque selon l’Ademe: «68% seraient intéressés par l’autoproduction d’électricité photovoltaïque même si cela devait coûter plus cher».

La rédaction