Transitions & Energies
Usine de gaz liquéfié en Alaska ConocoPhilips

Gaz naturel liquéfié, le méga projet Artic LNG 2 obtient 9,5 milliards d’euros de financements


La pénurie de gaz naturel dans le monde et notamment de gaz naturel liquéfié (GNL) dope les projets de développement de cette source d’énergie fossile. Elle est considérée par de nombreux pays dont la Chine, les Etats-Unis ou l’Allemagne comme étant le meilleur moyen de se passer rapidement du charbon. Les centrales à gaz sont aussi aujourd’hui un moyen de compenser l’intermittence de production des renouvelables éoliens et solaires.

Parmi les énergies fossiles, le gaz naturel a longtemps été dans l’ombre du pétrole et charbon. Il sera pourtant celle qui devrait continuer le plus longtemps à se développer et à être utilisée massivement pour produire de l’électricité, de la chaleur et de l’hydrogène combiné avec la capture du CO2. Le gaz naturel est considéré aujourd’hui dans de nombreux pays comme un carburant de transition et pourrait même être considéré, sous la pression allemande, comme une énergie durable par l’Union Européenne. Ce qui est tout de même plus que contestable. En tout cas, Il bénéficie de ressources potentiellement très abondantes, de pouvoir être transporté facilement via des gazoducs ou en étant liquéfié. Et il émet tout de même deux fois moins de CO2 que le charbon.

Pénurie et envolée des prix

Mais le monde manque aujourd’hui de gaz naturel. L’envolée des prix au cours des derniers mois illustre le fait que l’offre est incapable de satisfaire la demande, faute notamment d’investissements. Il n’y a tout simplement pas assez de gaz sur le marché pour alimenter la reprise de l’économie mondiale et pour reconstituer les stocks avant l’arrivée de l’hiver. Cela est notamment le cas pour GNL (Gaz naturel liquéfié) qui a connu un développement spectaculaire au cours des dernières années. Près de 45 pays comptent aujourd’hui des capacités d’importation de GNL, dernièrement la Birmanie, le Ghana ou encore le Sénégal.

Mais les producteurs de GNL ne peuvent pas suivre comme l’expliquait il y a deux mois Saad Al-Kaabi, le ministre du Qatar de l’énergie, lors d’une conférence ce mois-ci. «Nous faisons face à une forte demande de la part de tous nos clients et malheureusement, nous ne pouvons pas satisfaire tout le monde». Les exportations de producteurs américains de GNL vont eux-aussi atteindre des niveaux sans précédents cette année. La compétition pour le GNL est telle qu’au cours des dernières semaines plusieurs pays, notamment en Asie, ontessayé de surenchérir les uns sur les autres pour obtenir des approvisionnements. La Chine, le premier importateur mondiale de gaz naturel, n’a pas réussi à remplir suffisamment ses réserves et cela même si ses importations ont doublé cette année par rapport à la même période de 2020.

Novatek et TotalEnergies

C’est dans ce contexte que Arctic LNG 2, gigantesque usine de production de gaz naturel liquéfié (GNL) en construction dans l’Arctique, a annoncé le 30 novembre avoir obtenu près de dix milliards d’euros de financement de banques russes et internationales. Le projet a notamment pour actionnaires Novatek et TotalEnergies.

Arctic LNG 2 va pouvoir emprunter jusqu’à 9,5 milliards d’euros sur une période pouvant aller jusqu’à 15 ans. Sur cette somme, 2,5 milliards d’euros seront fournis par des banques chinoises, dont la Banque de développement de Chine et la Banque d’exportation et d’importation de Chine. Le groupe indique que 2,5 milliards d’euros supplémentaires seront prêtés par des institutions financières de l’OCDE. Le communiqué précise que la Banque japonaise pour la coopération internationale en fait partie, sans nommer les autres. Enfin 4,5 milliards d’euros sera fourni par les banques russes, dont Sberbank.

Une capacité de production de près de 20 millions de tonnes de GNL par an

Novatek est devenu le premier producteur et exportateur de gaz naturel liquéfié russe, notamment grâce à ses méga-projets dans l’Arctique, dont le français TotalEnergies est un partenaire privilégié.

Une première usine géante de GNL dans la péninsule de Yamal (Yamal LNG) est entrée en service en 2017. Arctic LNG 2 est le deuxième projet de cette envergure, situé dans la péninsule de Gydan, à une trentaine de kilomètres de Yamal LNG. Il est chiffré par Novatek à 21,3 milliards de dollars (18,7 milliards d’euros).

Il est prévu que le projet atteigne une capacité de production de 19,8 millions de tonnes de GNL par an grâce à trois lignes de production, en puisant dans le riche gisement de gaz d’Utrenneye à proximité. De nombreux groupes occidentaux sont impliqués, à l’instar du français Technip Energies, du suisse Glencore ou de l’allemand Siemens.

La rédaction