Transitions & Energies
Nord Stream 2

Les gazoducs Nord Stream 1 et 2 ont été sabotés


En deux jours, il y a eu trois fuites très importantes et totalement inhabituelles en mer Baltique provenant de Nord Stream 2 puis de Nord Stream 1, qui relient la Russie à l’Allemagne. Les deux gazoducs ne sont pas opérationnels en ce moment, mais étaient remplis de gaz. Des explosions auraient précédé l’apparition des fuites. Compte tenu des dégâts qu’ils ont subi, il est difficile d’imaginer une reprise à court et même moyen terme des livraisons de gaz russe par ses gazoducs.

Les gazoducs Nord Stream 1 et 2 reliant la Russie à l’Allemagne via la mer Baltique sont au cœur de la crise énergétique qui secoue l’Europe depuis la fin de l’année dernière. Les livraisons qui passent par Nord Stream 1 n’avaient cessé de décliner, bien avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février, et plus encore ensuite du fait notamment de «problèmes techniques». En fait, de mesures de rétorsion russes après les sanctions économiques européennes. Nord Stream 1 est totalement arrêté depuis la fin du mois d’août. Quant à Nord Stream 2, il n’est tout simplement jamais entré en service cette année comme prévu. Il devait doubler les capacités directes d’importation de gaz russe par l’Allemagne.

Trois fuites inexpliquées en deux jours

Les deux gazoducs ont été tous deux subitement touchés au cours des dernières heures par trois fuites inexpliquées de grande ampleur en mer Baltique, ont annoncé les autorités danoises et suédoises. Au lendemain de la découverte le 26 septembre d’une fuite dans le gazoduc Nord Stream 2, Nord Stream 1 a été à son tour affecté le 27 septembre par deux fuites simultanées.

Les fuites étaient si importantes qu’elles ont été détectées par les radars des navires se trouvant à proximité selon les gardes côtes suédois. Du coup, la thèse d’un sabotage est considérée comme la seule vraisemblable d’autant plus que des explosions auraient précédé l’apparition des fuites. Les autorités allemandes n’ont pas fait de commentaires officiels. Mais, selon une source proche du gouvernement allemand, citée par le quotidien allemand Tagesspiegel, «il est difficile d’y voir une coïncidence». «Nous ne pouvons pas imaginer un scénario qui ne soit pas une attaque ciblée», a souligné cette source. Pour la Première ministre danoise, Mette Frederiksen, «c’est inhabituel d’avoir trois fuites à distance les unes des autres. Par conséquent, il est difficile d’imaginer que c’est accidentel».

Sans surprise, les prix du gaz ont augmenté après l’annonce de cette information. Le contrat à terme du TTF néerlandais, référence du gaz naturel en Europe, a gagné environ 10% à 191,390 euros le mégawattheure (MWh).

Au même moment ou presque, la Pologne, la Norvège et le Danemark inauguraient mardi 27 septembre un gazoduc qui permettra aux Polonais et aux Européens de se rendre à terme plus indépendants des livraisons russes. «L’époque de la domination russe dans le domaine du gaz prend fin, l’époque qui était marquée par le chantage, des menaces et des extorsions», a déclaré le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki lors de l’inauguration de Baltic Pipe, qui a une capacité de 10 milliards de mètres cubes de gaz par an. «Les événements très préoccupants d’hier avec les fuites de Nord Stream 1 et 2 soulignent l’urgence d’accroître notre sécurité énergétique en Europe», a ajouté la Première ministre danoise, Mette Frederiksen qui participait à la cérémonie.

Nord Stream 1 et Nord Stream 2 ne sont pas opérationnels mais étaient remplis de gaz

Nord Stream 1 et Nord Stream 2 sont exploitées par un consortium dépendant du géant russe Gazprom et ne sont pas opérationnels. Mais ils étaient toutes deux encore remplis de gaz.

Un porte-parole de l’autorité maritime suédoise a confirmé la détection des deux fuites sur Nord Stream 1, localisées comme pour Nord Stream 2 au large de l’île danoise de Bornholm. Les fuites de Nord Stream 1 se sont produites hors des eaux territoriales mais se trouvent pour l’une dans la zone économique exclusive du Danemark et l’autre dans celle de la Suède. Les fuites sont telles qu’il n’est pas possible aujourd’hui d’imaginer le temps qu’il faudrait pour réparer les gazoducs. Il est donc difficile d’imaginer à court et même moyen terme la livraison par ses gazoducs de gaz russe.

Tout comme pour la fuite constatée la veille sur Nord Stream 2, des mesures de sécurité ont été prises. «Les fuites de gazoducs sont extrêmement rares et nous voyons donc une raison d’augmenter le niveau de vigilance à la suite des incidents auxquels nous avons assisté au cours des dernières 24 heures», a expliqué dans un communiqué le directeur de l’Agence danoise de l’énergie, Kristoffer Böttzauw, promettant «une surveillance approfondie des infrastructures critiques du Danemark». La navigation dans un rayon de cinq milles nautiques (environ 9 kilomètres), ainsi que leur survol dans un rayon d’un kilomètre sont interdits.

La rédaction