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Station service hydrogène Wikimedia Commons

Le plan de l’Afhypac pour développer une filière hydrogène en France


Si la France ne veut pas se laisser distancer dans la course à l’hydrogène comme carburant de substitution au pétrole et au gaz, elle doit mettre en place rapidement un plan d’investissement ambitieux. L’Afhypac, l’association professionnelle qui défend la filière hydrogène en France, vient de rendre publiques ses propositions.

Pour ne pas se laisser distancer irrémédiablement par la Chine, la Corée du sud, le Japon et l’Allemagne, la France affiche aujourd’hui, et depuis quelques semaines, des ambitions nouvelles dans l’hydrogène. Faut-il encore que les intentions et les discours se transforment en réalité. Car les pays qui ont décidé de construire des économies de l’hydrogène ont annoncé des investissements publics qui se chiffrent en milliards. Pour l’Allemagne, il s’agit, par exemple, de 9 milliards d’euros.

Un plan sur dix ans de 24 milliards d’euros d’investissements

«Ce vecteur énergétique permet de conjuguer décarbonation et réindustrialisation. Les premiers à investir significativement seront les grands gagnants d’une compétition mondiale récemment engagée.» Le message de l’Afhypac (Association française pour l’hydrogène et les piles à combustible) est clair. L’association professionnelle qui défend la filière hydrogène en France a décidé de profiter du moment, qui semble enfin favorable, pour proposer une feuille de route permettant de développer la production et l’utilisation d’hydrogène au cours de la prochaine décennie. Et il s’agit évidemment d’hydrogène vert, produit sans émissions de CO2 avec de l’électricité renouvelable ou nucléaire. Cette étude rendue publique le 23 juillet a le  grand mérite de mettre des chiffres en face du développement de l’hydrogène en France et de mettre les pouvoirs publics et les entreprises et les investisseurs privés de la filière face à leurs responsabilités.

Le plan de l’Afhypac consiste à mettre en service en France d’ici 2030 des électrolyseurs, pour fabriquer comme leur nom l’indique par électrolyse avec de l’électricité non carbonée, de l’hydrogène pour un total de 7 GW et également des unités de capture et de stockage du CO2 dans les raffineries qui produisent aujourd’hui de l’hydrogène «sale» à partir de gaz naturel. L’ambition est de produire d’ici 2030 au moins 700.000 tonnes d’hydrogène vert par an. Mais cela nécessitera pas moins 24 milliards d’euros d’investissements sur la période et ils ne se feront pas si l’Etat ne donne pas l’impulsion et ne garantit pas un cadre favorable aux acteurs de l’hydrogène.

Le rôle essentiel de l’Etat

Selon les calculs de l’Afhypac, sur les 24 milliards d’euros l’Etat devrait apporter en dix ans 6,7 milliards sous forme d’investissements et 3,6 milliards de soutien à la production d’hydrogène bas carbone. Cela devrait se traduire d’ici 2030 par «300.000 véhicules légers, 5.000 véhicules lourds, 250 trains et  1.000 bateaux alimentés par un total de 1.000 stations de recharge».

Pour réussir à construire une économie de l’hydrogène, qui est aujourd’hui en l’état de la technologie la seule alternative aux carburants fossiles pour le transport de marchandises à longue distance et pour de nombreuses activités industrielles, l’Afhypac fait également douze recommandations.

Parmi celles-ci, on peut mettre en avant:

-L’aide à l’acquisition de véhicules à hydrogène.

-La traçabilité de l’hydrogène produit.

-Un mécanisme de soutien à la production d’hydrogène renouvelable ou bas carbone.

-La mise en place de l’infrastructure de recharge nécessaire pour le déploiement à grande échelle de la mobilité hydrogène.

-Le soutien à la filière française à l’exportation dans les futurs marchés de l’hydrogène.

-La mise en place d’une gouvernance pour structurer le déploiement de l’hydrogène en France.

Le plan de l’Afhypac se veut une base de discussion et une façon de mobiliser les acteurs du secteur et le gouvernement. Mais l’hydrogène vert est une technologie naissante dont le rendement énergétique est faible et dont les coûts sont économiquement difficiles à supporter. Elle a aussi de nombreux adversaires à commencer par les constructeurs automobiles qui ont investi des dizaines de milliards dans les véhicules électriques à batteries et les producteurs d’électricité pour qui le stockage par hydrogène changerait la façon de fonctionner de leurs réseaux en leur donnant une certaine flexibilité par rapport à la production. Le «lobby» de l’hydrogène a jusqu’à aujourd’hui et en France toujours perdu. On devrait savoir dans les prochains mois si les choses changent.

La rédaction