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Nucléaire: la mise en service de l’EPR de Flamanville pourra se faire jusqu’en 2024


Le gouvernement a prolongé le délai légal de mise en service du réacteur nucléaire EPR de Flamanville à 2024. Une nécessité administrative, juridique et technique tant les déboires se sont accumulés sur ce chantier maudit.

La malédiction du chantier de l’EPR, réacteur nucléaire de troisième génération, de Flamanville (Manche) n’a toujours pas été levée. Pour preuve, par un décret publié au Journal officiel le 27 mars, le gouvernement a prolongé le délai maximal de mise en service du réacteur. D’un point de vue administratif et même légal, les pouvoirs publics n’avaient plus le choix. Le décret d’origine, pris en 2007, il y a 13 ans… prévoyait une durée maximale pour le chargement du combustible dans le réacteur en avril 2020. La date butoir est reportée à 2024 et il n’y a pas vraiment de surprise tant ce chantier a accumulé de retards, de déboires, de malfaçons, d’erreurs, de surcoûts et même de dissimulations. Et pendant ce temps-là, la Chine a construit deux EPR aujourd’hui en service et qui fonctionnent parfaitement.

L’EPR de Flamanville, dont la construction a donc commencé en 2007, devait initialement entrer en service en 2012 et coûter 3,3 milliards d’euros. Il devrait, si tout se passe bien, entrer en service en 2023 ou plutôt en 2024 et son coût de fabrication sera alors compris entre 13 et 14 milliards d’euros. Les problèmes n’ont cessé de se succéder. Au point que l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) s’est à plusieurs reprises publiquement interrogée sur la perte dramatique de savoir-faire et de compétence de l’industrie française.

Faire valider la technologie utilisée pour réparer les soudures défectueuses

Parmi les plus graves malfaçons de Flamanville, on peut citer des fissures dans le béton constatées en 2008 et puis en 2011.  En 2015, il est apparu que le couvercle et le fond de la cuve du réacteur présentaient des défauts. L’ASN avait alors accepté que le couvercle soit changé en 2024. A l’époque, cela aurait dû être quelques années après l’entrée en service du réacteur. Mais un autre problème, encore plus grave, est apparu publiquement l’an dernier. La nécessité de refaire des soudures très importantes pour la sécurité du réacteur qui ne sont pas aux normes de solidité et de qualités exigées et inscrites dans le cahier des charges. Parmi celles-ci, il y a notamment huit soudures essentielles qui se trouvent sur les tuyauteries principales d’évacuation de la vapeur du réacteur nucléaire vers les turbines. La «traversée», en langage technique, des parois de l’enceinte de confinement, ultime protection en cas d’incident pour éviter un rejet de radioactivité dans l’atmosphère.

Pour pouvoir commencer les travaux de réparation, EDF doit maintenant faire valider par l’ASN la technologie mise en œuvre par le robot qui va procéder à la reprise des soudures. Cette homologation s’annonce longue d’autant plus que la confiance entre l’ASN et EDF a disparu depuis plusieurs années.

EDF espère que le chargement de l’uranium nécessaire à la fission nucléaire sera réalisé à la fin de l’année 2022. «Cela nous permet de bénéficier de marges administratives supplémentaires par rapport au planning industriel», a expliqué EDF, interrogé par l’Agence France-Presse. Mais il se pourrait bien que cette opération soit encore une fois retardée. La date limite de 2024 pour changer le couvercle de la cuve du réacteur fait qu’il est difficile d’imaginer une entrée en service pour seulement quelques mois

La rédaction