Transitions & Energies

Les neuf facteurs clés des marchés de l’énergie en 2024


Pour le cabinet d’analyses et de conseils Rystad Energy, l’année 2024 s’annonce à nouveau cruciale dans le monde de l’énergie. Il met en avant neuf tendances majeures :

-la géopolitique aura plus que jamais un impact majeur sur le prix du pétrole,

-le gaz naturel continuera à servir d’énergie fossile de transition,

-le mouvement de fusions, acquisitions et concentrations va continuer dans l’industrie pétrolière comme dans celle des renouvelables,

-les projets de développement à grande échelle de l’hydrogène vont décoller,

-la croissance ralentie du pétrole de schiste américain, une bonne nouvelle pour l’OPEP,

-le développement des renouvelables va continuer à battre des records,

-un cartel du type OPEP+ pourrait bien voir le jour dans le domaine des produits pétroliers raffinés,

-la crise de l’éolien marin n’est pas terminée mais les perspectives redeviennent favorables,

-la production d’électricité à partir du charbon pourrait commencer à décliner avec le ralentissement de la croissance économique en Asie.

« L’année dernière a été une année charnière pour le monde de l’énergie. Les capacités des énergies renouvelables ont augmenté rapidement, étant capables pour la première fois de répondre à la croissance de la demande mondiale d’électricité… La demande mondiale de charbon a très probablement atteint son maximum en 2023 et les technologies d’énergie propre sont désormais plus abordables que les alternatives aux combustibles fossiles dans la plupart des régions du monde. Les combustibles fossiles resteront toutefois une composante importante du bouquet énergétique au cours des prochaines décennies… Pour autant, le déploiement des énergies renouvelables connaît également des contretemps comme l’inflation des coûts observée dans le secteur de l’énergie éolienne marine. Les gouvernements devront intensifier leur action pour remettre ce secteur sur les rails… », écrit Rystad Energy.

  1. La géopolitique aura plus que jamais un impact majeur sur le prix du pétrole

Cette année, pas moins de 4,2 milliards de personnes dans le monde seront confrontées à d’éventuels changements politiques avec des élections générales dans plus de 70 pays. Les résultats de ces élections auront un impact significatif sur les politiques nationales, les développements géopolitiques et… les marchés pétroliers. L’avenir du soutien des États-Unis à l’Ukraine, les ambitions de l’Union Européenne en matière de politique climatique, les tensions en mer de Chine, les frictions commerciales entre la Chine et l’Occident et les conflits en cours au Moyen-Orient menacent tous de fortement perturber le marché pétrolier.

  1. Le gaz naturel continuera à servir d’énergie fossile de transition

Le gaz naturel restera en 2024 une réponse au fameux trilemme énergétique. Comment concilier sécurité, accessibilité financière et durabilité. La production mondiale de gaz devrait augmenter de 3% pour atteindre 130 milliards de mètres cubes (Gm3) cette année. Les investissements dans les nouveaux projets de GNL (Gaz naturel liquéfié) devraient ralentir par rapport à 2023 mais rester à un niveau élevé. Le gaz jouera un rôle déterminant dans la transition énergétique, en particulier dans le secteur de l’électricité. Il est le complément idéal des renouvelables intermittents (éolien et solaire).

  1. Le mouvement de fusions, acquisitions et concentrations va continuer dans l’industrie pétrolière comme dans celle des renouvelables

La concentration de l’industrie pétrolière et gazière en amont (production) s’étendra à la chaîne d’approvisionnement en 2024 (exploration, raffinage, distribution…). Avec la baisse des taux d’intérêt, les flux de trésorerie élevés encouragent les fournisseurs à se lancer dans des acquisitions stratégiques. Cela est le cas pour les services pétroliers et les énergies décarbonées. Procéder à des acquisitions financières de capacités s’avère moins coûteux que la croissance interne compte tenu du pic d’activité dans l’industrie pétrolière et gazière en 2024 et des capacités excédentaires dans les énergies dites décarbonées, éolien et solaire plus particulièrement.

  1. Les projets de développement à grande échelle de l’hydrogène vont décoller

Le décollage à grande échelle de la filière de l’hydrogène vert ou décarboné va prendre forme. Les politiques en faveur du développement de l’hydrogène arrivent à maturité en Europe, en Asie et aux États-Unis et les premiers projets à l’échelle commerciale au Moyen-Orient, en Australie et en Afrique se concrétisent. L’année 2024 devrait marquer un tournant. Plusieurs études de faisabilité essentielles seront achevées, mettant en avant de nouvelles opportunités pour la consommation d’hydrogène. Cette année une série d’appels d’offre sur des marchés de l’hydrogène seront menés un peu partout dans le monde et permettront d’avoir une vision bien plus claire des prix, des avancées technologiques et des nouveaux leaders industriels du secteur.

  1. La croissance ralentie du pétrole de schiste américain, une bonne nouvelle pour l’OPEP

La production de pétrole de schiste américain tout comme les investissements dans cette industrie ne devraient pas augmenter aussi rapidement que les années précédentes. Cela permettra à l’OPEP de contrôler plus efficacement l’offre sur le marché pétrolier et de réussir, peut-être, à faire monter durablement les prix.

  1. Le développement des renouvelables va continuer à battre des records

Cette année devrait voir de nouveaux records battus avec l’ajout de plus de 510 GW de capacités de production électrique solaire photovoltaïque et éolienne dans le monde. Cela permettra de couvrir la majeure partie de la croissance de la demande d’électricité et donc de limiter le recours à la production à partir de combustibles fossiles.

  1. Un cartel du type OPEP+ pourrait bien voir le jour dans le domaine des produits pétroliers raffinés

La capacité de raffinage pétrolier combinée de la Chine, des pays du Moyen-Orient et de la Russie s’élève maintenant à environ 38 millions de barils par jour. Elle a dépassé celle de l’Amérique du Nord et de l’Europe. Compte tenu de la dépendance européenne et américaine pour ses produits raffinés, faute d’investissements dans cette industrie, la mise en place d’un cartel, semblable à l’OPEP+, pourrait bien prendre forme.

  1. La crise de l’éolien marin n’est pas terminée mais les perspectives redeviennent favorables

L’année 2023 a été catastrophique pour l’industrie éolienne marine touchée de plein fouet par l’inflation, la hausse des taux d’intérêt et des problèmes permanents de chaîne d’approvisionnement. Cela a conduit à mettre à mal l’équilibre économique de bon nombre de projets, à des abandons et à des renégociations difficiles quand cela était possible. Même si l’année 2024 n’apportera pas de remède miracle, les autorités ont pris conscience des difficultés de cette industrie et améliorent les conditions des appels d’offre. Dans le même temps, l’inflation ralentit.

  1. La production d’électricité à partir du charbon pourrait commencer à décliner avec le ralentissement de la croissance économique en Asie

La production mondiale d’électricité à partir de charbon pourraient enfin diminuer en 2024. Rystad Energy prévoit que la production d’électricité à partir de charbon diminuera de 33,7 térawattheures (TWh), soit une baisse de 0,3%, du fait du ralentissement en Asie des mises en chantier de nouvelles centrales au charbon. La Chine, l’Inde et l’Indonésie restent les principaux consommateurs de charbon, mais dans ces pays on assiste à la fois à la montée en puissance des nouvelles installations renouvelables et au vieillissement des centrales au charbon.

La rédaction