En matière d’énergie, le programme de Donald Trump peut se résumer à « drill, baby drill » (fore, chéri fore), un slogan historique du parti républicain plus que favorable aux énergies fossiles. L’idée étant, plus les Etats-Unis produisent de pétrole et de gaz, moins l’énergie est chère et plus le pays est indépendant.
Un raisonnement simpliste qui se heurte à plusieurs réalités différentes. D’abord, le poids d’Elon Musk dans le camp Trump qui fait, par exemple, que les critiques virulentes contre les véhicules électriques qualifiés « d’anti-américains » ont disparu. Ensuite, le potentiel pétrolier est limité. Les Etats-Unis sont redevenus, grâce au pétrole de schiste, le premier producteur au monde d’or noir, mais ils ne pourront pas extraire beaucoup plus de pétrole de leur sous-sol à moins d’investir massivement ce qui sur le plan économique ne fait pas beaucoup de sens avec des cours du baril faibles, autour de 70 dollars. Le prix de revient de la production de pétrole de schiste est très élevé, supérieur en moyenne à 50 dollars le baril.
Depuis 2015, le gaz a représenté l’essentiel de l’augmentation de la, production fossile aux Etats-Unis
Tout cela explique pourquoi la croissance de la production d’énergie fossile aux Etats-Unis depuis 2015 est surtout le fait du gaz. Dans une étude récente, la banque Standard Chartered explique que la production américaine de pétrole et de gaz est aujourd’hui d’environ 40,7 millions de barils équivalent pétrole par jour. Cette production de pétrole et de gaz a augmenté en moyenne d’environ 123.000 barils par jour, par mois, depuis 2015. Et 42% de cette augmentation provient du gaz naturel, 29% du GNL (Gaz naturel liquéfié) et seulement 29% du pétrole brut. Pour Standard Chartered, la part du pétrole brut dans la prochaine augmentation de production d’hydrocarbures afin de répondre à la croissance de la demande et aux souhaits de l’administration Trump, estimés à 3 millions de barils par jour, sera assurée à moins de 20% par du pétrole.
Les Etats-Unis au coude à coude avec le Qatar pour exporter le GNL
Le potentiel du gaz de schiste est bien plus important que celui du pétrole de schiste tout comme les besoins solvables. Les Etats-Unis ont été l’an dernier les premiers exportateurs mondiaux de GNL (Gaz naturel liquéfié) et une fois levées les restrictions imposées par l’administration Biden sur les futurs développements, ils pourraient le rester au coude à coude avec le Qatar. Sachant que le Qatar a lancé des investissements considérables qui pourraient lui permettre de presque doubler ses capacités de production et d’exportation de GNL. Pour la banque d’investissement Morgan Stanley, les capacités américaines d’exportation de GNL pourraient ainsi augmenter de 85% d’ici 2030.
Les Européens ont des besoins considérables de GNL pour remplacer le gaz russe et aux Etats-Unis même les besoins d’électricité augmentent très rapidement et nécessitent la construction de centrales à gaz. Ne serait-ce que pour alimenter les data centers indispensables au développement de l’intelligence artificielle (IA). Les renouvelables éoliens et solaires et le nucléaire offrent bien une alternative, en plus décarbonée, mais pour les premiers avec une production intermittente qui nécessite d’avoir des équipements de production capables de prendre le relais quand il n’y a pas de vent et de soleil, et pour le nucléaire, la construction des réacteurs, même de petits réacteurs modulables (SMR) demande de nombreuses années et ne sera pas au rendez-vous de la demande.
Augmentation sans précédent de la demande d’électricité
Pour Morgan Stanley, le marché américain du gaz naturel est donc sur le point d’entrer dans un nouveau cycle de croissance. La banque d’investissement considère dans une note récente que ce que la cabinet McKinsey appelle la quatrième révolution industrielle, l’IA, va se traduire par une croissance sans précédent de la demande d’électricité aux États-Unis et dans le monde. Pour la première fois depuis des décennies, la demande d’électricité aux États-Unis devrait augmenter de plus de 15% d’ici 2035.
L’administration Trump a une stratégie économique et énergétique claire. Scott Bessent, futur secrétaire au Trésor, l’a exprimé au cours d’une conférence récente au Manhattan Institute. Il a mis en avant les trois objectifs suivants : une croissance économique de 3%, une réduction du déficit budgétaire de 3% du PIB d’ici la fin de l’administration (d’ici 2028) et « trois millions d’équivalents barils de pétrole supplémentaires par jour produits sur le sol américain ».