Transitions & Energies

Le gouvernement a enfin réussi à trouver un successeur à Jean-Bernard Lévy à la tête d’EDF


Luc Rémont devrait devenir le Directeur général opérationnel du groupe public. Cet ancien haut fonctionnaire passé dans le privé a travaillé dans le passé avec Bruno Lemaire, le ministre de l’Economie, et Alexis Kohler, le secrétaire général de l’Elysée. Il devrait se montrer bien plus docile que l’actuel Pdg d’EDF sur le départ, Jean-Bernard Lévy. Luc Rémont devrait former un duo avec Marianne Laigneau qui deviendrait présidente non exécutive d’EDF. Elle dirige actuellement Enedis.

Emmanuel Macron et Elisabeth Borne vont pouvoir enfin se «débarrasser» d’un dirigeant d’entreprise publique qui refuse de prendre sur lui la responsabilité de l’affaiblissement de la filière nucléaire française. Sur le départ, Jean-Bernard Lévy, le Pdg d’EDF a soudain abandonné la prudence et la langue de bois et a dénoncé vertement la responsabilité des pouvoirs publics dans la situation très difficile, financièrement et humainement, dans laquelle se trouve l’entreprise qu’il dirige. Il a notamment fin août et publiquement souligné les injonctions contradictoires données par l’Etat à EDF qui rendent sa gestion impossible. A savoir fermer 12 réacteurs nucléaires, en plus des deux de Fessenheim, dans les prochaines années, comme l’annonçait encore Emmanuel Macron il y a deux ans ou relancer un programme de construction de centrales comme le même Emmanuel Macron l’a déclaré au début de l’année. Sans que depuis beaucoup de précisions aient été données…

Le changement de patron à la tête d’EDF devait intervenir en mars prochain mais a été accéléré notamment quand Jean-Bernard Lévy a tenté de s’opposer à ce qu’EDF prenne à sa charge le bouclier tarifaire, à savoir l’engagement du gouvernement de limiter à 4% cette année la hausse pour les particuliers des prix de l’électricité. Cela devrait se traduire par un coût de plus de 10 milliards d’euros pour EDF dont l’endettement comptable s’élevait fin 2021 à 43 milliards d’euros. Mais sa dette économique, qui comprend des engagements hors bilan importants (retraites, maintenance du parc nucléaire…), pourrait, selon les calculs de Standard & Poor’s, atteindre 96 milliards d’euros à la fin de l’année. D’où la renationalisation de l’entreprise annoncée le 6 juillet dernier pour éviter une quasi-faillite et la décision du gouvernement de changer de direction à la tête de l’entreprise.

Beaucoup de patrons potentiels ont refusé

Le gouvernement s’est donc mis en chasse cet été d’un nouveau Pdg pour l’entreprise publique, ce qui n’a pas été chose facile. La plupart des patrons potentiels approchés ont refusé. La rémunération pour diriger une entreprise publique n’est pas suffisamment attractive et surtout redresser EDF sous les injonctions contradictoires d’un Etat à la stratégie floue et dictée la plupart du temps par des calculs politiques à courte vue est une tâche impossible.

La solution s’appelle Luc Rémont, responsable des affaires internationales de Schneider Electric, qui deviendrait directeur général d’EDF. Une information donnée par BFM Business et mollement démentie au ministère de l’Economie et des Finances où on assure que la décision n’a pas encore été prise. «Luc Rémont est un très bon candidat mais aucune décision n’a été prise à ce stade», a déclaré une source au ministère.

Luc Rémont aurait les faveurs du ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, mais c’est au président de la République Emmanuel Macron que revient le choix final.

Un grand commis de l’Etat passé dans le privé

Luc Rémont devrait former un duo avec un président, en l’occurrence une présidente pour respecter la parité. Cette présidente non exécutive pourrait être Marianne Laigneau, la patronne d’Enedis, qui était en concurrence avec Luc Rémont pour le poste de DG. Ce duo permettrait aussi l’équilibre entre un dirigeant de l’externe, Luc Rémont, et une de l’interne, Marianne Laigneau. Enedis étant le distributeur d’électricité d’EDF.

Luc Rémont coche toutes les cases des grands commis de l’Etat passé dans le privé, le réseau, les ministères et la finance… mais n’a aucune compétence en matière industrielle et nucléaire. Polytechnicien (promotion 1988) et diplômé de L’École nationale supérieure de techniques avancées, il a débuté sa carrière en 1993 en tant qu’ingénieur à la direction générale pour l’armement. Trois ans plus tard, il intègre le ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie, où il évoluera à de nombreux postes.

Au début des années 2000, il travaille ainsi au sein de l’Agence des Participations de l’Etat et suit alors les entreprises publiques de transport -comme la SNCF et la RATP, avec un certain Alexis Kohler, aujourd’hui secrétaire général de l’Elysée. Il a été ensuite directeur adjoint au cabinet des ministres des Finances de 2002 à 2007 (Francis Mer, Nicolas Sarkozy, et Thierry Breton) et s’est notamment occupé de la privatisation d’EDF qui a tourné au fiasco que l’on connait… Il avait croisé alors la route du directeur de cabinet du Premier ministre, Dominique de Villepin, un certain Bruno Le Maire, actuel ministre de l’Economie.

Il a ensuite été patron de Bank of America Merrill Lynch en France, prenant la suite de Marc Pandraud, juste après la crise financière de 2008 et le rachat de Merrill Lynch par Bank of America. En 2014, il rejoint Schneider Electric dont il dirige aujourd’hui les opérations internationales aux côtés du Pdg, Jean-Pascal Tricoire.

 

 

 

 

La rédaction