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RTE sème la confusion sur la fourniture d’électricité dans les prochaines semaines


A force de faire de la politique, à la fois de se couvrir pour ne pas être accusé d’avoir caché la vérité aux Français et de se vouloir également relativement rassurant, RTE, le réseau de transport d’électricité, dit tout et son contraire. La situation est pourtant simple. Si les températures baissent sensiblement dans les prochaines semaines, le pays ne pourra pas faire face à ses besoins d’électricité et il y aura des coupures. On le sait depuis des mois.

A force de communiquer en permanence et d’être au gré des circonstances rassurant ou alarmiste pour éviter d’être accusé un jour d’avoir trompé les Français, RTE (le réseau de transport d’électricité) a fini par semer la confusion.  Xavier Piechaczyk, président du directoire de RTE, a ainsi répété jeudi 1er décembre sur Franceinfo qu’«il y a un risque de quelques jours d’EcoWatt rouges sur l’ensemble de l’hiver», c’est-à-dire de coupures de courant. «Mais ça dépend essentiellement de la météo», ce qui est aussi annoncé depuis plusieurs mois. Si l’hiver est rigoureux et les Français contraints de faire fonctionner intensément les radiateurs électriques l’équilibre du réseau sera menacé.

Le signal rouge de la plateforme EcoWatt gérée par RTE prévient d’un risque de coupures trois jours avant en fonction notamment des prévisions météorologiques.. «Des coupures électriques sont inévitables si la consommation d’électricité ne diminue pas dans ces créneaux» explique RTE.

Depuis des années, RTE annonce que les capacités de production électriques sont insuffisantes

Xavier Piechaczyk a aussi rappelé, ce que RTE annonce depuis des années, que la France n’est pas capable de faire face aux pics de consommation d’électricité en hiver du fait de capacités de production insuffisantes liées à la fois aux retards de maintenance et d’entretien du parc de réacteurs nucléaires par EDF et à l’incapacité politique depuis près de deux décennies d’anticiper les besoins. RTE est d’ailleurs assez mal placé pour donner des leçons alors qu’il prévoyait de façon aberrante il y a encore quelques années une baisse de la consommation électrique en France. Sachant que la transition énergétique passe au contraire par une électrification des usages, notamment dans les transports et l’industrie, et donc par une consommation plus importante.

Le développement exclusif depuis plusieurs années de capacités de production renouvelables intermittentes, éoliennes et solaires, n’a pas non plus arrangé la situation. Car au cœur de l’hiver, le solaire produit très peu et l’éolien n’est pas plus performant. Les périodes de grand froid se produisent quand un anticyclone est installé sur une partie de l’Europe et qu’il y a alors peu de vent.

Compter sur nos voisins

Compte tenu de tout cela, la France sera «très importatrice d’électricité cet hiver» a expliqué Xavier Piechaczyk. La France a une capacité physique d’importation de 15 GW (Gigawatts). Ce qui qui n’empêchera pas les risques de coupures car si une vague de froid touche la France, elle affectera aussi une partie des pays voisins qui nous approvisionnent à savoir l’Allemagne, le Royaume-Uni, le Benelux et l’Espagne. L’accord conclut la semaine dernière entre la France et l’Allemagne pour échanger du gaz contre l’électricité n’y changera rien.

«Aujourd’hui, on est à 35 GW (de capacité nucléaire disponible) au 1er décembre, l’objectif c’est d’atteindre 40-41 GW au 1er janvier, et de finir le mois de janvier autour de 43 GW, sur 61 GW de capacité nucléaire installée», a ajouté Xavier Piechaczyk. Et il s’est dit «assez confiant» sur la capacité d’EDF à tenir cette trajectoire.

Mais le président du directoire de RTE a continué à souffler le chaud et le froid soulignant qu’il s’agit bien d’«une situation à risque mais il ne faut pas considérer ces coupures comme une fatalité» et il a appelé à baisser la consommation. Elle a d’ailleurs diminué de 6,7% la semaine dernière par rapport à la moyenne des années précédentes (2014-2019), une baisse «largement concentrée dans le secteur industriel». Ce qui n’est pas forcément une bonne nouvelle… sauf pour RTE.

La rédaction