Transitions & Energies

Qatar, toujours plus de GNL et toujours plus de navires pour le transporter


L’émirat qui développe à marches forcées ses capacités de production et d’exportation de Gaz naturel liquéfié (GNL), dont les besoins en Asie et en Europe ne cessent de grandir, vient de passer une commande record de 18 méthaniers géants. QatarEnergy a conclu un accord de six milliards de dollars avec le chantier naval chinois China State Shipbuilding Corporation, le plus important jamais signé dans ce domaine. Les capacités de production et d’exportation de GNL du Qatar devraient presque doubler d’ici 2030 et lui donner 25% du marché mondial.

L’appétit dans le monde pour le Gaz naturel liquéfié (GNL) ne se tarit pas, que ce soit en Europe et surtout en Asie. Et le grand bénéficiaire de cela est le Qatar dont les projets de développement de ces capacités de production et d’exportation sont accélérés. Et même s’il a perdu l’an dernier sa place de premier exportateur mondial de GNL (Gaz naturel liquéfié), supplanté par les Etats-Unis et même dépassé par l’Australie, l’avenir énergétique et politique du Qatar reste radieux. De nouvelles et très importantes capacités vont être mises en service dans les toutes prochaines années et la flotte de méthaniers pour les transporter va être considérablement renforcée.

Une note de crédit relevée au début de l’année

Ce n’est pas pour rien si l’agence de notation Moody’s a relevé au début de l’année la note de crédit de l’émirat à Aa2, le troisième niveau le plus élevé, l’équivalent de celles de de la France ou de la Corée du sud. Pour un pays qui compte un peu plus de 3 millions d’habitants et 300.000 citoyens… Il faut dire que les perspectives économiques et financières du Qatar sont brillantes et que selon Moody’s les hydrocarbures assurent 44% du PIB du pays.

Premier exportateur mondial de GNL entre 2011 et 2022, le Qatar vient de connaître une éclipse très passagère et devrait retrouver assez rapidement sa première place. Il va aussi bénéficier de la réticence environnementale de l’administration Biden à poursuivre le développement des exportations américaines de GNL et à l’instauration récente d’un moratoire sur la construction de nouveaux terminaux. Mais ce sont surtout les projets spectaculaires de développement de ses capacités de production, les plus importants au monde, qui vont lui permettre de redevenir le numéro un. Il s’agit des champs nord, précisément North field east et North field south, du plus important gisement de gaz au monde que le Qatar partage dans le Golfe persique avec l’Iran. Le champ North Field contient environ 10% des réserves de gaz naturel connues dans le monde

Presque un doublement des capacités de production d’ici 2030

La première phase de développement des champs North field east et North field south doit permettre d’augmenter la capacité de production du Qatar de 43%, passant de 77 à 110 millions de tonnes par an d’ici 2025. La deuxième phase fera passer d’ici 2027 la capacité de production de 110 à 126 millions de tonnes, soit une augmentation totale de 64%… Et il y aura encore une étape supplémentaire avec des capacités devant atteindre 142 millions de tonnes d’ici 2030. Selon les calculs de l’agence Bloomberg, cela devrait augmenter les revenus de l’émirat de plus de 30 milliards de dollars par an et selon l’agence Reuters lui donner 25% du marché mondial du GNL.

Et il faudra bien transporter ce GNL supplémentaire. Voilà pourquoi QatarEnergy a conclu un accord de six milliards de dollars avec un chantier naval chinois pour la construction de 18 méthaniers géants, le plus important contrat jamais conclu dans ce domaine. Huit des navires construits par la China State Shipbuilding Corporation (CSSC) seront livrés en 2028 et 2029 et les dix autres en 2030 et 2031. Les méthaniers seront construits sur le chantier naval de Hudong- Zhonghua et auront une capacité de 271.000 mètres cubes chacun. Depuis 2022, les plans d’expansion de la flotte de méthaniers qatarie se succèdent pour un total de 104 nouveaux navires de toutes tailles.

Une multitude d’accords de très long terme avec des groupes énergétiques

Les pays asiatiques, notamment la Chine, le Japon et la Corée du Sud, sont les principaux acheteurs du gaz qatari, mais la demande a également fortement augmenté en Europe depuis que l’invasion de l’Ukraine a réduit drastiquement les importations de gaz russe par les pays européens.

Pas moins d’une vingtaine de pays ont maintenant signé des contrats d’approvisionnement en GNL avec Doha. Et au cours des derniers mois, le Qatar a conclu de nouveaux accords de très long terme (près de trente ans) avec le chinois Sinopec, le français TotalEnergies, le britannique Shell, l’indien Petronet et l’italien Eni…

La rédaction