Le dispositif dit du leasing « social » de voitures électriques, permettant aux ménages modestes avec des aides importantes de l’Etat d’acquérir un véhicule électrique neuf, a été expérimenté en 2024. Devant son succès inattendu, son coût pour les finances publiques et les multiples dysfonctionnements administratifs, il avait été arrêté au bout de six semaines. Il avait notamment mis en difficulté de nombreuses concessions automobiles qui avaient avancé jusqu’à 13.000 euros par véhicule vendu et avaient attendu des mois avant d’être remboursées…
Cette année, promis, juré, les pouvoirs publics sont mieux préparés. Le dispositif a fait son retour le 30 septembre… mais rien ne sert de se précipiter. Compte tenu du battage publicitaire fait depuis des semaines par les constructeurs, des réservations qu’ont organisé les concessionnaires et du nombre limité à 50.000 véhicules du dispositif, ceux qui seraient aujourd’hui intéressés devront attendre l’année prochaine… Si le dispositif existe encore.
Les voitures électriques se vendent surtout… avec des aides et autres subventions
En tout cas, le leasing « social » apporte une fois de plus la démonstration que les voitures électriques se vendent en nombre quand elles sont soutenues par des aides et des subventions massives. Le meilleur exemple en est donné par la Norvège, le pays champion du monde des ventes de véhicules électriques qui ont représenté l’an dernier près de 90% du marché du neuf. Explication : des aides tellement importantes que les véhicules électriques sont moins chers à l’achat que leur équivalent thermique. Et elles sont financées notamment par les exportations records de pétrole et de gaz du pays…
Pour en revenir au leasing « social » à la française, il offre cette année quelques différences avec le dispositif de 2024 avec 5.000 voitures réservées aux personnes vivant ou travaillant dans les fameuses zones à faibles émissions (ZFE) des grandes métropoles… que l’Assemblée a supprimé. L’enveloppe prévue de 370 millions d’euros doit pouvoir financer le leasing « social » de 50.000 voitures. En 2024, l’administration avait prévu initialement la vente de 20 à 25.000 véhicules avec ce dispositif et l’avait arrêté en catastrophe au bout de six semaines avec 50.000 commercialisations. Les 370 millions d’euros sont cette fois financés. Et ils ne le sont pas directement par le budget de l’Etat mais via les certificats d’économie d’énergie (CEE) payés par les fournisseurs d’énergie. C’est-à-dire en fait par les factures des consommateurs…
Revenu fiscal de référence inférieur ou égal à 16.300 euros
Toutes les offres proposées pour une durée d’au moins 3 ans sont à moins de 200 euros par mois et même à 95 euros pour les moins chères afin de tenir la promesse électorale, un tantinet démagogique, d’Emmanuel Macron en 2022 d’avoir des voitures électriques à 100 euros par mois. Mais attention tout de même, ces sommes ne prennent pas en compte les options des véhicules, les assurances et les frais d’entretien.
Concrètement, tout demandeur, majeur et domicilié en France, doit avoir un revenu fiscal de référence inférieur ou égal à 16.300 euros par part (c’était 15.400 euros en 2024) et aller travailler en voiture à plus de 15 km de chez lui, ou faire plus de 8.000 km par an avec sa voiture personnelle dans le cadre de son activité professionnelle. Il ne faut pas avoir bénéficié du dispositif en 2024 et, cette fois, le dispositif sera ouvert à l’outre-mer. Un simulateur mis en ligne par le ministère de la Transition écologique permet aux potentiels acquéreurs de tester leur éligibilité et de consulter la liste des modèles concernés; Ils sont d’une douzaine de marques (Peugeot, Citroën, Renault, Volkswagen, Fiat, Skoda, Ford…).
Un dispositif pas forcément reconduit en 2026
Le leasing « social » est en fait d’ores et déjà quasiment bouclé. Les constructeurs ont fait le forcing dans un marché automobile anémié pour en profiter et écouler ainsi leurs modèles électriques d’entrée de gamme. Ainsi, Renault avait déjà enregistré au 30 septembre « plusieurs milliers » de dossiers pré-validés dans ses concessions. Les clients n’avaient plus alors qu’à valider leur demande sur la plateforme du gouvernement qui a été mise en ligne le 30 septembre. Il faudra qu’elle soit capable de faire face à l’afflux pendant plusieurs jours de demandes d’enregistrement. La plupart des experts estime qu’après 5 à 10 jours ouvrables le seuil des 50.000 véhicules neufs vendus sera atteint.
Il faudra alors attendre l’an prochain pour essayer d’en profiter si le leasing « social » existe encore en 2026. Rien n’est moins sûr. L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) a indiqué, lors d’une présentation du dispositif quelques jours avant son lancement, qu’il n’y a « pas d’engagement sur le fait de reconduire l’opération chaque année ».