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Pourquoi le rhodium est devenu le métal le plus cher au monde


Le métal le plus spéculatif est le plus cher au monde n’est pas l’or ou le platine, il a pour nom rhodium. Il est utilisé avant tout par l’industrie automobile dans les pots d’échappement catalytiques. Avec les nouvelles normes antipollution plus strictes, la demande en rhodium s’est envolée au cours des dernières années.

Oubliez l’or, le platine et même le palladium, le métal le plus spéculatif et le plus cher au monde a pour nom rhodium. Son prix a été multiplié par seize au cours des quatre dernières années et il s’échange depuis quelques jours pour la première fois depuis 2008, année marquée par la grande spéculation sur les matières premières avant la crise financière et économique, à plus de 10.000 dollars l’once Troy (33,1 grammes). Il est six fois plus cher que l’or et ses cours sont quatre fois plus élevés que ceux du Palladium, métal spéculatif s’il en est. Inconnu du grand public, le rhodium est comme l’explique l’agence Bloomberg, utilisé avant tout par l’industrie automobile dans les convertisseurs catalytiques et est ainsi essentiel dans les équipements permettant de réduire les émissions de gaz toxiques des pots d’échappement.

Tout comme le palladium, le rhodium est un sous-produit de l’exploitation minière du platine et du nickel. Mais il s’agit d’un marché encore plus étroit et donc plus sensible aux fluctuations de l’offre et de la demande. Avec les nouvelles normes antipollution plus strictes, la demande en rhodium s’est envolée au cours des dernières années provoquant une hausse continue des prix. La spéculation s’est aussi emparée de ce métal. Pour donner un ordre d’idée, le rhodium s’échangeait au début de l’année à 6.050 dollars l’once avant de gagner depuis plus de 4.000 dollars en un mois!

La demande de rhodium est en fait en constante augmentation depuis le «dieselgate», le scandale du logiciel truqueur sur les émissions polluantes des véhicules diesel du groupe Volkswagen. Il a incité les acheteurs à privilégier les véhicules à essence dont les pots catalytiques contiennent du platine, du palladium… et du rhodium. L’automobile, représente plus de 80% de la demande de rhodium et le reste provient de la joaillerie.

Achats asiatiques et spéculation forcenée

«Le principal moteur de la hausse du mois de janvier a été la demande en provenance d’Asie, qui pourrait être également liée à l’automobile», a expliqué à Bloomberg Andres Daniel, trader pour le raffineur Heraeus Holding. Cela a permis au rhodium d’atteindre jeudi 23 janvier 10.250 dollars et de battre ainsi son cours record de 2008 de 10.100 dollars l’once. Il s’échangeait encore le 31 janvier à 10.165 dollars. Même les craintes sur le commerce mondial et la croissance chinoise, liées notamment à l’épidémie du Coronavirus, ne semblent pas avoir de prise sur les cours du Rhodium.

Il faut dire que le marché du rhodium est particulier. Il est difficile d’investir dans ce métal, qui ne s’échange pas sur les Bourses, et qui est produit en très faible quantité, 23 tonnes en 2017 (soit 63 kilos par jour). Il faut acheter directement des barres ou des pièces de rhodium. Autre paramètre, l’essentiel de la production de rhodium, plus de 80%, provient d’Afrique du sud. Elle est souvent interrompue, comme l’an dernier, par des mouvements sociaux et des grèves ou quand le pays souffre de coupures de courant.

«Le rhodium pourrait continuer à augmenter pendant un certain temps encore, car le renforcement de la législation sur les émissions compense la baisse des ventes d’automobile dans le monde», soulignent les analystes d’Heraeus, interrogés par la chaîne américaine CNBC. Illustration supplémentaire de l’intérêt grandissant pour le Rhodium et aussi pour le Palladium, les vols de pots catalytiques qui en contiennent sont en très forte augmentation, notamment au Royaume-Uni selon la BBC.

La rédaction