Transitions & Energies
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Si l’inflation ralentit, c’est avant tout grâce au reflux des prix de l’énergie


L’épisode de renaissance de l’inflation qu’a connu le monde depuis près de deux ans est avant tout la conséquence de l’envolée des prix de l’énergie qui s’est diffusée rapidement à l’ensemble des économies en dépit des aides publiques souvent massives. Logiquement, le reflux des prix de l’énergie (surtout du gaz et du charbon) depuis la fin de l’année dernière et l’augmentation de leur taux d’intérêt par les banques centrales se traduisent par un ralentissement partout dans le monde de la hausse des prix.

L’énergie étant au cœur de toute activité économique et 99% du Pib pouvant se traduire par des transferts d’énergie, toute augmentation du prix de l’énergie crée une inflation dite par les coûts rapidement généralisée et donc un appauvrissement généralisé. Et cela même si les gouvernements tentent d’en limiter les conséquences à coups de subventions et d’aides. La raison en est simple tout ce que nous consommons, fabriquons, utilisons… consomme de l’énergie. L’erreur serait de considérer que finalement l’énergie ne représente que 5% du Pib. Mais sans ses 5%, il n’y aurait presque rien des 95% restant. En plus, facteur aggravant dans le développement de l’inflation, les énergies sont difficilement substituables et pour y parvenir il faut beaucoup de temps, la maîtrise de nouvelles technologies et des investissements considérables. C’est toute la difficulté de la transition énergétique.

-76% pour le gaz naturel, -63% pour le charbon et -15% pour le pétrole

Au sein même des carburants fossiles, qui rappelons-le représentaient 82% de la consommation d’énergie primaire dans le monde l’an dernier, les possibilités de substitution sont limitées. Les centrales à gaz ne peuvent pas fonctionner, pour la plupart, avec du charbon ou du fioul lourd.

En tout cas, le reflux depuis la fin de l’année dernière, depuis novembre 2022, des cours du gaz naturel (-76% en Europe pour le Dutch TTF), du charbon (-63% la tonne aux Etats-Unis) et dans une moindre mesure du pétrole (-15% pour le baril de qualité Brent), est la principale cause du ralentissement de l’inflation dans le monde comme l’a expliqué au début de la semaine le chef économiste du Fonds monétaire international (FMI), Pierre-Olivier Gourinchas. « Nous pensons que si nous avons ce recul de l’inflation, cela tient pour beaucoup à la baisse des prix de l’énergie et aussi en partie au ralentissement de l’activité mondiale, donc c’est indirectement aussi un effet du resserrement monétaire » a déclaré M. Gourinchas. Il ajouté que la baisse des prix de l’énergie n’est pas « tellement liée à la politique monétaire mais plutôt au fait que la crise énergétique est, dans une certaine mesure, derrière nous ».

Inflation à moins de 5% en France

La perspective d’inflation à l’échelle mondiale été révisée à la baisse par le FMI pour 2023, à 6,8% contre 7% lors de sa précédente estimation en avril, c’est principalement lié au ralentissement de la hausse des prix en Chine, qui devrait connaître une inflation très faible de 1,1% en 2023. « Il s’agit du seul pays au monde actuellement où l’inflation se trouve en dessous de sa cible [de 2%] », a souligné le chef économiste du FMI. Aux Etats-Unis, l’inflation est tombée à 3% en juin.

En France, pour la première fois depuis un an l’inflation est descendue en juin sous les 5% en rythme annuel à 4,5% selon le chiffre définitif de l’Insee. La hausse des prix était de 5,9% en avril et de 5,1% en mai. Ce reflux s’explique avant tout par celui des prix de l’énergie, en baisse de 3% en juin. Dans le détail, selon l’Insee, « la baisse des prix des produits pétroliers est plus marquée que celle du mois précédent (‑17,2 % après ‑9,7 %) en raison d’un « effet de base » (ils avaient fortement augmenté en juin 2022). Les prix du gazole reculent de nouveau (‑18,8 % après ‑11,3 %), tout comme ceux de l’essence (‑11,3 % après ‑2,4 %) et des combustibles liquides (‑30,7 % après ‑24,6 %). Les prix des combustibles solides ralentissent (+28,7 % après +32,9 %) ainsi que ceux de l’électricité (+10,1 % après +11,3 %), tandis que ceux du gaz accélèrent légèrement (+22,0 % après +21,6 %) ».

Toujours en juin, dans les 20 pays de la zone euro, l’inflation moyenne est tombée à 5,5% contre 6,1% en mai, le septième mois de recul de l’inflation sur les huit derniers mois. Elle était encore à 8,5% en février.

Inflation moyenne en Europe en pourcentages, source Banque Centrale Européenne.

La rédaction